PSITT ! N°38 sept 1985

QUE SAVONS-NOUS SUR LES FANTOMES ? / LES TRANSPARENTS (tome 1), par François Favre, p.20-36

(Tchou/Robert Laffont, Paris, 1978, vol. 11 de la collection « Parapsychologie »)

François Favre a réalisé ces ouvrages en regroupant des textes des meilleurs auteurs sur le sujet et en commentant ces textes. Ce sont ces commentaires que nous avons compilés ici.

La belle époque des fantômes (Introduction, p.11)

« Je ne crois pas aux fantômes, mais j’en ai peur. » Marquise du Deffand

   En s’acharnant contre les superstitions, le Siècle des Lumières détruisit sans doute un certain christianisme populaire, mais il engendra tout autant une nouvelle religion aux prétentions scientifiques : le spiritisme. Celui-ci affirmait, en effet, que son dogme – la réincarnation – était expérimentalement vérifiable. D’après la doctrine, il était possible de communiquer avec les morts, et ces « esprits désincarnés » pouvaient même s’objectiver sous forme de fantômes (ou « périsprits »), en l’attente d’une nouvelle réincarnation.

   A la fin du XIXe siècle, des scientifiques de grand renom, tels Crookes, Richet, Flammarion ou Lodge, confirmèrent, après de nombreuses séances d’expérimentation, l’existence de formes matérialisées produites par les médiums spirites et pouvant ou non ressembler à des personnes décédées. Mais d’autres chercheurs, tout aussi compétents, ne parvinrent jamais à en observer et conclurent à la fraude ou à la simple hallucination. L’histoire parut leur donner raison : à mesure que le rôle de la suggestion, de la télépathie et des dissociations de la personnalité sous hypnose fut assimilé par les spirites, ce mouvement religieux qui avait encore en 1900 une vogue extraordinaire va disparaître progressivement de l’Europe, et ses fantômes avec lui.

   Pourtant, les considérations théoriques de certains parapsychologues, depuis une vingtaine d’années, amènent à reconsidérer la question. Le psi n’est en effet plus défini comme une fonction, mais comme une situation ; ce n’est plus un phénomène, mais un événement historique qui nous choisit autant que nous le choisissons. Aussi l’hypothèse d’une transmission inconnue d’information est-elle abandonnée au profit d’une réflexion sur la notion de coïncidence significative entre une donnée objective (par exemple, une table qui lévite) et une donnée subjective (par exemple, le désir d’un médium de faire léviter cette table). On conçoit dès lors que, pour le parapsychologue, il n’y ait plus à opposer imaginaire (une hallucination, un rêve, une croyance) et matérialité (un événement physique anormal, une perception extrasensorielle), mais qu’il faille, au contraire, aborder un fait (n’importe lequel) dans sa double réalité. Pour certains chercheurs contemporains – dont l’auteur de cette anthologie -, un rêve, une hallucination sont des événements psi, parce que ces représentations mentales peuvent toujours être reliées significativement (de façon formelle ou symbolique) à des événements objectifs passés, présents ou futurs ; quant à la reproductibilité du psi, elle n’est liée qu’à des contingences historiques, individuelles ou collectives.

   La survie de l’espèce nécessite la mémoire : il s’agit là de psi reproductible. Elle nécessite également une créativité durable, si l’on considère le progrès humain comme la matérialisation de projets de plus en plus complexes. Les fantômes, parce qu’ils véhiculent des mythes, constituent l’ébauche de ces projets. Sans l’Olympe, le démon de Socrate et la philosophie grecque n’eussent jamais existé. C’est, de même, du spiritisme qu’est née la psychologie de l’inconscient. De nos jours, les fantasmes technologiques produisent des fantômes extra-terrestres, en l’attente d’une parapsychologie universellement reconnue.

   Cette reconnaissance plénière se heurte à deux obstacles particulièrement sensibles dès qu’on aborde le problème des fantômes. Le spiritualiste affirme l’origine non humaine de certains faits : le fantôme spirite, ou extra-terrestre, apportant des informations inconnus des témoins ne peut être une production de ces mêmes témoins. Le matérialiste, d’autre part, distingue logiquement et empiriquement l’objectif du subjectif. Que la matérialité d’un fantôme puisse être certifiée par des enregistrements et que pourtant, dans certains cas, ce fantôme n’apparaisse pas aux témoins ou seulement à certains d’entre eux ; que d’autres témoignages certifient exactement le contraire, voilà qui signe définitivement pour tout rationaliste l’absurdité de telles calembredaines.

   Remettre à l’honneur les travaux oubliés de certains pionniers de la parapsychologie qui étudièrent les fantômes pendant la période du spiritisme, tel est le but premier de cette anthologie. Mais le choix d’un témoignage n’est pas neutre : le présentateur entend également dégager, dans les limites d’un tel genre, l’évidence d’une réalité affective transcendant toutes les autres, et renvoyer dos à dos matérialistes et spiritualistes. Il n’ignore cependant pas que la vérité est, de tous les fantômes, celui auquel on croit le moins et qui effraie le plus.

