PARANORMAL ET MYTHES

Par Pascale Catala, février 2002.

 

I - Faut-il parler de mythes à propos du paranormal ?

D'un point de vue étymologique, comme l'a rappelé Michel Boccara (1), le mythe à l'origine avait pour les Grecs le sens de discours, parole (vraie) et ce n'est qu'après Homère qu'il prit la signification de récit légendaire fabuleux. Dans le langage courant d'aujourd'hui, mythe est le plus souvent opposé à réalité, comme en témoignent les titres d'émissions, d'articles ou de livres : " ..., mythe ou réalité ?", "..., réalité ou fantasme ?", laissant supposer que tout récit mythique n'est que le fruit d'une imagination débridée, un mensonge, une invention fantaisiste d'individus prenant leurs désirs pour des réalités, sans aucune considération des faits "objectifs".

Or, selon moi, un mythe se situe justement entre la réalité et le fantasme.

Reprenons une définition simple du mythe (2) :

"Un mythe est un récit symbolique sacré, allégorique, qui essaie d'apporter une interprétation cohérente des faits naturels et historiques, afin de répondre aux interrogations métaphysiques des hommes (par ex. sur la théogonie, la cosmogonie, l'anthropogenèse, etc.)"

Le premier point remarquable dans cette définition, c'est que le mythe est une tentative d'explication, d'injection de sens à des "faits", donc à des éléments observés, vécus, ressentis. Le deuxième point, c'est que le mythe est une symbolisation, ce qui sous-entend une implication des couches profondes de l'imaginaire, de l'inconscient, des grands archétypes. Enfin, le troisième point d'importance est que le mythe est partagé socialement, puisqu'il fournit un cadre interprétatif général par un récit, une "belle histoire" chargée de sens pour la société dont elle émane. Le mythe se distingue donc d'une pure fiction subjective, individuelle ; il se distingue également du résultat scientifique, établi rationnellement, "prouvé", ou tout du moins accepté par la communauté scientifique académique.

Beaucoup d'auteurs ont proposé une classification des mythes (3) et je me contenterai de citer ici pour mémoire celle de D.A Leeming :

- mythes cosmiques (création, déluge, au-delà, apocalypses ...)

On pourra s'amuser à repérer dans les cas exposés en II) les appartenances aux différentes catégories.

Le mythe en tant que cadre interprétatif

Comme a pu le faire remarquer Bernard Sergent (4) à propos des apparitions, un sujet voit ce que sa culture lui enseigne comme pouvant être vu en un lieu et à un moment donné (la Vouivre près de tel étang, la Vierge dans une église à la fête de l'assomption, la Dame Blanche au bord d'une route etc). Dans le même ordre d'idées, les ethnologues ont pu constater que quand les indiens Sioux par exemple voyaient dans les orages des "oiseaux-tonnerre", il ne faisait aucun doute pour eux que ces oiseaux-tonnerre étaient réels : chacun pouvant les observer sans difficulté, ces oiseaux-tonnerres pouvaient être conçus comme "des faits d'observation". On pourrait donner de nombreux autres exemples : la pluie est tout naturellement vue comme la semence fécondante d'un Dieu puisqu'elle permet aux plantes de pousser, les feux follets étaient des manifestations tout à fait convaincantes de l'errance des revenants, etc ...

Donc, le mythe fournit dans la vie sociale une grille de lecture, de décodage des événements, de la même façon qu'en sciences, un paradigme scientifique, l'ensemble des théories implicitement admises culturellement, orientent l'observation des faits.

Le mythe en tant que dynamisme organisateur efficace

L'influence du mythe sur l'individu et la société est extrêmement puissante et riche :

Le mythe en tant que révélateur d'une culture

"Le mythe porte en tant que formation symbolique la vérité subjective d'une culture" rappelle Georges Bertin (3).

Le mythe, parce que projection des structures de l'imaginaire d'un groupe social, peut être pour paraphraser Freud une "voie vers l'inconscient" de ce groupe, et l'étude des productions mythiques peut par-là même se révéler d'une remarquable fécondité.

