Les phénomènes spirites.
Les spirites soutiennent l'existence et la survivance de l'"âme". Ils partagent cette position avec de nombreuses religions. Mais au lieu de la fonder sur la seule foi, ils font appel à des phénomènes paranormaux qui leur semblent démontrer dans les faits l'intervention d'esprits de personnes décédées. Ce sont ces phénomènes qui seront appelés ici des phénomènes spirites, tandis que l'explication qu'en donnent les spirites sera appelée l'hypothèse spirite.
Les spirites ont eu des controverses avec les milieux scientifiques, sur l'existence même des phénomènes spirites ; avec les milieux de la religion, sur le caractère divin ou diabolique des phénomènes ; à l'intérieur même du milieu spirite, par exemple sur la réincarnation ; enfin avec le milieu des métapsychistes, puis des parapsychologues. Les spirites et les parapsychologues soutiennent I'existence de facultés paranormales chez l'être humain, facultés qui en font un "sujet psi". Mais cette existence, qui constitue l'hypothèse du sujet psi, permet, pour les parapsychologue d'expliquer les phénomènes spirites sans avoir recours à l'hypothèse spirite. Au contraire, pour les spirites, certains phénomènes ne peuvent pas être expliqués par l'hypothèse du sujet psi.
Les spirites font valoir, contre l'hypothèse du sujet psi, les cas d'apparitions de personnes décédées dont I'apparence est différente de l'idée préconçue des témoins, ou qui sont perçues par des enfants, ou qui surviennent longtemps après le décès. Lors de séances spirites se présentent des esprits inconnus du médium et des assistants, et qui font preuve d'initiatives personnelles, inattendues. Ils peuvent, directement ou par I'intermédiaire du médium, écrire avec leur écriture passée, parler des langues étrangères inconnues des assistants, se matérialiser complètement. Tous ces phénomènes ne peuvent, selon les spirites, être exliqués par le seul dédoublement de personnalité du médium, associé à la télépathie.
Les spirites ont mis en avant des phénomènes assez subtils pour soutenir la présence de personnalités extérieures au monde des vivants. Lors des séances spirites, les oublis, les erreurs manifestes des esprits sont avancés comme des preuves de l'indépendance de leurs personnalités : sinon, pourquoi les sujets psi qui produiraient ces esprits auraient-ils pu commettre ces oublis et ces erreurs ? Les esprits des grands spirites s'efforcent de donner des preuves de leur survie de la façon la plue indirecte, la plus tortueuse possible, comme dans les "correspondances croisées", où des brides d'information, données à différentes époques à différents médiums, forment un puzzle que les vivants doivent reconstituer. Le sommet est atteint quand l'idée même d'une nouvelle forme de preuve émane de ces esprits.
Les phénomènes spirites, comme les autres familles de phénomènes paranormaux, tels les apparitions mariales, les apparitions d'OVNI ou les pouvoirs psi, n'ont pas pu obtenir le consensus qui aurait fait d'eux des "preuves". En particulier, ils n'ont pas convaincu le milieu scientifique dans son ensemble. Ils ont cependant contraint peu à peu les parapsychologues qui veulent les expliquer à abandonner la simple association de la télépathie et de la psychocinèse d'un sujet, pour faire appel à un "psi" dont le pouvoir est quasi illimité. Les spirites rejettent ce psi qu'ils trouvent forgé pour les besoin de la cause. La polémique continue donc entre les partisans de l'hypothèse spirite et ceux de l'hypothèse du sujet psi. Chacun reste attaché à la famille de phénomènes paranormaux qui étaye ces convictions, insiste sur la cohérence, l'unité interne de cette famille, et dénigre les autres familles et les discours qui soutiennent ces dernières.