  1. Les cas spontanés
  1. Des situations propices (p.17)

« Tout est vide ; les dieu dorment, les bêtes et les hommes ; moi seul suis éveillé. Comme un fantôme. » Bernhardt Kellermann

   Paru en 1886, Phantasms of the living (traduit en français sous le titre Hallucinations télépathiques) constituent le premier recueil important de cas spontanés dans l’histoire de la parapsychologie. Il avait pour base des enquêtes anglaises menées auprès du grand public par la Society for Psychical Research. E. Gurney (1847-1888), alors secrétaire de la S.P.R. et qui avait, entre autres formations, celles de médecin et de philosophe, avait d’abord trié les cas. Puis F. Podmore effectua des enquêtes critiques auprès des témoins. Gurney et Myers en assurèrent enfin la rédaction. Destiné à l’époque à présenter du psi des preuves testimoniales, l’ouvrage actuellement permet surtout de se faire une idée générale des aspects formels de l’apparition fantomatique.

   L’on sait maintenant que les phénomènes parapsychologiques se produisent toujours dans le même état psychique ambivalent qu’on appelle « situation psi » : situation à la fois consciente et inconsciente, réelle et imaginaire, et qui intéresse aussi bien des états individuels que collectifs. Dans la télépathie, par exemple, la relation affective complémentaire entre l’agent et le percipient est une situation psi. D’un point de vue psychophysiologique, le concept de situation psi appliqué à un individu englobe tous les états « altérés » de conscience : rêveries diurnes, périodes d’endormissement et d’éveil, phases de rêve au cours du sommeil, état hypnotique, léthargie, biostase[46], etc.

   Aussi la classification choisie par les auteurs – qui distinguaient les cas de veille, ceux du sommeil et les intermédiaires (borderland cases) – nous paraît-elle aujourd’hui bien dépassée. Si nous avons choisi de présenter les borderland cases, c’est pour illustrer le concept de situation psi et mettre de plus en évidence, pour le lecteur, l’ambiguïté – en parapsychologie bien plus encore qu’en psychologie – de concepts comme l’objectif et le subjectif.

(extraits de E. Gurney, F. Myers et F. Podmore, Les Hallucinations télépathiques, Alcan, Paris, 1891.)

  1. Les caractéristiques des apparitions (p.27)

« Voilà longtemps que celle avec qui j’ai dormi, O Seigneur ! a quitté ma couche pour la vôtre ; et nous sommes encor tout mêlés l’un à l’autre, elle a demi vivante et moi mort à demi. » Victor Hugo

   G.N.M. Tyrrell (1879-1952) fut président de la S.P.R. en 1945-1946 ; ingénieur et mathématicien de profession, il s’était fait remarquer par des expériences statistiques originales sur la clairvoyance per- ou précognitive, vers 1935.

   En rappelant qu’historiquement les fondateurs de la parapsychologie anglo-saxonne étaient surtout composés de psychologues et de philosophes préoccupés de la survie après la mort, contrairement à la parapsychologie continentale, animée par des biologistes et des psychanalystes, on comprendra mieux que Tyrrell, en bon puritain, n’ait essentiellement voulu voir dans les fantômes que des phénomènes subjectifs et se soit gardé de toute spéculation sur l’inconscient.

   Néanmoins, dans son livre Apparitions (1943), le répertoire béhavioriste qu’il fit de leurs caractéristiques à partir de cas surtout spontanés présente l’intérêt, pour la recherche contemporaine, de pouvoir les comparer à celles des productions fantomatiques expérimentales, incontestablement objectives, et de conclure à une parfaite similitude.

   De plus, Tyrrell proposa, dans le même ouvrage, une théorie qui met bien en évidence la genèse, individuelle ou collective, de telles apparitions à partir de considérations sur la télépathie de groupe et la symbolisation d’affects.

(extraits de G.N.M. Tyrrell, Apparitions et fantômes, Fasquelle, Paris, 1955.)

II.   L’épreuve du laboratoire

A.    Marthe Béraud a-t-elle triché (p.73)

« La pensée se forme dans l’âme comme les nuages se forment dans l’air. » Joseph Joubert

   Parallèlement aux études de cas spontanés, des chercheurs s’étaient intéressés aux « matérialisations d’esprit » que prétendaient réussir certains médiums spirites.

   Issue d’une famille de médecin, Juliette Alexandre-Bisson (1861-1956) était sculpteur. Tous les témoignages directs que nous avons pu recueillir, au cours de lectures ou de conversations, sur la personnalité de Mme Bisson s’accordent à lui reconnaître une grande intelligence et une parfaite noblesse de caractère ; l’étude d’une cinquantaine de lettres de sa correspondance personnelle traitant de ses travaux parapsychologiques nous a confirmé dans cette impression. Mme Bisson publia en toute indépendance Les Phénomènes de matérialisation (1914), qui constituent le meilleur recueil d’observations brutes sur l’hallucination objective, que Richet appelait « ectoplasme » - par analogie avec les mouvements amibiens[47] -, Schrenck-Notzing « téléplasme » ou « idéoplasme », et Morselli « néoplasme » ou « stéréophantasme »[48].

   Ce livre est le résultat de quatre années de travail mené avec le médium Marthe Béraud (née en 1886) qui porta le pseudonyme d’Eva Carrière. Marthe, considérée par Mme Bison comme sa propre fille, vécut chez celle-ci jusqu’à son mariage en 1925.

   Si révolutionnaire étaient en France ces observations qu’elles déchaînèrent après-guerre les passions et les calomnies les plus basses, tant dans les milieux rationalistes que dans les cercles spirites (qui reprochaient à Mme Bisson de n’être pas des leurs) et même, hélas, à l’Institut Métapsychique (à l’initiative d’E. Osty, très sceptique quant à ces phénomènes, pourtant reproduits expérimentalement depuis quelque soixante ans).

