L'AFFAIRE HOUSTON

par Albert DROUIN,

Professeur de Psilogie au Collège Saint-Jean-sur-Richelieu, membre de l'Association Psilog.

(Québec)

Revue Parapsychologie N° 12-13, 1980

 

Au Québec comme ailleurs, les journaux et les périodiques ont fait écho des retentissantes interventions faites par l'astrophysicien John Archibald Wheeler à l'assemblée annuelle de la prestigieuse Association Américaine pour le Progrès de la Science (AAAS) tenue à Houston en janvier 1979. John Wheeler a alors réclamé qu'on expulse de l'AAAS la Parapsychological Association (PA) qui en était membre depuis 1969 ; il a désigné la parapsychologie comme une pseudo-science et a accusé de fraude J.B. Rhine, le pionnier des recherches dans ce domaine aux Etats-Unis.

Peu d'information a toutefois circulé concernant la suite des événements qui allait devenir "l'affaire Houston" : rétractation de J.A. Wheeler, mise au point de J.B. Rhine, confirmation du statut de la PA au sein de l'AAAS par Kenneth Boulding, le nouveau président de l'Association. Voici les textes que SCIENCE, la revue publiée par l'AAAS , a fait paraître dans son numéro du 13 juillet 1979, p. 144.

L'affaire Houston donne à penser sur la science, sur l'objet de la science, sur l'attitude des sciences "reconnues" vis-à-vis des sciences "naissantes". Ted Rockwell, membre de la PA, fit paraître à ce propos dans le WASHINGTON POST du 26 août 1979 un texte bien articulé sous le titre "Parapsychology and the Integrity of Science". On en trouvera ci-joint la traduction.

 

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LETTRES AUX LECTEURS, SCIENCE, 13 JUILLET 1979, P. 144

Parapsychologie - une rectification : J.A. Wheeler ;

J.B. Rhine. (Traduction de Albert Drouin)

1 . Je vous écris pour rectifier ce que j'ai dit à propos de J.B. Rhine, dans la période de questions qui a suivi la communication que j'ai faite le 8 janvier 1979, à l'assemblée annuelle de l'AAAS tenue à Houston. C'était à la table ronde ayant pour thème : "Physics and Consciousness" et mon exposé avait pour titre : "Not consciousness, but the distinction between the probe and the probed, as central to the elemental quantum act of observation". Les enregistrements distribués sous la caution de l'AAAS contiennent le texte que j'avais préparé. Ils contiennent aussi les deux annexes que j'ai ajoutées quand j'ai découvert, à ma stupéfaction, que les trois autres participants de la table ronde allaient parler du domaine appelé "la parapsychologie". Une de ces annexes avait pour titre : "Expulsez les pseudos des ateliers de la science" et l'autre : "Où il y a de la fumée, il y a de la fumée". (Ces deux annexes ont été publiées dans le New York Review of Books, numéro du 13 avril, en même temps que la lettre que j'ai écrite au comité de direction de Il AAAS où je suggérais qu'on annule l'affiliation de la Parapsychological Association à l'AAAS).

En réponse à une des questions posées par l'auditoire, j'ai imprudemment répété une version rapportée et en l'occurrence fausse, des recherches de Rhine et McDougall qui se proposaient de montrer que les descendants des rats entraînés réussissaient mieux dans une tâche de labyrinthe que les descendants de rats non entraînés. Plutôt que de répéter ici ces inexactitudes, laissez-moi vous référer aux écrits (1) où le lecteur intéressé pourra adéquatement connaître les événements.

 

John Archibal Wheeler

Center for theorical Physics

University of Texas

Austin 78712

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2 . Je suis content de voir la lettre où John Wheeler se rétracte de l'attaque qu'il dirigea contre moi le 8 janvier dernier à Houston et j'apprécie l'occasion de pouvoir y répliquer. C'est réconfortant aussi de savoir que ce texte de rétractation sera expédié à tous ceux qui ont déjà acheté les enregistrements contenant cette attaque et qu'en plus, cette dernière sera effacée des rubans sonores et des annales du symposium qui pourraient à l'avenir être diffusés par l'AAAS.

Cependant, comme on a pu le lire, la lettre de rétractation de Wheeler n'identifie pas exactement l'objet de la rétractation ; il pourrait s'agir de n'importe quel petit détail ; il parle vaguement "d'inexactitudes" (inaccuracies). Je me dois donc d'ajouter ici un court extrait de ce qui manque dans sa lettre et que je tire des enregistrements sonores officiels.