Ces caractéristiques des mythes étant posées, quel peut-être le rapport entre paranormal et mythes ? J'en vois aujourd'hui quatre facettes :

  1. C'est le plus souvent par attrait pour des mythes que des chercheurs ou des praticiens "se lancent" dans le paranormal. Par exemple, un jeune homme de ma connaissance pratique l'OBE pour "faire voyager son corps astral et découvrir des choses fantastiques". Rhine avait comme objectif à long terme l'étude de l'âme.
    Le mythe est donc source de motivation, puissant appel vers la source du "numineux".
  2. Les acteurs du paranormal engendrent leurs propres mythes.
    "Le psi apparaît comme un grand pourvoyeur de mythes. Grâce au psi, des systèmes de croyances, des mythes, apparaissent et disparaissent comme des vagues successives."(5)
    On pourra citer comme exemple le plus évident le spiritisme introduit par les sœurs Fox.
    Le paranormal se situant à la frontière entre esprit et matière, il n'est pas étonnant que les phénomènes paranormaux se déroulent conformément à l'attente de l'expérimentateur.
  3. Les "phénomènes" paranormaux sont étudiés dans des cadres interprétatifs mythiques. Même quand des scientifiques essaient de coller au plus près à l'approche "objective", il leur est bien difficile de se débarrasser de leurs présupposés métaphysiques. Ceci est vrai de toute entreprise de recherche, cependant ce point devient crucial quand il s'agit d'aborder le domaine du paranormal, qui est issu du "merveilleux" légendaire et d'un corpus lié à la magie et à l'ésotérisme.
  4. Dans la recherche de "preuves" des phénomènes paranormaux, on assiste presque systématiquement à un déplacement de l'attestation des phénomènes vers la preuve de la véracité du récit mythique. Par exemple, le fait qu'une apparition de la Vierge ait indiqué la présence d'une source sous un rocher et que cette prédiction se soit réalisée, est vécue par les acteurs comme la "preuve" incontestable que c'était bien la Sainte Vierge qui s'était manifestée. Ou bien, le fait qu'une femme pendant une NDE ait pu lire sous la table d'opération la mention "Manufacture de Saint Etienne" (6) prouverait que l'âme était sortie du corps et en route pour le royaume des morts.

Les métapsychistes du début du siècle, ainsi que les parapsychologues aujourd'hui, se distinguant en cela des spirites, tentent avec ardeur de se défendre contre ce glissement des preuves, en s'en tenant à une approche objective des phénomènes. Cette démarche est difficile et peu comprise, à la fois par les tenants et par les adversaires du paranormal.

Je ne me lancerai pas ici dans la discussion hautement philosophique du rapport entre approche mythique et approche scientifique, je me contenterai de rappeler un seul point qui me semble primordial dans leur différenciation : la réfutabilité.

(Voir au sujet du rapport entre mythe et recherche scientifique le travail approfondi de G.Bertin (3))

J'avancerai que dans notre société actuelle, le paranormal est le domaine par excellence où la Science rejoint le Mythe, dans une confrontation et une interpénétration portée par des mouvements sociaux comme le New-Age, à la fois scientiste et traditionaliste, ou comme le spriritisme, qui se veut synthèse du positivisme et de la religion. Alors que sur un mode archaïque, un mythe ne nécessite aucune validation puisqu'il se suffit à lui-même, les acteurs du paranormal recherchent aujourd'hui une confirmation scientifique à leurs croyances, sous la forme de recueils de témoignages et de recherche de preuves.

 

II - Principaux mythes véhiculés par le paranormal

Le fait que j'emploie le mot "mythe" pour les éléments que je cite dans cette liste ne signifie pas que je les considère comme des inventions relevant de l'imaginaire pur. Certains de ces éléments le sont peut-être, d'autres pas du tout, d'autres enfin ont peut-être à la fois des aspects imaginaires et des aspects plus "objectifs". Mais ce sont tous de "belles histoires" complètement captivantes (ou au choix horripilantes, insupportables et scandaleuses selon ses convictions personnelles).