   Malgré les contre-expertises présentées par von Schrenck-Notzing (qui avait assisté à de nombreuses séances) et ses arguments décisifs qu’on ne s’est jamais, et pour cause, donné la peine de discuter, Mme Bisson fut exclue du comité français du congrès de Paris en 1927. L’opinion publique s’en mêla : parce que Marthe Béraud n’avait jamais été prise, durant ses expériences avec Mme Bisson et plus tard avec G. Geley, en flagrant délit de trucage, le journaliste P. Heuzé crut bon de publier des aveux de fraude du médium que celui-ci lui contraignit de rectifier publiquement par voie d’huissier. La lettre de Mme Béraud adressée à P. Heuzé est sans équivoque. En voici un passage : « Je ne voulais pas répondre aux médisances et calomnies que vous déversez sur moi à plaisir ; mais cette fois la mesure est combe. Vous vous permettez de publier de prétendus aveux sur la non-vérité de mes phénomènes. Vous voulez vous faire un nom et une situation à mes dépens : c’est un but comme un autre, mais que, au moins, vos insultes ne dépassent pas les suppositions. Sinon, vous tombez directement dans la diffamation caractérisée. » Suivait une liste de rectificatifs.

   La négation est la pire forme de crédulité, disait J. Guitton. L’imbécillité savante, comme l’ignorance ou l’intérêt, conserve bien sûre ses droits en parapsychologie, et l’on trouve encore des parapsychologues contemporains préférant leurs a priori aux faits pour entretenir le discrédit sur ces travaux sans faille.

(extraits de J. Alexandre-Bisson, Les phénomènes dits de matérialisation, Alcan, Paris, 1914.)

B.    Des mains venues de nulle part (p.101)

« … Lui, fascinant/ et fin, sous l’invisible armure du silence/ toutes les nuits s’en vient de l’oubli la revoir/ lui tendre des deux mains ce bol brûlant d’étoiles/ et d’un bord de l’absence à l’autre, l’adorer. » Pierre Emmanuel

   En 1919 fut fondé en France l’Institut Métapsychique International (I.M.I.). Charles Richet, pionnier de la parapsychologie et prix Nobel de physiologie, en fut le président d’honneur et y nomma comme directeur un médecin, Gustave Geley (1868-1924). Si celui-ci y étudia la « métagnomie »[49] du médium Ossowiecki et fit des expériences sur la dessiccation des tissus organiques, il est surtout connu pour ses travaux sur l’ectoplasmie avec des médiums polonais, travaux dont les conclusions confirmaient pleinement les observations d’Aksakof, de Morselli, de Mme Bisson et de von Schrenck-Notzing. Les « matérialisations » de J. Guzik (1879-1928) furent observées par de nombreuses personnalités scientifiques françaises, mais formellement niées peu après par une commission de la Sorbonne.

   Le psi étant toujours une réalisation du désir – et, de ce fait, généralement non reproductible –, on conçoit facilement que les résultats puissent varier du tout au tout selon les croyances de l’expérimentateur. Ainsi, dans les séances de matérialisation plasmatique, les expérimentateurs sceptiques induisent télépathiquement la fraude du médium et voient ainsi leurs préventions confirmées. Ces actes manqués, ou psi missing, ont été mis quantitativement en évidence par l’école statistique américaine. On comprend alors mieux, sous cette lumière, les polémiques qui firent et font encore rage autour de certains « événements » psi quant à leur existence ou même seulement quant à leur déroulement causal.

   Pour étayer leurs témoignages vis-à-vis des matérialisations, certains expérimentateurs anglo-saxons, à l’initiative du Pr W. Denton (1875), obtinrent des moulages de mains en plaçant près du médium un seau d’eau chaude où surnageait une couche de paraffine. Ces mains téléplastiques plongeaient dans le bain, puis rapportaient à l’expérimentateur le mince gant de paraffine figée, à l’intérieur duquel elles se dématérialisaient. Geley reprit en 1920 ces expériences avec le médium F. Kluski (1874-1944), banquier et écrivain, qui mit bénévolement ses dons au service de la parapsychologie et fit avec la Société polonaise d’études psychiques, sous la direction d’Okolowicz, quelques trois cent quarante expériences de matérialisation.

(extraits de G. Geley, L’ectoplasme et la clairvoyance, Alcan, Paris, 1924.)

C.    Un défi au temps et à la matière (p.125)

« Inventer, c’est penser à côté. »

Albert Einstein

   Les figures plasmatiques étant des objectivations de désirs, on ne s’étonnera pas qu’avec les meilleurs médiums les fantômes paraissent parfois posséder tous les attributs d’un être humain, non seulement vestimentaires mais aussi physiologiques (pouls, respiration, sensorialité et motricité externes) et même psychologiques (intentionnalité, parole).

   Dans les cas de poltergeists (« esprits frappeurs » de maisons hantées), on observe assez fréquemment des phénomènes d’ « apport » ou de dématérialisation d’objets, qui ont été étudiés en séance expérimentale par différents chercheurs.

   Les cas que nous présentons ci-dessous, associant des fantômes à ces processus d’apport ou de dématérialisation, ont l’intérêt de montrer l’extraordinaire complexité qu’atteint parfois un événement psi et de situer l’orientation de certaines réflexions sur le temps, l’espace et la matière, telles qu’elles sont effectuées actuellement par le Groupe français d’étude et de recherche en parapsychologie (G.E.R.P.).

