L'oppositîon aux phénomènes Paranormaux
Depuis la fin du XVIIIè siècle, les hommes de science sont les principaux opposants à l'étude du paranormal. L'opposition due à l'Eglise a perdu de son importance. L'opposition due à la presse n'est que le résultat de l'alignement de celle-ci sur la position des hommes de science.
L'opposition des scientifiques a souvent pris des formes dépourvues de nuances. Ainsi l'un d'eux a pu dire que la télépathie étant impossible, même le témoignage de ses propres sens ne pourrait le conduire à y croire, tandis qu'un autre a pu dire que même si les phénomènes étaient authentiques, ils ne I'intéresseraient pas. À première vue, la fermeté de cette opposition peut surprendre. Comment des scientifiques renommés peuvent-ils refuser de considérer des faits, alors que la méthode scientifique recommande d'être soumis avant tout aux faits ?
Les travaux menés par des historiens, des philosophes et des sociologues, surtout depuis le début des années 1960, à la suite de Thomas Kuhn, fournissent des réponses à ce problème. L'étude de la science telle qu'elle se fait montre qu'elle suit des voies qui ne sont pas ce que, d'après les philosophes qui ont édicté la méthode scientifique, elles devraient être. Cette "méthode scientifique" n'étant qu' un recueil de principes, peut-être fort raisonnables, mais ayant peu de rapports avec la conduite réelle de la science, il n'est plus surprenant que des scientifiques renommés semblent ne pas s'y soumettre. De plus, il devient compréhensible que tenter de suivre la "méthode scientifique", comme l'ont fait les disciplines qui étudient le paranormal, ne permette pas de parvenir à convaincre les opposants. On peut donc maintenant comprendre la fermeté de l'opposition, comme l'échec des chercheurs dans le domaine du paranormal. Peut-on trouver des remèdes ?
L'un des caractères de la science telle qu'elle se fait, mis en avant par de nombreux historiens, philosophes et sociologues, est l'importance des théories, voire leur suprématie sur les faits. Le scientifique ne peut travailler sur un fait que si celui-ci peut prendre place dans un cadre théorique. Le parapsychologue a donc intérêt à élaborer des théories dans le cadre duquel les faits qu'il étudie puissent se penser. C'est bien ce qu'il fait. Pourquoi cela ne satisfait-il pas les scientifiques ?
Il faut remarquer que, quand elles ne sont pas explicitement fondées, comme le spiritisme, sur une croyance religieuse, les théories avancées par les parapsychologues font appel à des concepts plus familiers des milieux de la philosophie que de ceux de la science. Par exemple, lors de recours à une discipline aussi apparemment exacte que la mécanique quantique, on trouve évoquer la "conscience" de l'observateur. Certes, il existe d'autres conditions, pour pouvoir être pris en considération par le monde scientifique, qu'une base théorique solide. Mais, tant que les parapsychologues n'auront à proposer aux scientifiques que des théories présupposant certaines positions philosophiques discutées, il y a peu d'espoir que l'opposition aux phénomènes paranormaux faiblisse.