Quand Wheeler eut terminé ses critiques à l'endroit de la Parapsychological Association (PA), on lui demanda d'être plus précis. Comme réponse, il fit le compte rendu d'une des expériences de McDougall sur ses recherches avec les rats, expérience à laquelle j'avais participé. Selon Wheeler, un assistant post-gradué aurait intentionnellement modifié les conditions expérimentales pour arriver à des résultats positifs mais falsifiés. Une consultation ultérieure avec le Dr. S. , généticien renommé (son nom fut donné à l'assistance), aurait toutefois dévoilé à McDougall cette falsification des résultats qui en conséquence n'auraient jamais été publiés.

Et Wheeler conclut son anecdote en disant : "Tout ce qui me reste à dire maintenant, c'est le nom de l'assistant qui fit la recherche : c'était Rhine... Rhine qui de cette façon commença la parapsychologie".

Personne dans l'auditoire n'était préparé à répondre à cette accusation imprévue ; elle ne fut donc pas contestée. Elle le fut quelques semaines avant que j'en prenne moi-même connaissance dans une copie de l'enregistrement faite par l'AAAS. C'est le Dr. S., le témoin auquel on avait référé, qui le premier réagit. Il rejeta l'accusation de Wheeler contre moi comme tout à fait fausse. J'expédiai la lettre que le Dr. S. me fit parvenir (elle est naturellement confidentielle) au Dr. William D. Carey, secrétaire exécutif de l'AAAS dont je reçus le 19 mars une prompte réponse qui m'assurait de sa collaboration. Le Dr. S. écrivit directement aussi à Wheeler pour le corriger. Finalement, le 20 février Wheeler m'écrivit un mot d'excuse et le 12 avril, il fit parvenir à SCIENCE une rétractation à laquelle je réagis présentement.

On doit s'attendre maintenant que j'accepte cette rétractation pour clore cette "affaire Houston", mais il reste un autre point qu'on est loin d'avoir discuté. Il s'agit d'une lettre de Wheeler à Carey datée du 12 janvier dans laquelle il donne suite à l'idée émise à Houston à l'effet "d'exclure les pseudos de l'enceinte de la science". Écrite seulement quatre jours après "l'explosion" de Houston, cette lettre s'appuyait sur l'argument impressionnant que Wheeler était sûr d'avoir apporté à la table ronde en pointant la parapsychologie comme une "pseudo" et en me citant comme exemple. D'après les dates, Wheeler pouvait difficilement être au courant de son erreur au moment où il s'adressait à Carey. L'effondrement de son projet dès sa base de lancement comme ce fut le cas, fait à juste titre que 1' "Affaire Houston" passe à l'histoire.

Or en science, les erreurs sont rarement inutiles. On n'avait pas remis encore en question l'éligibilité de la PA comme membre associé de l'AAAS que le STAR de Washington (9 janvier) obtenait une interview avec Kenneth Boulding, le nouveau président de l'Association et lui demandait où il se situait par rapport à l'attaque de Wheeler contre la PA. Les quelques mots courageux qu'a rapportés le STAR rendront mémorable cette assemblée de l'AAAS à Houston longtemps après que la controverse de l'affiliation de PA aura été oubliée. Voici cette "déclaration Boulding", comme j'aime la désigner : "La communauté scientifique doit demeurer ouverte". "Le Statut de la parapsychologie ne peut être révoqué sur-le-champ". "Il faut nécessairement appliquer à quelque chose la méthodologie scientifique". "Je me prononce en faveur de conserver la parapsychologie dans nos rangs".

Cette déclaration ajoute une nouvelle valeur au fait d'être affilié à l'AAAS. Elle donne aussi à cette grande association une responsabilité accrue pour le progrès des études les plus difficiles et les plus risquées, comme l'est la parapsychologie.

 

J.B. Rhine

Foundation for Research on the Nature of Man

Box 6847

College Station, Durham

North Carolina 27708

 

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LA PARAPSYCHOLOGIE ET L'HONNÊTETÉ DE LA SCIENCE

 

(Article de Ted Rockwell publié dans le Washington Post du 26 août 1979 sous le titre : "Parapsychology and the Integrity of Science"). Ted Rockwell est un ingénieur spécialisé dans le domaine nucléaire. Il œuvre à son compte et est membre de la Parapsychological Association. (Traduction et sous-titres de Albert Drouin).