   Ces cas sont extraits de l’autobiographie d’un médium remarquable, Mme d’Espérance (1855-1919), dont nous reparlerons plus loin.

(extraits de E. d’Espérance, Au pays de l’ombre, Leymarie, Paris, 1889.)

               III.    La physique des fantômes

    1. Fluides et ectoplasmes (p.139)

« La table s’endormit

La conversation l’ennuyait. »

Malcom de Chazal

   Le soulèvement d’un objet sans contact corporel (télékinésie)[50] avait été mis en évidence expérimentalement par le Français Gasparin en 1854. Cinquante ans plus tard, un groupe de chercheurs (dont Richet, d’Arsonval, Branly, les Curie et Bergson) démontra que le poids du médium (en l’occurrence Eusapia Palladino) augmentait du poids de l’objet lévité.

   Restait à déterminer la nature du lien énergétique. L’Italien Morselli admit le premier l’identité du « fluide » produisant les télékinésies avec la substance ectoplasmique. Cette hypothèse fut validée expérimentalement par les multiples travaux de W.J. Crawford, professeur de mécanique à l’université de Belfast, qui parvint à photographier des « téléplasmes » faisant office de levier.

   Parallèlement, von Schrenck-Notzing (1862-1929) aboutissait aux mêmes conclusions en comparant ses observations à celles de différents chercheurs. L’étude que nous présentons est extraite de son livre Phénomènes physiques de la médiumnité (Payot, Paris, 1920). Il y conclura que ces « leviers plasmatiques » ne sont nullement une condition nécessaire aux télékinésies, mais seulement un épiphénomène contingent, une rationalisation secondaire objectivée inconsciemment par les expérimentateurs. Il rejoignait ainsi la conception de Morselli qui voyait dans toute figure plasmatique un rêve matérialisé. Les études contemporaines de l’auteur de cette anthologie ont généralisé ce modèle en caractérisant le psi par une complémentarité significative[51] et non une transmission d’informations : entre le médium et le fantôme, entre le sujet psi et l’objet lévité, entre l’agent et le percipient, il peut objectivement ne rien y avoir[52].

    1. Comment s’ébauche une apparition (p.153)

« Le fantôme se matérialise par un simulacre de volume. L’enveloppe débilite l’objectivité du volume ; elle provoque des vertiges de connaissance nutritive, des représentations gélatineuses, virtuelles, angoissantes du volume. » Salvador Dali

   Mis à part ses différents travaux sur l’hypnose et la voyance, A. von Schrenck-Notzing, qui enseigna la médecine à l’université de Munich, fut, et de loin, le plus grand expérimentateur des phénomènes physiques de la médiumnité. Il a tout étudié (les raps, les lévitations, les apports, les poltergeists, la télékinésie, la télépathie), travaillé de plus avec tous les grands médiums de son époque (Paladino, Stanislawa Tomczyk, les frères Schneider, Nielsen, Maria Silbert, Stanislawa Popielska, Cazzera), et apporté enfin à ses recherches une intelligence, une précision et une énergie sans égales.

   Tout comme W.J. Crawford (1880-1920), E. Morselli ou J.A. Bisson, il n’est cité par les auteurs contemporains de parapsychologie que pour être dénigré. Les plus innocents raisonnent ainsi : puisque les phénomènes ectoplasmiques n’existent plus, c’est donc qu’ils n’ont jamais existé. C’est oublier que le psi n’est pas un phénomène, mais un événement s’inscrivant toujours dans un contexte historique précis (en l’occurrence le spiritisme et la révolution industrielle), et donc que l’effet de déclin, cher à l’école statistique américaine, est une de ses constantes. Les extra-terrestres du soucoupisme ont maintenant remplacé les morts du spiritisme : bonnet blanc et blanc bonnet.

   Les caractéristiques macroscopiques du « plasma » non figuratif ont été décrites de façon similaire par tous les chercheurs depuis 1850 (cf. Aksakof, Crookes, Delanne, Richet, Geley, Lebiedczinski, Imoda, Frondoni-Lacombe, etc.).

   Extraits de l’ouvrage précédemment cité, nous présentons ici une étude comparative, par Schrenck-Notzing, de ses observations sur l’élaboration du « téléplasme » avec celles de Crawford. Schrenck-Notzing précisera ailleurs la genèse des figures plasmatiques, dans son principe identique aux formes abstraites. Il établira, de plus, un rapport entre la densité apparente (visuelle) du « plasma » et son degré (tactile) de solidité. Il est enfin le premier à avoir constaté que l’impression de « vent froid », si fréquemment ressentie en cours de séance par les assistants, correspondait en réalité à une basse de température de l’air entourant le médium, et constituait par conséquent une source énergétique possible.

    1. Une substance parfois invisible (p.165)

« Les passions humaines, comme les plantes, comme les êtres, ne se forment pas à la lumière ; leur premier développement exige l’obscurité chaude et close des bas-fonds de la conscience. Jeter sur elles, pendant qu’elles germent, le rayon cru d’un aveu, c’est presque toujours les frapper d’une atteinte mortelle. » Léon Blum

   Après la mort accidentelle de Gustave Geley, le Dr Eugène Osty (1874-1938) prit sa succession à la direction de l’IMI. Il s’était rendu célèbre par de remarquables travaux sur la voyance. Ses nouvelles fonctions le contraignirent à étudier l’ectoplasmie dont l’existence lui paraissait très douteuse.

