LES POSITIONS THEORIQUES DU GERP

 

 

auteur : GERP, texte collectif 1975/76

 

Pour soutenir ses recherches et ses réflexions, le GERP admet actuellement deux hypothèses fondamentales :

1 - Les phénomènes parapsychologiques sont homogènes et universels

 

En disant qu'ils sont homogènes , on affirme qu'ils ont la même "nature", qu'ils relèvent de la même compréhension, de la même explication : fondamentalement non seulement télépathie, prémonition, psychocinèse, clairvoyance, matérialisation, hantises, etc., mais encore tous les phénomènes liés à la magie, à la sorcellerie, au mysticisme, et même aux "soucoupes volantes", s'expliquent, se comprennent de la même façon. Ce serait donc une erreur au niveau de la recherche fondamentale, de les traiter comme des phénomènes étrangers les uns aux autres.

Cette affirmation de l'homogénéité des phénomènes parapsychologiques est en fait la conséquence de leur universalité. Dire qu'ils sont universels, c'est affirmer globalement que le "psi est partout". Comment faut-il le comprendre ?

A un premier niveau, cela signifie que ces phénomènes sont naturels, par opposition à surnaturels (pour ceux qui estiment que les lois naturelles sont bafouées dans la prémonition, les matérialisations, les poltergeists), à magiques (comme dans la sorcellerie, l'alchimie, etc.) ou à miraculeux (comme dans les guérisons de même nom ou les phénomènes liés au mysticisme). Cela signifie aussi qu'ils sont normaux, par opposition à pathologiques : en eux-mêmes, ils ne sont ni sains, ni malsains, mais expriment l'état général de santé ou de maladie, de crise ou de conflit de celui ou de ceux qui participent aux phénomènes.

 

Ces affirmations soulèvent déjà des problèmes de fond par rapport aux opinions suivantes :

 

- d'une part, certaines positions religieuses s'opposent complètement à l'idée de considérer las miracles comme des phénomènes naturels : c'est bien en effet parce qu'ils ne sont pas naturels, parce qu'ils violent les lois de la nature qu'ils expriment la toute puissance de Dieu (c'est la thèse de St Thomas d'Aquin) .

Mais d'autres pensent que Dieu ne peut pas nier ses propres lois, et que les miracles doivent être des phénomènes naturels encore inexplicables pour nous, (voir St Augustin, et aussi beaucoup de religieux modernes).

- d'autre part, en opposant magique à naturel, d'aucuns soulignent non seulement le caractère maléfique des phénomènes, mais encore leur puissance extraordinaire. Il est incontestable que certains phénomènes font peur (et attirent parce qu'ils font peur) : dire que c'est de nous-mêmes que nous avons peur ne satisfait pas complètement le sens commun. Aussi, faut-il admettre la notion d'un "champ collectif" (voir plus haut) qui serait la source d'une énergie capable de conférer une puissance exceptionnelle à ce que certains appellent des manifestations "diaboliques".

A un deuxième niveau, dire que les phénomènes psi sont partout signifie qu'ils sont sociaux et historiques. Sociaux : tout phénomène est le produit de

l'interaction de plusieurs personnes ; c'est l'idée de "circuit psi" (J . Mathieu,

F. Favre) . Et historiques, en ce sens que cette interaction est elle-même marquée par tous les phénomènes qui caractérisent un moment, une situation historique et culturelle : la sorcellerie, le chamanisme, le mesmérisme, le spiritisme, les OVNI sont des produits d'une certaine société, d'une certaine époque (F. Favre, P. Viéroudy).

Le psi est un évènement avec une dimension socio-historique et non un simple phénomène au sens physicien. Aussi les tentatives plus ou moins réussies depuis deux siècles, de reproduction des mêmes phénomènes psi, sans cesse reprises sous prétexte que les chercheurs précédents n'avaient pas pris toutes les précautions nécessaires, ou possédaient des instruments insuffisants, ou encore que le phénomène aIlégué était - encore et toujours - trop improbable pour être vrai, toutes ces tentatives de pure reproduction ne sauraient à elles seules en dépit de leurs succès fréquents couvrir le domaine de la parapsychologie : elles sont trop limitées à l'aspect simplement phénoménal du psi. 

Mais c'est à un troisième niveau, que se trouve la racine véritable de l'universalité des phénomènes parapsychologiques : ils sont tous caractérisés par le rôle essentiel qu'y joue l'affectivité, la signification, l'intention, le désir. Par exemple :

- en télépathie, le contact est d'autant plus facile que le lien affectif entre agent et percipient est plus fort. De plus, ce qui est transmis n'est pas un message codé mais bien une signification, un sentiment , une impression, etc.