 

La science : en théorie :

On nous a enseigné que la science diffère totalement de la religion : La religion tire ses connaissances d'une révélation et les affermit par la foi ; la science les tire de l'observation et les affermit par l'expérimentation.

D'après cette perspective idéale, un homme de science peut étudier n'importe quel objet, écrire un article à son propos et le présenter à une revue scientifique. La revue soumet l'article à l'examen de plusieurs hommes de science et s'ils conviennent que les conclusions sont intéressantes et les recherches faites avec compétence et rigueur, l'article est publié. D'autres hommes de science lisent l'article et essaient de répéter l'expérience. Si un certain nombre d'entre eux arrivent aux mêmes résultats, la découverte est acceptée.

La plupart des scientifiques croient encore que la science suit ce modèle. Les sociologues pour leur part, de même que les spécialistes en histoire des sciences et même les profanes commencent à s'apercevoir combien différemment la science se comporte dans la pratique.

La science : en pratique :

On a un exemple classique avec le sort qu'on a fait à Emmanuel Vélikoski quand le premier il tenta d'expliquer les inondations et d'autres catastrophes de l'histoire ancienne en termes de quasi-collision entre la terre et les planètes voisines. Les homme de science recoururent alors à de grossières mesures de pression qui finirent par forcer les éditeurs à refuser ses travaux. Il y a aussi le cas de Wilhelm Reich et de ses écrits sur l'orgone et les champs énergétiques humains : il fut incarcéré comme auteur d'idées dangereuses. Il mourut en prison, ses livres furent brûlés et ses appareils confisqués. C'est avec honte maintenant que la plupart des scientifiques se rappellent de tels incidents. Mais comment réagiront-ils aux événements suivants :

- John A. Wheeler, physicien reconnu, demande à l'AAAS d'exclure les parapsychologues de leur rang, "d'éloigner les pseudos des ateliers de la science".

- Des philosophes, des magiciens, des écrivains scientifiques et des hommes de science se constituent un groupe qu'ils nomment : The Committee for the Scientific Investigation of Claims of the Paranormal (Comité de recherche scientifique sur les prétentions du paranormal). Malgré des affirmations contraires, le comité démontre que son objectif n'est pas la recherche scientifique mais la persécution des hérétiques. Il harcèle les périodiques, les stations de télévision, les universités et les centres de recherche dans le but d'arrêter les recherches et les échanges d'idées qu'il considère hérétiques.

- Kronos Press au collège d'état Glassboro réussit à placer dans le Science News une annonce publicitaire de un pouce pour un livre portant le titre : Velikoski and Establishment Science. On l'informe bientôt que la publicité sur ce sujet ne sera plus faite dans Science News (lettre du 28 février 1978).

Je n'ai nullement l'intention de persuader qui que ce soit de la validité de l'une ou l'autre de ces théories-là. Je suis bien d'accord que le verdict en revient à la science. C'est notre droit à tous d'attendre de la science qu'elle examine et évalue les conclusions des recherches qui sont bien faites. Si la science ne peut ou ne veut s'occuper des questions qui suscitent un intense intérêt populaire, elle perdra, et à juste titre, l'appui du public. Ce qui est en jeu ce n'est pas l'honnêteté des recherches de pointe, c'est l'honnêteté de la science elle-même.

La parapsychologie et la science :

Les quelques cas que nous avons rapportés montrent que les hommes de science se comportent plus comme les inquisiteurs de la religion qu'à la manière de scientifiques à la froide logique. Ils ne décrivent naturellement pas leurs activités avec le vocabulaire de la religion en termes "d'inquisition", d' "anathème", d' "hérésie", et d' "excommunication", mais les ressemblances sautent aux yeux.

Ne considérez qu'une des victimes de cette "chasse aux sorcières" scientifique : le chercheur dans le domaine du psi appelé aussi la recherche psychique ou la parapsychologie. Les phénomènes psi comprennent l'ESP (la perception extrasensorielle) et le PK (la psychokinésie) et semblent indiquer l'interaction directe entre deux psychés, ou entre une psyché et la matière. Tout comme la recherche sur le cancer, la chimie et l'astronomie, la recherche sur les phénomènes psi a des origines marquées par la magie, la divination et la fraude ; mais maintenant c'est à l'aide des techniques et de l'appareillage des laboratoires modernes qu'on étudie ces phénomènes.