   Les séances expérimentales se déroulant le plus souvent en lumière atténuée ou dans l’obscurité – pour des raisons qu’on sait maintenant d’ordre psychique et non physique –, Eugène Osty et son fils Marcel, ingénieur, entreprirent des expériences afin de déceler, dans l’obscurité, du « plasma » non lumineux (c’est-à-dire invisible). Ils sollicitèrent un médium célèbre, Rudi Schneider (1908-1957), qu’avaient déjà étudié von Schrenck-Notzing, René Sudre et Harry Price. Les expérimentateurs utilisèrent avec succès des faisceaux de rayons infra-rouges : ils constatèrent en effet une absorption de ceux-ci lors de la production de « plasma ».

   Nous présentons ici quelques passages de leur livre Les Pouvoirs inconnus de l’esprit sur la matière (Alcan, Paris, 1932), en rappelant au préalable quelques caractéristiques des idéoplasmes qu’Osty ignorait :

-        au cours de certaines télékinésies à la lumière du jour, l’expérimentateur sent parfois au toucher le levier téléplastique bien qu’il ne soit pas visible ;

-        cette visibilité est objective et subjective : le médium peut décrire par percipience le lieu et la forme de téléplasme. Dans l’obscurité, certains observateurs présentant des facultés nyctalopes voient le « plasma » sous une forme nuageuse avant que les autres assistants ne le voient sous une forme plus condensée ;

-        le téléplasme présente le plus souvent des pulsations lumineuses.

   Le mérite d’Osty est d’avoir rapporté ces pulsations au rythme respiratoire du médium (aspect qu’on rapprochera ultérieurement de la psychophysiologie du yoga). Ces expériences ont été confirmées par l’Anglais C. Hope en 1932. Néanmoins, le psi s’objectivant selon l’idée que s’en fait l’expérimentateur, on ne s’étonnera pas de la conformité des observations d’Osty avec son scepticisme : il n’observa jamais de matérialisations comparables à celles d’un Schrenck ou d’un Morselli.

    1. Sous la lentille du microscope (p.187)

« … Ceux-là dont les désirs ont la forme des nues » Charles Baudelaire

   Les métapsychistes s’étaient évidemment préoccupés de déterminer la nature exacte de l’ectoplasme et firent des prélèvements à cette fin au cours de séances d’expérimentation. Les résultats parfaitement contradictoires qu’ils obtinrent confirment cette « loi » fondamentale de la parapsychologie : les processus psi se déroulent conformément à l’idée que s’en font les protagonistes. Rien d’étonnant à cela, puisqu’il s’agit toujours de concrétisations directes de désirs, conscients ou non.

   Ainsi, les spectateurs spirites demandaient fréquemment à l’apparition l’autorisation de découper un morceau de ses vêtements ou une touffe de ses cheveux, afin d’en garder un souvenir tangible. Selon qu’ils croyaient à une certaine permanence physique de l’ « esprit » ou qu’ils estimaient au contraire sa matérialisation éphémère, le prélèvement se stabilisait (constituant ainsi un « apport ») ou se sublimait inexplicablement.

   C’est cette seconde hypothèse que retinrent les métapsychistes. De plus, comme l’ectoplasme laissait fréquemment des traces – après sa disparition – sur le vêtement du médium, ces chercheurs en firent l’analyse. Von Schrenck-Notzing recueillit ainsi, au cours d’une séance avec Marthe Béraud, un liquide inodore et insipide qui donna après évaporation du chlorure de sodium et du phosphate de calcium, comme les humeurs organiques. Cet auteur et P. Lebiedczinski, qui firent tous deux des examens microscopiques de ce liquide, en donnèrent la même interprétation : il s’agissait probablement de débris organiques entraînés par l’ectoplasme lors de son extériorisation. Tous les observateurs spécialisés avaient en effet remarqué que le « plasma » sortait généralement du corps du médium, le plus souvent par les orifices naturels[53]. Les analyses suivantes sont extraites des livres, déjà cités, d’Alexandre Bisso et de von Schrenck-Notzing.

    1. Un accouchement réversible (p.193)

« Lourdes 1967 : 1 guérison miraculeuse, 24 accidents de la route. » Michel Audiard

   La déformation ou la dématérialisation, sous l’influence d’un psychisme, n’est pas l’apanage des objets. Des transformations structurales réversibles du corps humain (par exemple du modelé du visage et même du squelette du médium), que les spirites appelaient « transfigurations », ont été observées par des chercheurs comme Adare (1869), Maxwell (1906), Demonchy (1907) et rapprochées de certaines guérisons paranormales.

   Les milieux spirites anglo-saxons de la fin du siècle dernier fournirent divers rapports sur des cas de dématérialisation corporelle partielle (et même parfois complète), objectivée par des mesures pondérales du médium. Olcott pesa même, en 1874, la substance ectoplasmique qu’il rapporta à la dématérialisation partielle du corps du médium ; des expériences similaires furent entreprises par Crawford vers 1915[54]. L’enquête la plus détaillée sur un tel cas a été présentée par Aksakof (1832-1902), dans un livre paru en 1895 qui rassemblait les observations circonstanciées de onze témoins. L’auteur, conseiller d’Etat en Russie, avait déployé une très grande activité dans l’investigation des phénomènes paranormaux. Son ouvrage, Animisme et Spiritisme (Leymarie, Paris, 1895), était mondialement connu à l’époque.