Le spiritisme

En 1848 aux USA les sœurs Fox ont introduit la pratique de l'interrogation des esprits par les tables tournantes. Plus tard, le français Allan Kardec a conceptualisé ce domaine qui devait devenir pratiquement une religion : l'homme a un "esprit" indépendant du corps et capable de se manifester après la mort, par exemple par l'intermédiaire d'un médium. Coups dans les murs, tables tournantes, oui jà, incorporation de médiums, écriture automatique, photographie spirite ... sont autant de signes envoyés par les esprits, qui peuvent guider, avertir, protéger, et renseigner sur l'au-delà. Il existe également de mauvais esprits ou esprits égarés qui peuvent avoir des effets négatifs et dont il faut se protéger.

Aujourd'hui dans certains milieux, les pratiques se sont un peu transformées par l'utilisation d'objets techniques modernes (vidéo, cassettes audio, téléphone etc) sous l'appellation de TCI (TransCommunication Instrumentale) mais le mythe est resté le même : les esprits des morts nous parlent, la distance entre les vivants et les "chers disparus" est abolie.

Les "preuves" seraient les photos, les informations données par les esprits, les "moulages ectoplasmiques", les "correspondances croisées", les enregistrements sur cassette ou sur vidéo, etc..

Les OVNIS

C'est le psychanalyste C.G. Jung qui a qualifié le phénomène OVNI de "mythe moderne". Pour lui, les hommes projetaient sur des phénomènes stellaires observés leurs fantasmes de navigation interplanétaire et de menace sur l'existence terrestre.

Parmi les mythes générés par les observations d'OVNIS, on trouve entre autres l'HET (hypothèse extra-terrestre) et les conspirations.

L'hypothèse extra-terrestre : les ovnis seraient des vaisseaux spatiaux de créatures extra-terrestres possédant une technologie bien supérieure à la nôtre. Selon les variantes, ces ET viendraient soit pour nous sauver, nous faire évoluer, soit pour nous étudier, soit pour nous manipuler, soit pour nous "vampiriser" ou s'hybrider avec la race humaine (comme en témoignent les récits d'abduction ou de mutilations de bétail).

Les preuves seraient : les photos ou films, enregistrements radar, les traces au sol, les implants, les modifications biologiques ...

Théorie conspirationniste : les Américains ou des entités inconnues, aidés ou non par les ET, conspireraient pour nous manipuler et exercer un pouvoir quasi-illimité sur nous.

Les fantômes

Traditionnellement, les âmes des "revenants", figures éthérées ressemblant à une fumée blanche, reviennent hanter les lieux où ils ont vécu et où ils ont subi un préjudice ou bien où ils ont laissé une action inachevée. Leur présence a donc généralement une fonction réparatrice. Quelquefois ils annoncent des événements, mettent en garde, ou indiquent une cachette ou sera retrouvée un trésor, un squelette, etc.

Preuves : photos, objets retrouvés, biographies ou tombes découvertes.

Les apparitions religieuses et les statues pleureuses

Devant l'impiété des hommes et la décadence des civilisations, Dieu nous envoie des messagers tels que la Vierge Marie, Jésus, des saints, etc. pour nous ramener dans le droit chemin. Ces entités demandent en général des prières, l'édification d'un lieu de culte, et annoncent des catastrophes et apocalypses diverses si les hommes ne se repentent pas. Quelquefois émerge la notion de "lieu élu" pour le lieu de l'apparition ou de "personne élue" pour les sujets voyant l'apparition. Les entités religieuses prennent toujours la peine de s'adapter à la langue et à la culture du lieu pour être comprises, elles choisissent souvent les sujets les plus humbles pour se manifester à eux.

Dans certains lieux de culte, des statues qui pleurent des larmes ou du sang, ou des icônes où la Vierge semble suivre des yeux ceux qui la regardent, sont également des manifestations du besoin de ranimer la foi.

Preuves : jaillissement de sources, prédictions réalisées, recueil du sang des statues...