Ces recherches sont-elles légitimes ? La Parapsychological Association (PA) fut admise en 1969 comme membre associé de l'American Association for the Advancement of Science par un vote à majorité écrasante. Les membres de la PA ont publié plus de 10 000 pages en compte rendus de recherches académiques dans des revues renommées dans ce domaine sur le plan national. D'après les sondages, deux Américains instruits sur trois et près de neuf scientifiques sur dix croient qu'on devrait prendre au sérieux ce sujet de recherche. Plus de deux douzaines de centres de recherche et d'universités poursuivent des projets concernant le psi et plus d'une centaine offrent des cours sur le sujet.

L'irrationalité de la communauté scientifique :

Mais quel sort la communauté scientifique réserve-t-elle à ces recherches sur le psi ? Dans sa demande d'excommunication des parapsychologues, le Dr. Wheeler s'est servi d'une des plus prestigieuses tribunes pour en faire le procès et dans des mots d'une extraordinaire violence pour un tel forum en plus de distribuer à la presse des centaines de copies de son plaidoyer. Il y fit allusion au triangle des Bermudes, à l'alchimie, aux soucoupes volantes, à des cultes inquiétants, à des théories excentriques sur la sexualité et à d'autres sujets du genre, mais jamais il ne discuta des recherches actuelles sur les phénomènes psi.

Quand on lui demanda de faire le lien entre ses propos et les recherches actuelles sur le psi et spécifiquement avec la recherche que venaient de présenter ses copanellistes il répondit par une anecdote anonyme sur une erreur suspecte commise cinquante ans auparavant par un assistant de niveau post doctoral sur une recherche non publiée. Dans une réflexion qu'il voulut désinvolte, il identifia cet associé de façon à laisser supposer qu'un tel comportement allait devenir le modèle même de la recherche sur le psi.

C'est au nom de la raison ("the rule of reason") que le Dr. Wheeler fit son plaidoyer. Mais où faut-il donc recourir à la raison sinon et avant tout dans l'enceinte de la science ? Il est irrationnel de prétendre que c'est la raison qui exige que des hommes de science arrêtent leurs rigoureuses recherches sur les phénomènes psi. Si cet objet n'en vaut pas la peine, pourquoi certains font-ils carrière pour l'éliminer comme sujet de discussion ?

La science et la censure :

Définir la science (et par implication la pseudoscience) apparaît une question encore plus fondamentale. La science n'est pas un ensemble de sujets "approuvés" pour la recherche. C'est un processus, une méthode pour investiguer, rapporter des observations et les vérifier. Dire que la recherche sur le psi est une pseudoscience ne veut rien dire. L'étude du cancer est-elle une pseudoscience ? Bien sûr il y a ce long passé de fraude et de charlatanisme, mais il serait ridicule de soutenir qu'on ne peut faire de "vraie science" dans tel domaine ou dans tel autre.

La conséquence la plus importante de l'attaque du Dr. Wheeler est peut-être celle-ci : elle vient briser la conspiration du silence sur l'étude du psi qui prévaut dans la communauté scientifique. Obtenir des fonds et pouvoir publier sont comme l'air et la nourriture du chercheur. Ce sont les fonds qui gardent vivant le milieu scientifique mais sans publication les fonds disparaissent : on présume que là où on ne publie pas, rien ne se passe. Or les recherches sur le psi ne sont presque jamais publiées, excepté dans les revues spécialisées.

La très respectable revue anglaise NATURE n'a toutefois pas suivi à la lettre la mise en interdit par la science officielle. Un éditorial (18 octobre 1974) intitulé "Investigating the Paranormal" affirmait : "La publication dans une revue scientifique ne fournit pas un sceau d'approbation par l'establishment ; c'est plutôt un service rendu à la communauté pour l'informer de ce qui est digne d'attention et d'examen minutieux". La position de NATURE ne diffère pas tellement de celle qu'on retrouve chaque semaine dans la revue SCIENCE. "SCIENCE est au service des lecteurs ; elle leur fournit une tribune pour présenter et discuter des résultats importants pour le progrès de la science ; elle est ouverte aux points de vue en minorité ou en opposition à d'autres points de vue et ne se contente pas de publier des données qui font déjà l'objet d'un consensus". Il y a une différence toutefois - NATURE a déjà publié quelques rapports de recherche sur le psi. SCIENCE n'en a encore publié aucun.