   La production d’ectoplasme a été fréquemment comparée à un accouchement « réversible » ; cette image se justifie particulièrement lorsque la situation psi dans laquelle se trouve le médium s’objective par des perturbations physiologiques importantes, qui atteignent parfois les dimensions d’une grande attaque d’hystérie, comme ce fut le cas pour Marthe Béraud. La crise « à la Charcot », qui a pratiquement disparu de nos jours en France, comportait schématiquement quatre phases :

-        des prodomes (aura hystérique) : douleurs et palpitations suivies d’une perte de connaissance ;

-        une période épileptoïde : convulsion cloniques[55], aboutissent chez le médium à la production de plasma ;

-        une période de transes, où l’hystérique mime des événements imaginaires et qui correspond pour un médium au comportement apparemment autonome d’un fantôme ;

-        une période terminale, avec retour progressif à la conscience ; le plasma réintègre le corps du médium, qui éprouve alors une sensation de délivrance.

IV.            Les diverses explications

A.    Un rêve qui se matérialise (p.209)

 « La forme est l’excrément de la vie. » Prenant

   Psychiatre et anthropologue, familiarisé dès le début du siècle avec la psychanalyse, Enrico Morselli (1852-1929) publia en 1908 l’un des ouvrages les plus complets sur la médiumnité physique, qu’il avait surtout étudiée avec Eusapia Paladino. Il fut, avec le philosophe von Hartmann, l’un des maîtres de von Schrenck-Notzing.

   Pour illustrer l’origine inconsciente des figures plasmatiques et répondre à certaines critiques qui furent faites des travaux de J. Alexandre-Bisson, nous avons choisi une étude synthétique de von Schrenck-Notzing. Selon cet auteur, les apparitions matérialisent parfois des souvenirs du médium et même, dans certains cas, des assistants.

   Le caractère général de ces « idéoplasmes » est d’être des représentations imaginaires, qui peuvent ou non correspondre à des faits réels. Ainsi l’apparition peut représenter un événement futur, une fantaisie du médium ou encore des personnes (vivantes ou décédées) seulement connues de l’expérimentateur ou d’un assistant. Il est d’ailleurs en parapsychologie tout aussi vain de distinguer le psi individuel du psi collectif que de faire des classifications temporelles ; cela est particulièrement évident en ce qui concerne les phénomènes médiumniques.

(extraits de Phénomènes physiques de la médiumnité, op. cit.)

B.    Le circuit si (p.221)

« Entre des yeux qui se regardent, la lumière déborde. » Paul Eluard

   Le propre d’une suggestion est d’être ambivalente, à la fois objective et subjective. Si, sous hypnose, la personnalité des médiums se modèle en fonction de suggestions provenant autant d’eux-mêmes que de leur entourage, il n’y a là rien de différent des processus de la mémoire, du rêve ou de l’intuition, qui appartiennent tous au domaine de l’imaginaire. Dans le cas de suggestions très prégnantes, ces personnalités secondes présentent un caractère durable d’une séance à l’autre, sans que les médiums se souviennent en général de ce qu’ils ont été, dit ou fait en cours d’hypnose.

   Lorsque, dans une séance expérimentale d’ectoplasmie, ces personnalités secondes s’objectivent sous forme plasmatique, c’est-à-dire lorsque des rêves collectifs se matérialisent, on conçoit que les observateurs d’un milieu spirite voient dans l’ « esprit incarné » la preuve de leurs croyances, alors qu’il s’agit en fait d’un pari actif réussi.

   Mme E. d’Espérance, sans doute à cause de son équilibre et son intelligence, fut un des rares médiums, dans l’histoire de la parapsychologie, susceptible de garder toute sa lucidité dans les transes les plus profondes. Aussi son témoignage concernant ses états psychiques et somatiques lors de la production de figures plasmatiques présente-t-il pour la recherche une valeur considérable. Comme ceux de Bisson ou de von Schrenck-Notzing, il est hélas totalement occulté par la plupart des laborantins de la parapsychologie contemporaine. L’existence de Napoléon ne se démontre pas au moyen d’une expérience ; c’est une évidence première. Les témoignages humains valent par leur abondance et leur crédibilité ; c’est un second lieu commun. On peut, certes, contester l’objectivité des fantômes ; mais c’est l’histoire, en tant que science, qu’on invalide du même coup. Une telle attitude, de la part d’un chercheur, relève tout bonnement de l’escroquerie ; qu’elle puisse être collective montre à quel point la réalité dépend des idéologies.

      Les témoignages présentés ci-dessous sont extraits de l’autobiographie de Mme d’Espérance et de l’ouvrage qu’Aksakof lui a consacré, tous deux déjà cités : ils illustrent bien le concept de « circuit psi », de feedback[56] sémantique que manifeste le processus de matérialisation spirite. En termes schématiques, on dira que les assistants transmettent télépathiquement, par voie inconsciente, des désirs et des intentions vers le médium qui les matérialise sous la forme d’ectoplasme[57].

C.    Les morts reviennent-ils ? (p.243)

« Il faut toujours avoir deux idées : l’une pour tuer l’autre. » Georges Braque

   René Sudre (1880-1968) fut incontestablement le plus pénétrant parapsychologue que la France ait jamais connu. D’une culture scientifique encyclopédique, il incarne le prototype d’une forme d’esprit, ouverte et pugnace, indispensable à qui veut se mêler de parapsychologie, cette science des faits au rebut. Tout ce que la recherche statistique a mis laborieusement en évidence depuis 1940 était déjà formulé avec une parfaite clarté dans son traité de 1926, inégalé à ce jour.

