Le psi et la mort
On reproche souvent aux faits parapsychologiques d'être élastiques, et d'autoriser ainsi quiconque à produire les théories les plus farfelues. Cependant nous espérons ici dégager, sur l'exemple de la position qu'occupe la mort dans les phénomènes psi, que non seulement il ne se produit pas n'ïmporte quoi, mais que de plus il est difficile de trouver une théorie qui puisse expliquer ce qui se passe.
Les parapsychologues ont souvent fait remarquer l'extraordinaire rareté des morts dans toute une série de phénomènes psi. Ainsi les cas de poltergeist sont parfois spectaculaires, peuvent provoquer d'importants dégâts matériels, mais blessent rarement les personnes, et, à notre connaissance, n'ont jamais provoqué la mort. De la même façon les OVNI et leurs occupants sont parfois agressifs, mais l'on ne connait que deux cas sud-américains douteux où ils ont tué un être humain. Enfin les sujets psi se contentent de tordre des petites cuillères et de remettre des montres en marche sans attenter à la vie de leur prochain.
Un contraste frappant apparaît avec la fiction littéraire ou cinématographique. Dans les romans ou les films, les revenants assassinent avec un raffinement de cruauté, les extra-terrestres rasent des villes entières, et de jeunes sujets psi n'hésitent pas à tuer des centaines de personnes. Ceci pose un gros problème théorique si l'on se place dans la perspective de certaines théories à la mode gravitant autour des notions d'inconscient collectif et de réalisation de désirs de sujets : comment le désir de mort dont témoignent les récits de fiction peut-il être à ce point absent des événements psi ?
D'autre part, un certain nombre de phénomènes psi apparaissent comme autant de dénégations de la mort : cas de hantise, phénomènes spirites, conservations de corps après la mort. Peut-on alors proposer, comme hypothèse genérale sur le psi, l'existence d'un refus fondamental de la mort de la part du psi ?
Mais ce serait oublier les prémonitions de mort : si certaines prémonitions permettent d'éviter un accident mortel, un grand nombre annonce la mort à venir avec la froideur d'un constat inexorable. La mort n'est pas ici seulement rencontrée, elle est prévue, parfois avec des détails, quand ce n'est pas avec la date, voire l'heure. Il n'est donc pas facile de produire une théorie qui refuse de se cantonner dans des considérations philosophiques générales sur la mort, mais qui vise à rendre compte des données dans leurs détails.
On voit sur cet exemple de la mort qu'aussi large que puisse être la gamme des phénomènes psi, il ne se produit pas n'importe quoi, et c'est encore une énigme que savoir pourquoi certains types d'événements psi se produisent alors que d'autres, auxquels on pourrait s'attendre, ne se produisent pas.