- la psychocinèse ne peut être définie que comme la coïncidence d'une intention de l'agent avec un phénomène physique plus ou moins improbable, à la limite anormal.

- chez les mystiques, c'est l'amour de Dieu et chez les sorciers, le désir de nuire ou d'influencer, qui coïncideront avec les phénomènes constatés, etc.

Nous estimons (contrairement à l 'opinion courante) que dans tous les cas, cette coïncidence entre un phénomène objectif et un évènement subjectif est beaucoup plus importante que le caractère anormal ou inexplicable du phénomène objectif. C'est en fait d'abord la coïncidence qui a besoin d'être comprise.

Nous pensons donc que le même besoin d'explication se fait sentir Iorsque telle coïncidence se produit entre des événements ou des phénomènes dits "normaux".

Par exemple :

- nous ne comprenons pas comment la recherche, l'intention de trouver, se transforment en invention effective ; et tout ce que nous savons des grands inventeurs (comme notre expérience plus modeste) semble montrer qu'une forte charge d'affectivité est liée à ce passage.

- nous interprétons nos rêves et y retrouvons notre affectivité, mais nous ne savons pas comment le rêve a été construit. Rien n'est changé à ce constat si le rêve contient des éléments prémonitoires ou des souvenirs.

- nous utilisons tous les jours notre imagination en transformant des émotions en images, des questions en réponses. Comprendre l'imaginaire devient donc un problème fondamental en parapsychologie.

- plus généralement, nous ne comprenons pas comment l'intention d'agir se transforme en action, l'intention de percevoir en perception. Gasparin disait déjà en 1855 : "Expliquez-moi comment je peux lever ma main , et je vous expliquerai comment lever une table (à distance)." Certes, nous connaissons très bien la chaîne de cellules nerveuses qui va du cerveau aux muscles de la main ; mais nous ressentons notre intention de bouger la main comme étrangère à cette chaîne, et nous ne comprenons pas comment la première agit sur la seconde. De la même façon, le médium sait opérer, mais ne sait pas comment il opère.

Notre hypothèse d'universalité consiste donc à affirmer que tout évènement matériel qui coïncide avec une intention relève par définition de l'approche parapsychologique.

2 - Les phénomènes parapsychologiques (au sens large défini ci-dessus) sont déterminés autant par des fins (futures) que par des causes (passées)

Cette seconde hypothèse vient soutenir la première. Pour faire passer au second plan le caractère anormal des phénomènes, qui souvent contredisent les lois physiques connues (prémonition, matérialisation, comportement anormal des projectiles dans les poItergeists, etc.), il faut bien supposer que ces lois ne sont pas aussi rigides, ou mieux aussi totalitaires que notre civilisation scientifique nous a habitués à le penser. Il faut supposer plus exactement q'une partie ou un aspect de l'univers échappe aux lois de type causaliste (admettant que tout phénomène est déterminé par une cause antérieure au phénomène lui-même.)

 En effet , les phénomènes psi les mieux étudiés refusent de se plier aux formes classiques des lois physiques. Par exemple, la transmission télépathique ne dépend pas de la distance ni des obstacles éventuels, alors qu'en physique l'énergie transportée par une onde diminue toujours avec la distance. Plus généralement, la forme de cette transmission psi dépend de l'expérimentateur : celui qui cherche une onde, une énergie, un levier les trouve et celui qui les refuse constate leur inexistence ; (certains processus psi, tels que la prémonition ou la psychocinèse rétroactive contredisent directement le principe de causalité).

Enfin, l'intention, le désir qui s'expriment dans tout phénomène psi sont de nature finaliste : le but visé, la fin ultérieure contraignent, déterminent le présent .

Le déterminisme des événements apparaît donc, du point de vue parapsychologique, comme causal et final .

Chacun tire de ces deux hypothèses les conséquences qui le concernent le plus ; c'est dire qu'au niveau des conséquences, des divergences commencent à apparaître. Nous nous limitons donc ici à soulever les deux conséquences les plus directes et les plus souvent évoquées, puisqu'il s'agit surtout ici de préciser les orientations et les travaux du GERP.

Première conséquence , les sciences objectives ne peuvent pas apporter de réponse complète aux questions soulevées par la parapsychologie.

Les sciences objectives (physique, chimie, biologie) ne peuvent découvrir que des lois objectives ; or celles-ci ne décrivent, nous l'avons vu, qu'une partie de la réalité.