   Très critique vis-à-vis de la psychanalyse freudienne qu’il considérait comme la doctrine d’un monomane, il lui reconnaissait néanmoins le mérite d’avoir établi que l’inconscient est moins un problème psychologique que le problème de la psychologie.

   C’est dans cette perspective épistémologique qu’il situa son combat contre le spiritisme, dont l’idéologie dominait en France les milieux métapsychiques du début du siècle. Nous avons choisi un chapitre de son livre Personnages de l’au-delà (Denoël, Paris, 1946), qui a le mérite de situer la polémique de l’époque et rappeler, de façon toujours actuelle, l’extrême prudence nécessaire à l’interprétation des faits psi.

   Son approche très rationaliste n’épuise cependant pas la question de la réincarnation. La question a-t-elle d’ailleurs un sens quand on sait que les phénomènes psi remettent en cause notre conception du temps et de l’espace comme celle des rapports de l’esprit et de la matière ?

   Tout processus psi se caractérisant par son ambivalence affective et se définissant comme une coïncidence significative, seules une logique du contradictoire (réel/imaginaire, signifiant/signifié, causalité/finalité, etc.) et une métaphysique du devenir peuvent en rendre compte. C’est donc vers les philosophes de Lupasco, de Bateson, de Hegel, d’Empédocle ou de Lao-Tseu que la parapsychologie doit tourner son regard.

D.    Quelques approches psychanalytiques (p.255)

« Chacun, à partir du moment où il prend conscience de lui-même, participe à sa propre création. » Marcel Jouhandeau.

   Le psychiatre suisse Carl Gustav Jung (1875-1961) tient une place immense dans l’évolution des idées théoriques en parapsychologie. Il s’est toujours, contrairement à Freud, intéressé aux événements psi. Publiée en 1902, sa thèse de médecine, qui s’appuyait sur les travaux de Flournoy, traitait déjà d’un cas de médiumnité : l’auteur y décrivait la personnalité seconde qui se manifestait sous hypnose comme une personnalité future, en train de s’élaborer. Sa théorie des complexes, que nous présentons ci-dessous, en est un prolongement direct ; elle rend bien compte du comportement apparemment autonome et absurde de certains « spectres ».

   La conception qu’il se faisait du rêve (et qui constitue une autre extension de cette thèse initiale) éclaire également certains aspects étranges des fantômes. Jung voyait dans le rêve l’expression directe (nulle censure n’intervenant) de l’état présent de la psyché[58]. Aussi les approches causaliste (de type freudien) et finaliste n’étaient-elles pour lui que deux interprétation complémentaires (l’une relative au passé, et l’autre au futur) de ce présent affectif. Rien d’étonnant, dès lors, à ce que les fantômes – ces rêves matérialisés – manifestent des connaissances prémonitoires, tant par leur comportement physique que dans les messages qu’ils transmettent oralement ou par écrit[59].

   Jung généralisa toutes ces perspectives dans la théorie de la synchronicité (1952) – l’un des modèles, encore actuellement, les plus satisfaisants du psi – qu’il définissait comme l’étude autant que la création de significations reliant simultanément (et non causalement) faits objectifs et faits subjectifs. Le psi, pour Jung, est une situation affective, et ne saurait se réduire à une fonction, comme veulent le croire certains expérimentalistes. Il apparaît donc vain, de ce point de vue, d’espérer rendre compte de la matérialité (d’ailleurs variable) des fantômes sous le seul angle de la physique, puisqu’il s’agit d’une réalité symbolique.

   C’est pourquoi nous présentons également au lecteur un autre extrait de l’œuvre jungienne traitant des relations objet-sujet, lesquelles ne peuvent être élucidées sans une réflexion morale et métaphysique.

(extraits de L’Homme à la découverte de son âme, Payot, Paris, 1966.)

E.    Le regard du poète (p.283)

« Un rêveur est celui qui ne trouve son chemin qu’au clair de lune et qui, comme punition, aperçoit l’aurore avant les autres. » Oscar Wilde

   Jung, dont la profonde médiumnité servit les activités thérapeutiques se demandait si son exploration de l’inconscient relevait de l’art ou de la science.

   L’interrogation vaut pour le parapsychologue. S’il ne sait, dans sa vie personnelle, ressentir la rencontre fortuite des instances et des circonstances, s’il ne peut produire ces fioretti[60] qui donnent leur sens à la vie quotidienne, sa recherche se réduira au métier de fossoyeur. Ce n’est pas en photographiant des fantasmes qu’on prend la mesure de ce qui ne saurait en avoir. Le psi impose une autre réalité que l’objective : celle de l’affectivité.

    Le surréalisme (suivant en cela les traditions ésotériques) s’était donné pour mobile l’espoir de déterminer le point où le passé et le futur, le haut et le bas cessent d’être perçus contradictoirement. « C’est vivre et cesser de vivre qui sont des solutions imaginaires. L’existence est ailleurs. » (André Breton)

   Charles Duits (né en 1925), qui participa au mouvement surréaliste et s’intéresse actuellement à la philosophie des sciences, livre ses expériences de méditation, ses observations sur le rêve et ses réflexions sur la « substance mentale » dans un livre intitulé La Conscience démonique (Denoël, Paris, 1974), cet état très peu altéré sans lequel il n’y aurait pas de création.

