Conclusion : que faire en parapsychologie ?

Dans ce dernier numéro de la série des B-A-BA de la parapsychologie, vont être proposées quelques réponses à la question :

"Que faire, de nos jours, en parapsychologie?" Ces réponses sont subordonnées au principe fondamental suivant : il faut que le dialogue reste possible, que ce soit à l'intérieur du milieu de la recherche sur le paranormal, ou dans les rapports de ce milieu avec les scientifiques ou avec le public. Une discipline comme les mathématiques peut devenir hermétique sans trop de dommages pour elle-même, grâce au capital de confiance qu'elle a accumulé depuis des siècles. Mais une telle voie serait mortelle à l'étude du paranormal.

Définition de l'objet d'étude.

Cette définition est elle-même la source de nombreuses polémiques. Pour se dégager de ces dernières, il suffit de s'en tenir à la définition de caractère sociologique : le paranormal est l'ensemble des phénomènes étudiés par des chercheurs qui se reconnaissent entre eux, ou sont reconnus par la société, comme appartenant à une même communauté. Une telle définition n'a rien d'original. Elle est semblable à celle que les sociologues utilisent pour la science, afin de s'affranchir de toute polémique sur la nature de celle-ci. De plus, elle recoupe assez bien celle du sens commun - les phénomènes qu'elle regroupe sont à peu près ceux qui sont perçus comme paranormaux par l'homme de la rue.

En tout cas, il faut refuser des définitions qui seraient inféodées à une hynothèse a priori sur l'origine du paranormal. Définir le paranormal comme l'ensemble des phénomènes qui résultent des interventions d'esprits désincarnés, ou de désirs de sujets, ou d'intelligences extraterrestres, c'est s'interdire tout dialogue en dehors du strict cercle de ceux qui croient à l'hypothèse en question.

Direction des travaux.

Reccueillir des phénomènes, en donner des comptes rendus, les comparer, les classer, élaborer des hypothèses, tenir compte des contraintes que les phénomènes imposent aux hypothèses, revenir sur certains phénomènes rares ou douteux , mais qui sont rendus nécessaires par la structure des hypothèses proposées, tout ceci fait partie de la panoplie des moyens de travail dans la recherche sur le paranormal. Mais ces moyens ont souvent été utilisés pour "démontrer" une hypothèse pour laquelle existait un préjugé favorable. Les conséquences ont été désastreuses : ainsi se sont créées des communautés coupées du monde de la science, et qui s'accusent mutuellement d'être sectaires. Chacune d'entre elles se confine aux phénomènes servant ses croyances, et ignore, rejette, dénigre, ou détourne les phénomènes qui pourraient les mettre en doute.

Cette panoplie de moyens peut cependant se révéler fructueuse, si elle est appliquée à l'ensemble des phénomènes paranormaux : telle est l'hypothèse unitaire. Alors, les croyances véhiculées par les phénomènes permettent de définir des familles, et des constantes apparaissent dans l'histoire, et dans la structure de ces familles. Le problème n'est plus de savoir si Ies croyances en question sont "vraies" ou "fausses" ni de déterminer les conditions qu'il faudrait réunir pour les "prouver". D'autres questions surgissent, qui ont été jusqu'ici négligées par les chercheurs. Quel est l'impact exact, dans la société, des phénomènes ? Pour chaque famille se répètent des mécanismes qui ont pour conséquence de répandre la croyance dans la masse tout en en prémunissant les milieux intellectuels. Ces mécanismes sont-ils propres aux phénomènes paranormaux ? Plus généralement, la diffusion, dans la société, des connaissances sur le paranormal est-elle analogue à celle des autres types de connaissances ? Comment peut-on expliquer le fait que le paranormal se restreint à quelques grandes familles, au lieu de bourgeonner en une multitude de croyances hétéroclites ? Pourquoi aucune famille de phénomènes ne s'est-elle développée pour soutenir des croyances telles que, par exemple, celle en le Père Noël ? Jusqu'ici, la subordination de la recherche à des hypothèses restrictives a empêché que soient seulement posées ces questions. Il serait de l'intérêt même des diverses communautés qui ont pris part à l'étude du paranormal de les prendre en compte.