Néanmoins, de tout temps, on a cru pouvoir "expliquer" les phénomènes parapsychologiques en s'appuyant sur les découvertes les plus récentes de la science : le magnétisme à l'époque de Mesmer , les ondes radio pour expliquer la télépathie au début du siècle, et encore maintenant, la mécanique quantique ou la relativité depuis une quarantaine d'années. Ces placages n'ont jamais tenu dans le passé ; nous pensons qu'ils ne tiendront pas davantage dans l'avenir (M. Duneau).

En fait, les effets de ces placages sont plutôt négatifs : ils génèrent un vocabulaire pseudo-scientifique, équivoque et flou (ondes, fluide, hasard, etc..) qui brouille les idées plus qu'il ne les clarifie.

Les sciences objectives peuvent certes apporter, par l'expérimentation, une meilleure connaissance objective des phénomènes. Mais on ne peut rien leur demander de plus. En effet, un événement psi pris dans sa totalité n'est pas reproductible puisqu'il est situé socio-historiquement et puisqu'il doit être interprété, compris et non pas seulement mesuré.

Aussi certains membres du GERP pensent-ils que les sciences humaines, par opposition aux sciences physiques, peuvent aller au delà de cette limite (par exemple, en s'appuyant sur le modèle proposé par JUNG, causaliste et finaliste, contrairement à celui proposé par FREUD qui n'est que causaliste).

C'est une orientation possible pour la réflexion et la recherche (F.Favre).

 

Les sciences humaines ou plus précisément celles qui s'intéressent à la pensée, à l'imaginaire, à l'affectivité, au "sujet", mettent d'abord l'accent sur les finalités cachées économiques, politiques, idéologiques des sciences dites objectives. Un savoir, un pouvoir, soit. Mais pourquoi faire ? La question est trop rarement posée. Et en fait, les phénomènes psi ont été beaucoup plus récupérés par la religion ou le commerce que par la science.

Les "sciences psychiques" sont souvent des couvertures idéologiques, des justificatifs sommaires aux croyances ou aux confusions les plus diverses, pour ne rien dire des escroqueries qui ne s'y greffent que trop facilement (citons pêle-mêle : l'effet Kirlian, les guérisseurs philippins, le biofeedback, les prétendus contacts avec les saints ou les extra-terrestres, toutes les soi-disant applications de la parapsychologie).

Dans son essence, l'approche subjectiviste de la parapsychologie implique que le sens d'un événement quelconque provient toujours de l'homme.

Aussi cet événement n'est-il jamais la "preuve" d'un Sens qui serait étranger à l'homme, mais le pari réussi, la réalisation effective d'un sens qu'il s'est donné, consciemment ou non. Quelles que soient les apparences objectives, il arrive toujours à chaque homme ce qui lui ressemble. En niant cette implication, on sort du champ de la parapsychologie et on rentre dans celui de l'idéologie (qu'elle soit spiritualiste ou matérialiste).

Deuxième conséquence : on sent le besoin de formuler les hypothèses sur cette partie de la réalité qui échappe à la causalité, au déterminisme objectif.

Nous sommes actuellement aux questions préparatoires qui doivent guider la recherche au sein du GERP, telles que :

- ces deux aspects complémentaires de la réalité, qui semblent toujours en correspondance, en "empathie" l'un par rapport à l'autre, que sont-ils ? S'agit-il de la matière et de l'esprit (ou de la psyché) (P. Janin) ? Faut-il de plus attribuer des propriétés particulières à celui qui est vivant (voir les thèses de Lupasco) ? Ou bien s'agit-il de la combinaison de la conscience et de l'inconscient (voir sur ce point les théories de JUNG sur l'inconscient collectif et la synchronicité, telles qu'elles sont reprises par F. Favre) ?

- de quelles façons les fins peuvent-elles contribuer à déterminer un phénomène ? On sait par exemple que les symboles jouent un rôle très important en parapsychologie (c'est évident dans les rêves, la télépathie, la magie, etc.). Peut-on affirmer qu'il y a des "lois symboliques" déterminantes, et en quoi consisteraient-elles (P. Janin) ? Dire qu'une partie de la réalité est "finaliste", n'est-ce pas aussi affirmer que des événements présents sont directement influencés par des choses futures ? D'où l'idée que dans cette part non causale de la réalité le temps fonctionne peut-être à l'envers de celui que nous connaissons (F. Favre) .?

- d'une façon plus "physicienne", comment les fins peuvent-elles se combiner aux causes, en particulier au niveau de la matière ? Est-ce la personnalité humaine qui construit la réalité, par une synthèse du passé et du futur dans le présent (F. Favre : théorie du champ psi de la signification et du déterminisme affectif).