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[46] La léthargie et la biostase sont des états physiologiques inhabituels. La première est caractérisée par l’atténuation des fonctions vitales, la seconde par leur suspension.

[47] L’amibe réagit au milieu extérieur par un écoulement de sa substance en prolongements ou « pseudopodes », au moyen desquels elle capte sa nourriture. La membrane périphérique de cet être unicellulaire, considéré à l’époque de Richet comme l’expression la plus simple de la matière vivante, est appelée encore aujourd’hui « ectoplasme ».

[48] Chaque chercheur y est allé de son néologisme pour désigner ce qu’on nomme communément apparition, fantôme ou spectre. Il suffira au lecteur de se rappeler que le suffixe –plasme (plasmie, plastique, etc.) désigne une « formation matérielle » et que les préfixes télé- et stéréo- signifie respectivement « à distance » (comme dans télévision) et « en relief » (comme dans stéréophonie). L’auteur de cette anthologie n’a pas échappé à cette manie en proposant oniroplasme (« rêve matérialisé ») ; il utilisera indifféremment tous ces termes dans les introductions des chapitres suivants, sans oublier ceux de substance, proposé par Mme BIsson, et de plasma, dont on trouvera une justification au chapitre III. E.

[49] Connaissance paranormale du passé, du présent ou du futur.

[50] Etymologiquement : « mouvement à distance ».

[51] Un signe, dans son acceptation linguistique, se compose d’un signifié (le « sens » d’un mot) et d’un signifiant (la « forme », écrite ou verbale, du même mot). On appelle signification la relation entre signifié et signifiant. De tels concepts peuvent être appliqués a priori à un événement quelconque.

[52] L’école « psychotronique » contemporaine s’est efforcée, pour des raisons purement idéologiques, d’étayer expérimentalement l’hypothèse d’une « bioénergie » qui rendrait compte objectivement de tous les phénomènes psi. Elle n’a jamais mis en évidence que des épiphénomènes électromagnétiques qui n’ont strictement rien à voir avec la nature du psi. L’un des plus célèbres est l’effet Kirlian, abusivement confondu avec l’aura plasmatique et dont l’industrie du merveilleux s’est immédiatement emparé.

   Par ailleurs, l’étude du phénomène psi comme la « xénoglossognosie » (compréhension paranormale de langues étrangères) montre à l’évidence que ce sont des signifiés et non des signifiants qui sont transmis, c’est-à-dire que la transmission n’est pas de nature matérielle.

[53] En fait, les analyses microscopiques ne permirent pas de spécifier exactement l’origine de ces traces organiques. Selon Mme Bisson, la matière de ces traces ne présente pas la même apparence que celle, pourtant variée, de la substance des apparitions proprement dites : il s’agit d’un liquide très blanc, comparable à de la crème fouettée (et donc différent de la salive), qui se matérialise fréquemment (en quantité abondante, au niveau de la bouche) avant la production d’apparitions et qui succède parfois à leur sublimation sous forme de traces (semblables aux traînées laissées par une limace), séchant rapidement sous les yeux.

[54] Il n’est pas certain néanmoins qu’il existe une relation pondérale constante entre le médium et l’ectoplasme. Il peut s’agir là encore d’un a priori « matérialisé » de l’expérimentateur et/ou du médium.

   D’autre part, des chercheurs contemporains ont émis l’hypothèse que l’ectoplasme serait simplement un plasme physique (c’est-à-dire de la matière où les électrons sont séparés de leurs noyaux), d’origine organique. Voir les références sur Herbert, Rejdak et Sergejev dans la bibliographie.

   En fait, de nombreux métapsychistes (J. Ochorowicz et M.E.K. Muller en particulier) avaient déjà noté, simultanément à la production de « fluide » télékinétique ou ectoplasmique, une odeur d’ozone et une ionisation de l’atmosphère. Par contre, une modification structurale du corps du médium n’était pas constamment observée. Aussi la « substance » - lorsqu’elle présente un caractère éphémère et qu’elle ne constitue donc pas un « apport » - semble-t-elle provenir indifféremment d’un PK préalable du médium sur son propre corps ou d’un PK direct sur l’atmosphère. Dans les deux cas, l’ionisation rend bien compte de divers aspects (formes, couleurs, luminescence) de la « substance » et justifie à son propos le terme de « plasma psi ». Cette question sera développée dans le volume XII de la présente collection.

[55] Nombreuses et violentes.

[56] Terme de cybernétique désignant une action de contrôle en retour ou rétroaction.

[57] Par définition, le circuit psi est l’aspect cybernétique (bien que simultané) de la situation psi, tel que le percipient (ici le médium) projette objectivement vers l’agent (ici les assistants) des signifiants, que l’agent introjecte subjectivement, en termes de signifiés, vers le percipient.

[58] H.G. Baynes déclarait plaisamment que la théorie freudienne du travestissement du rêve ressemble à la réflexion d’un Anglais visitant Paris, qui affirmerait que les Parisiens parlent d’une façon absurde dans le but de se moquer de lui.

[59] Sur les relations entre projection de l’image parentale et « revenants », voir C.G. Jung, Dialectique du moi et de l’inconscient, Gallimard, coll. Idées, Paris, 1964, p.134-135.

[60] Ces « petites fleurs » en italien.