Psi et Philosophie

 

Comme les grandes théories scientifiques, les grandes théories philosophiques ne donnent pas de place, en-leur sein, aux phénomènes psi. Certes Platon déjà décrivait des phénomènes qui relèvent du psi, et sans aucun doute tous les philosophes ont dû lire des descriptions de phénomènes paranormaux. Mais ces phénomènes sont classés comme appartenant soit au domaine du religieux, soit au domaine de la superstition. De même qu'individuellement tout scientifique a uneopinion sur le psi, tout philosophe en a sans doute une. Mais de même que les scientifiques, en tant que collectivité, n'ont jamais permis au psi d'entrer dans la science "officielle", les philosophes, en tant que collectivité, n'ont jamais admis le psi dans la philosophie officielle. Philosophes et scientifiques se rejoignent dans une position vis-à-vis du psi faite d'indifférence, de mépris ou d'hostilité.

Les parapsychologues, comme les chercheurs de toutes disciplines, ont chacun une position philosophique plus ou moins élaborée, et peuvent éventuellement la faire intervenir plus ou moins explicitement dans leur travail. Ainsi, au début du XXe siècle, les divergences entre le français Charles Richet et la tradition anglo-saxonne, sur l'importance respective de la clairvoyance et de la télépathie, étaient dues à des prises de positions philosophiques différentes. Des parapsychologues ont aussi utilisé des références au psi pour défendre des positions philosophiques : utilisation de la précognition pour défendre le déterminisme, ou des phénomènes spirites pour attaquer le matérialisme. Mais ils sont toujours restés fidèles aux catégories de la philosophie traditionnelle. Ils n'ont pas eux-mêmes apporté à la philosophie une nouvelle théorie, ils n'ont pas fait oeuvre de philosophe.

 

Seuls quelques marginaux ont tenté de bâtir des philosophies synthétiques qui prennent en compte le psi. Mais ils n'ont trouvé aucun écho important, que ce soit du milieu des parapsychologues ou du milieu des philosophes.

La prise en compte du psi est-elle pensable dans le cadre de la philosophie telle qu'elle s'est faite jusqu'à nos jours, ou bien nécessitë-t-elle une pensée nouvelle ? Le parapsychologue peut-il se satisfaire du pragmatisme de la recherche quotidienne, ou bien doit-il se subordonner à une doctrine philosophique élaborée ? Etant donné que nous ignorons actuellement le mécanisme du psi, nous sommes réduits à poser les questions.