Les facultés psi : ESP et PK

Bien que l'ESP et le PK soient présents en chacun de nous à l'état latent et de façon inconsciente, certains sujets ont des facultés exceptionnelles qui leur permettent de voir l'avenir, de transmettre leurs pensées par télépathie ou de capter les pensées des autres, de deviner des choses cachées malgré des obstacles insurmontables (ESP), d'agir avec leur esprit sur la matière pour déformer ou déplacer des objets, modifier les probabilités (PK).

Dans cette optique les phénomènes psi résultent donc d'une action (le plus souvent) volontaire d'un "sujet" particulièrement doué ou entraîné. Certains facteurs peuvent accroître la "performance" du sujet et d'autres la perturber (par ex. la présence de personnes hostiles).

Voir un développement de ce thème dans : "Le mythe du sujet psi en parapsychologie" de Pascal Michel (5).

C'est surtout dans les comics américains et la SF du début du vingtième siècle que s'est développé le thème des "super-héros" doués de "pouvoirs", des mutants télépathes ou des as de la télékinésie. En allant jusqu'au bout de l'idée, on arrive à l'omniscience et l'omnipotence.

Preuves : déviations statistiques par rapport au hasard, films de PK ...

Le psi en tant qu'objet d'étude pour la techno-science

De ce qui précède, des chercheurs (surtout l'école américaine) ont déduit que le psi pouvait s'étudier par les méthodes classiques de psychologie expérimentale, et qu'en avançant dans les recherches sur les facteurs "facilitants" du psi on atteindrait une bonne reproductibilité, une fiabilité suffisante pour utiliser les facultés psi comme des techniques (à l'image des téléphones portables). Rappelons que la télépathie a été conçue au départ comme une "radio mentale", mais que le schéma de "transmission de l'information" fait encore partie du paradigme actuel de la plupart des parapsychologues. C'est ainsi que Dean Radin peut anticiper pour un futur pas si lointain une utilisation du psi pour venir en aide aux handicapés moteurs ou pour ouvrir à distance des portes de garage.

C'est ainsi que le projet Stargate, qui consistait à faire de l'espionnage par la voyance, a été mené pendant une vingtaine d'années par la CIA.

On est ici dans le fantasme de domination qui oriente aujourd'hui la plus grande partie de la recherche scientifique en général.

Preuves : résultats expérimentaux, influence sur des RNG (générateurs de nombres aléatoires) ...

Le complot généralisé de l'irrationnel

Bien que la science à partir du 18ème siècle ait démontré une incontestable suprématie sur toutes les entreprises de connaissance, et abouti à des avancées technologiques majeures permettant de faire progresser la civilisation vers la lumière et la connaissance, certains individus rétrogrades et obscurantistes tentent de faire régresser l'homme en le maintenant dans l'ignorance et la superstition. En reprenant à leur compte toutes les anciennes légendes, de la magie à l'astrologie en passant par la télépathie, l'existence de l'Atlantide et la liquéfaction du sang de saint Janvier, ils entraînent les naïfs et les êtres faibles et vulnérables dans les ténèbres de l'"irrationnel". Dans un immense complot, des scientifiques se sont associés à cette entreprise de déstabilisation, pour des raisons diverses : grande naïveté, malhonneté intellectuelle (fraude), goût du pouvoir sur les autres, croyances religieuses ou métaphysiques absurdes ...

Cet appui de "mauvais" scientifiques a favorisé la prolifération scandaleuse de charlatans et d'escrocs qui exploitent la naïveté humaine, ainsi que la pénétration dans la population de croyances dignes du Moyen-Age (PK, guérisons miraculeuses etc). Il n'existe évidemment aucune étude scientifique sérieuse qui puissent prouver que les facultés psi existent (puisque ces facultés sont impossibles).

Preuves : des illusionnistes comme J.Randi ont démasqué des centaines de fraudeurs, et lancé un défi que personne n'a été capable de relever (produire un authentique phénomène paranormal). Des membres de mouvements sceptiques, comme le Cercle Zététique en France, ont pu reproduire par des trucs certains effets paranormaux.