Qu'arrive-t-il donc quand un chercheur soumet à l'une ou l'autre des ces revues le compte rendu d'une recherche sur le psi ? L'auteur reçoit une lettre de refus qui dit : "La plupart de nos lecteurs ne croient pas à l'ESP. Si nous publions sur ce sujet le texte doit être sans fissure. Il nous faut donc l'opinion d'un expert qui nous convainque que votre document fournit les preuves irréfutables de la valeur de vos conclusions".

Qu'élimine-t-on alors ? Des écrits pas très bons pour la plupart, mais pas plus pour le domaine du psi que pour tout autre domaine. Certains toutefois sont intéressants et semblent faits professionnellement. Soutenir que personne dans ce domaine n'a jamais atteint les normes minimales d'une publication scientifique est tout à fait absurde.

Et si on ouvrait les portes, qu'y publierait-on ? La recherche du physicien J.B. Hasted de l'université de Londres peut-être sur des enfants qu'on prétend capables de courber du métal sans y toucher, par le seul pouvoir de leur volonté. Un autre écrit pourrait résumer les communications faites à Genève au Congrès International sur la Physique Quantique et la Parapsychologie ; il pourrait aussi donner le compte rendu des travaux présentés par la suite où plusieurs grands physiciens commencent à trouver dans le monde étrange de la physique quantique une place pour des phénomènes psi et à fournir un cadre théorique pour les expliquer. On pourrait également faire paraître dans ces revues scientifiques les recherches faites sur le "hors-corps" réalisées par Osis, Moody, Kubler-Ross et les autres.

Ces phénomènes existent-ils vraiment ? Je ne le sais pas ; mais on m'a appris que c'est pour répondre à de telles questions que la science existe. Je ne peux vraiment pas m'imaginer pourquoi les hommes de science ont si peur d'essayer d'y répondre. Selon la Parapsychological Association, tout chercheur qui s'est sérieusement livré à l'étude du psi a dû subir comme conséquence la diffamation et les pressions. Tart est professeur de psychologie à l'université Davis de Californie. Il jouit d'une solide réputation dans un secteur autre que le psi, pour ses livres et ses écrits scientifiques de pionnier sur le phénomène de la conscience.

La science et la persécution :

Plusieurs célèbres universités et centres de recherche, remarque encore Tart,

se sont retrouvés sous les attaques violentes non seulement des "chasseurs d'hérésies" de l'extérieur, mais aussi des gens de l'intérieur pour la simple raison qu'un membre du personnel ou qu'un étudiant post-gradué avait entrepris un projet de recherche sur le psi. Le Stanford Research Institute est un exemple d'institution qui résiste à ces pressions, mais il y en a d'autres qui n'en parlent que sous le couvert, par peur de s'attirer d'autres représailles.

Voici un exemple de texte qui a été refusé par une revue et qui semblait digne d'intérêt : il s'agit d'une courte lettre envoyée à l'éditeur de SCIENCE par Henry Margenau, professeur à Yale et figure dominante en physique théorique et par le Dr. Lawrence Le Shan, psychologue et auteur célèbre. Leur texte explorait "quelles lois scientifiques précises seraient violées si la PES existait". Or il ne s'en trouvait aucune. Ce problème est certes de toute première importance et semble concerner directement les éditeurs ; il est donc surprenant qu'ils n'aient pas bien accueilli cette contribution. Le manque d'espace ne constitue pas une raison valable ; SCIENCE a déjà fourni l'espace requis pour des éditoriaux et plusieurs longs articles condamnant avec des déclarations par trop générales des recherches qu'elle ne permettait pas à ses lecteurs de juger par eux-mêmes.

Ce qui est frustrant, c'est le combat dissimulé, déclare Howard Zimmerman, secrétaire exécutif de la Parapsychological Association. Ce dernier rapporte les efforts répétés de la PA pour discuter de ce problème avec les éditeurs de SCIENCE ou avec les directeurs de l'AAAS auxquels ils sont rattachés. "Ils ne répondent pas aux lettres officielles , ils ne donnent pas suite aux appels téléphoniques".

Le président de l'AAAS nous assura un jour que la revue SCIENCE serait ouverte à des rapports de recherche sur le psi et nous fûmes informés qu'un article important était en préparation sur le sujet. Personne dans notre milieu n'en savait quoi que ce soit. Le 14 juillet 1978, l'article parut modestement intitulé : "Les problèmes statistiques dans les recherches ESP".

C'était une condamnation à l'emporte-pièce des recherches sur les phénomènes psi.

 

(scanné par Grégory Gutierez, septembre 99)

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