 

QU'ETUDIE LA PARAPSYCHOLOGIE ?

auteur : GERP, texte collectif 1975/76

 

Pour le grand public, le champ de la parapsychologie est flou et comprend approximativement l'ensemble des faits que la science met au rebut, faits invraisemblables ou impossibles.

Une table qui lévite sans le secours d'aucun contact mécanique et dans des conditions rigoureuses d'observation, est-ce un phénomène psi ? Nullement. C'est seulement un événement physique qu'on n'arrive pas actuellement à décrire rationnellement ni à reproduire. Ce qui est "psi", c'est la relation entre la lévitation et le désir avoué ou supposé d'un individu, de déplacer la table au moyen de sa seule pensée : le psi est la coïncidence significative de ces deux données.

Un rêve, quel qu'il soit, est d'abord un événement psychique. La psychanalyse s'efforce d'en rendre compte la plupart du temps uniquement de l'intérieur. Si ce rêve s'avère coincider dans sa forme ou son contenu avec un événement extérieur que le rêveur ne pouvait connaître, on dira qu'il s'agit là d'une coïncidence significative, parfois spontanée, parfois expérimentale, autrement dit d'un événement psi.

La terme de "perception extra-sensorielle" (ESP) est donc inadéquat, car il sous-entend un processus essentiellement physique, une transmission objective d'énergie ou/et d'information ; il en est de même pour le terme de "télékinésie" (mouvement à distance), que l'on emploie pour décrire la lévitation d'une table.

Néanmoins, pour des raisons de commodité, la classification ci-dessous (énumérant les principaux types de coïncidences significatives qu'étudie la parapsychologie) comporte des termes que l'usage a imposés dans le public et même dans les milieux parapsychologiques.

 

A - COINCIDENCE AVEC DES ETRES VIVANTS

agent A ---------------- Percipient B

L'individu A peut être le même que l 'individu B, et A ou B peuvent représenter un groupe d'individus.

1 - Communication psycho-physique (entre deux psychismes ou à l'intérieur d'un psychisme unique)

C'est ce qu'on appelle en général la voyance, la métagnomie, la paragnosie ou l'ESP. On distingue en fonction du temps trois catégories de communications :

- l'émission apparente (ou agence), c'est-à-dire l' événement ou l'état psychologique personnel ou collectif qui sont "transmis", est simultanée à la réception apparente (ou percipience) : on parle de "télépathie" (communication affective à distance), parfois de percognition lorsque le percipient est supposé seul actif.

- l'agence est antérieure à la percipience : il s'agit lors de rétrocognition. La mémoire est la forme banale que prend la rétrocognition quand elle a lieu entre le sujet et lui-même (A et B identiques) .

- l'agence est postérieure à la percipience : on dit que le percipient fait une prémonition ou une précognition.

2 - Communication psycho-somatique (entre le psychisme et un corps)

On distingue selon le degré de complexité, des modifications :

- fonctionnelles : dans l'hypothèse à distance, le somnambulisme, le dermographisme, l'écriture automatique, etc.

- organique : dans certaines maladies psychosomatiques (comme l'ulcère gastrique, la rectocolite hémorragique), les guérisons miraculeuses, les

stigmates, etc.

- structurales temporaires : déformation du squelette, dématérialisation corporelle, lévitation corporelle, etc

 

B - COINCIDENCES ENTRE ETRES VIVANTS ET MATIERE INANIMEE

(psycho-physique)

 

 

être vivant A agent objet ou évènement physique B

percipient

 

1-L'être vivant est agent

On utilise le terme générique de "psychocinèse" (action par la pensée) ou PK dont l'effet apparent peut se produire dans le présent, le futur ou le passé.

Citons parmi les PK :

- la télékinésie (déplacement d'objet à distance)

- les raps (bruits inexplicables)

- la psychophotographie (impression à distance d'une pellicule)

- la dématérialisation et la rematérialisation (apport) d'objet .

 

2 - L'être vivant est percipient (ici l'agence n'est plus d'origine subjective : c'est un état ou un processus matériel)

Ce type d' ESP est appelé clairvoyance. Elle peut se produire en relation avec un événement physique passé, présent ou futur.

 

C - COINCIDENCESCOMPLEXES : LES APPARITIONS

 

Les aspects figuratifs des apparitions sont très variés : fantômes humains, apparitions religieuses, soucoupes volantes (OVNI), etc. On distingue, parmi elles, des hallucinations :

- subjectives et individuelles (ESP)

- subjectives et collectives (ESP de groupe)

- objectives (ectoplasmie ou oniroplasties, c'est-à-dire "rêves matérialisés" à l'extérieur du sujet.)

 

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