La vie après la mort

De plus en plus de sujets étant passés par un coma racontent avoir vécu une NDE. Cette expérience se décompose généralement en 5 étapes typiques :

  1. le bien-être, la disparition de la douleur physique
  2. la sensation de quitter son corps et de le voir d'en haut
  3. l'aspiration dans un tunnel vers une lumière
  4. la rencontre avec des êtres chers et avec une lumière "pleine d'amour"
  5. le bilan de la vie passée et la décision de "revenir dans son corps"

L'interprétation dite "ontologique" de ces expériences conduit à conclure que lors du mourir, la conscience ou l'âme quitte le corps, passe par un tunnel et arrive au "royaume des morts" où l'attendent parents et amis déjà décédés. L'âme est "pesée", jugée, puis elle peut se fondre dans une grande lumière, dans l'amour de Dieu. Les témoins de NDE ne peuvent néanmoins pas franchir la dernière étape, car leur temps sur terre n'est pas fini, ils sont donc rappelés dans leur corps physique et c'est la fin du coma.

Ce mythe a été excellemment développé dans un roman de B.Werber, "les Thanatonautes". Dans cette fiction, le "territoire des morts" est exploré comme un territoire géographique, spatial (d'ailleurs il est localisé dans un trou noir au milieu de la Voie Lactée) possédant plusieurs régions séparées par des "murs".

Preuves : des récits similaires se retrouvent dans différentes cultures ou époques, les témoins de NDE peuvent décrire avec précision ce qui se passait dans la salle d'opération au moment de leur coma.

Le voyage astral

Cette expérience, renommée "OBE" (out of body experiment) par les parapsychologues, consiste à sentir sa conscience "quitter son corps", souvent par le haut de la tête. (correspond à l'étape 2 des NDE). Il est alors possible de traverser murs et toits, de survoler des contrées lointaines, d'effectuer un "voyage dans un autre plan de conscience, le plan astral". Il est la plupart du temps impliqué par cette notion de voyage astral que c'est dans l'espace physique réel que l'on se déplace, pouvant ainsi acquérir toute information objective que l'on désire, dans une vision "à 360°". Cependant certains parlent de "déplacement dans un espace non-physique", une autre dimension, bien que ces concepts soient plus difficilement explicitables intuitivement.

Dans ce même ordre d'idées on en arrive aux "mondes parallèles" ou aux autres dimensions, notions qui se combinent bien avec les mythes OVNIS.

Preuves : éléments de connaissance objectifs acquis lors du "voyage de l'âme".

 

La réincarnation

A la mort, l'âme quitte son corps pour se réincarner dans un autre. Elle garde néanmoins des souvenirs (le plus souvent inconscients) et quelquefois le nouveau corps porte des traces physiques correspondant à des blessures du corps précédent. Grâce à l'hypnose on peut "régresser dans ses vies antérieures" et retrouver d'anciens conflits ou événements traumatiques, dont la reviviscence aura un effet thérapeutique.

Cette croyance en la réincarnation trouve en grande partie son origine dans la religion tibétaine et "le livre des morts".

Preuves : traces physiques, reconnaissance par des enfants de lieux ou de personnes de leur vie antérieure.

Les guérisons miraculeuses

Dans certaines circonstances rares ou dans des lieux de pèlerinage (Lourdes ...), des individus atteints de maladies incurables par la médecine sont instantanément et complètement guéris, grâce à leur foi et à une intervention divine.

Des guérisseurs (par des techniques) ou des prédicateurs (par des exhortations à la foi) peuvent arriver à provoquer également des guérisons.

Preuves : dossiers médicaux avant/après du type de ceux du Bureau Médical de Lourdes.

Le mythe quantique

Grâce aux prodigieux progrès de la physique moderne, on sait maintenant par la mécanique quantique que le réel est fondamentalement indéterminé. C'est l'observation, et donc la conscience de l'observateur, qui détermine les propriétés d'un objet quantique. On peut en déduire que la conscience influe directement sur le monde physique, surtout sur des dispositifs gérés par des processus aléatoires.

De plus, le fait que des particules puissent être à la fois des ondes et des corpuscules prouve que la logique aristotélicienne du tiers exclu ne s'applique pas à tout, et en particulier au phénomènes paranormaux, pour lesquels il faut utiliser une logique du contradictoire.

Avec les nouvelles découvertes de la science moderne comme la théorie du chaos, des catastrophes, la non-séparabilité etc... on assiste à un changement de paradigme dans la science qui va permettre d'expliquer tous les phénomènes paranormaux, en grande partie grâce aux théories de la mécanique quantique et aux avancées prévisibles de la physique.

Preuves : écrits de vulgarisation scientifique.

 

 

Nous qui nous intéressons au paranormal, nous avons tous été, ou sommes encore, portés par un ou plusieurs de ces mythes délicieusement attractifs.

Il est bien entendu que l'on pourrait en décrire encore bien d'autres, notamment ceux concernant les fondements ésotériques ou magiques du paranormal, comme les "égrégores" (conscience collective).

 

III - Perspectives d'études

Partant de cette liste descriptive, on peut alors se poser la question de l'utilité d'une démarche considérant les mythes dans l'étude du paranormal.

Tout d'abord, on peut appliquer les méthodes des mythologues au domaine très riche du paranormal, ce qui ne manquera pas de nous renseigner sur des constituants importants de l'imaginaire contemporain, sur l'histoire des mentalités, sur la psychologie de certains groupes sociaux, sur les dynamismes culturels etc ... Parmi ces méthodes (3), on citera :

D'autre part, le fait de parler de "mythes" nous aidera à nous distancier de notre objet d'étude en nous incitant à la "déconstruction". En effet, un mythe fournissant un cadre interprétatif implicite, il est extrêmement difficile au chercheur de sortir de ce cadre pour adopter un autre point de vue. En cela le mythe est analogue au "paradigme", notion introduite par Kuhn pour conceptualiser l'évolution des théories scientifiques. Pascal Michel a proposé dans les années 70 ce parallèle entre évolution des paradigmes et dynamique mythique en parapsychologie.(8).

Comme nous le rappelle R. Cuvellier (9), "Tout comme Christophe Colomb, parti à la recherche des Indes et qui découvre l'Amérique, les chercheurs ne sauraient décréter à l'avance la nature du monde qu'ils sont en train d'explorer. Et, tout comme Christophe Colomb, ils ne peuvent partir à sa découverte que s'ils sont animés de grandioses idées préconçues".

L'observation des faits n'est pas une tâche aussi aisée qu'on le croit, puisque les faits s'inscrivent dans une vision du monde spécifique. Ainsi dans une séance à manifestations physiques, un spirite verra un esprit qui se déplace, un métapsychiste une formation ectoplasmique en mouvement, un sceptique un objet lancé par un subterfuge du médium fraudant ...

Parler de mythe nous incite donc à interroger nos propres motivations profondes, à essayer de "penser autrement", et nous pousse à conserver toujours la conviction heuristique que "la Vérité est ailleurs".

 

 

Pascale Catala, février 2002.

 

 

 

(1) Boccara M., "Le Paranormal : un vrai mythe et de vraies problématiques", in "Paranormal entre mythes et réalités", Actes du colloque CENCES, Dervy, 2002.

(2) Ponteville P., "La trajectoire humaine", site internet.

(3) Bertin G.,"Du mythe et de l'imaginaire à l'intelligence du social"

(4) Sergent B., "Mythe et imaginaire", Actes du colloque SMF Angers.

(5) Michel P., "Le mythe du sujet psi en parapsychologie",Revue Parapsychologie N°14, 1982

(6) "Les miraculés du coma", Science et Avenir n°660, février 2002.

(7) Méheust B.,"Somnambulisme et médiumnité", Synthélabo, 1999.

(8) Michel P., "Le paradigme kuhnien et la parapsychologie", Revue Parapsychologie N°7, juin 1979

(9) Cuvellier R., "Les jeunes loups de la physique", Science et Vie n°1007, août 2001.

Accueil GERP