1. Les significations
inhabituelles
2.Les significations en général
1. qualitatives
2. quantitatives
3. associées
En un sens restreint, la
parapsychologie étudie scientifiquement les faits "magiques"
(dits paranormaux ou psi), càd à la fois inexplicables
dans l'état actuel de nos connaissances et
déterminés par une intention. Au sens le plus large,
elle étudie les phénomènes à dominante
nettement finaliste. C'est une définition physiquement
négative qui implique que le corpus de ces
phénomènes évoluera nécessairement avec
nos connaissances. Se résorbera-t-il entièrement avec
le temps ? La réponse est non si l'on considère 1/ que
tout raisonnement scientifique est fondé analogiquement sur le
déterminisme irréversible du monde physique (la cause
précède l'effet et l'engendre par un transfert
objectivable d'énergie, support de l'information) et 2/
qu'aucun phénomène psi ne relève d'un transfert
objectivable d'énergie (certains, sinon la totalité,
d'entre eux se définissant avec certitude par une inversion
temporelle).
Cette définition négative peut évoquer la morale
en ce sens que celle-ci, dans un cadre intersubjectif (càd
objectif à un certain niveau, mais final) s'énonce
moins en termes positifs (obligation) qu'en termes négatifs
(interdiction). Les sociétés ne peuvent en effet
exister que s'il existe des règles contraignantes pour tous .
Ainsi du tabou de l'inceste, commun à toutes les
civilisations, ou des commandements de la Bible, pour les religions
monothéistes. Mais, au niveau personnel, l'interdiction de
l'inceste, comme le remarquait Lévi-Strauss , devient une
obligation d'exogamie, "la règle du don par excellence" ; et
les commandements bibliques peuvent être librement
interprétés de façon positive, son expression
négative préservant les choix de chacun.
D'autre part, il existe beaucoup de phénomènes qui ne
sont pas traditionnellement considérés comme magiques
et qui relèvent certainement en partie ou en totalité
d'un déterminisme final : la conduite morale bien sûr,
mais aussi la perception et la conceptualisation, l'imagination et
l'action, la mémoire, les processus subjectifs (dits souvent
à tort) inconscients, les désirs, les conversions
psycho´somatiques, etc. En somme, toutes les significations,
toutes les créations, tout ce qui appartient en propre au
vivant. La parapsy théorique se doit donc d'intégrer
ces phénomènes dans son champ propre. Dans cette
perspective générale, on peut dire que les
phénomènes psi recensés par les parapsychologues
sont une catégorie particulière de significations (les
inhabituelles, les nouvelles, les créatives), qui semblent en
contradiction flagrante avec les modèles physiques
contemporains. C'est pourquoi le psychanalyste Jung, en accord avec
le physicien Pauli, avait objectivement défini le psi comme
l'ensemble des coïncidences significatives acausales. Il aurait
dû néanmoins ajouter "rares", car toutes les
significations sont en partie acausales.
CRITERE COGNITIF : le psi est hautement improbable objectivement.
Mais où est la ligne de démarcation entre
coïncidence significative et information puisque toute
information est subjectivement une signification nouvelle ? La
différence entre les deux est qu'une information est purement
quantitative, alors qu'une signification (notion plus
générale) ne l'est pas.
CRITERE DETERMINISTE : le psi est par définition impossible au
vu de l'idéologie causaliste des Occidentaux. Une relation de
causalité implique à la fois une transmission
objectivable d'informations et une durée non nulle entre cause
et effet. Or le psi se caractérise soit par une inversion
temporelle (par quoi on peut définir la subjectivité),
soit par un transfert instantané (par quoi on peut
définir l'imaginaire) et, dans les deux cas, par une
transmission inobjectivable. Du point de vue de la physique moderne,
ces trois propriétés sont liées. Il n'est donc
pas étonnant qu'un événement psi, produit par un
désir, transmettant une intention, contredise toujours une loi
scientifique "causale" (qui porte sur un ou plusieurs
phénomènes), quelle qu'elle soit. Imaginez la loi
physique la plus générale qu'on puisse un jour
concevoir : le parapsychologue (au moins le théoricien que je
suis) fait le pari qu'on pourra toujours trouver un sujet psi qui
produise un (ou des) événement(s) qui l'infirme(nt),
mécaniquement ou statistiquement.
CRITERE COMPLEMENTARISTE : L'information et la signification ne
relèvent pas seulement du cognitif, mais également du
conatif : une action volontaire (qu'elle soit consciente ou non)
informe et signifie.
L'objectivité d'une signification n'est pas
indépendante du sujet. Elle est objective dans l'exacte mesure
où l'on y croit. Une signification ne relève donc pas
de la catégorie dualiste propre à la logique du tiers
exclu (du vrai/faux : tel événement est objectif ou
subjectif, réel ou imaginaire), mais du symbolique (à
deux valeurs complémentaires au moins : la forme est aussi le
contenu, la pulsion est aussi l'action, le signifiant est aussi le
signifié). Dans cette perspective, l'essence d'une
signification est un affect.
Ce qui, pour un individu, est évident, lumineux (càd
"complémentaire") peut être, pour un autre, absurde,
nonsensique (càd "contradictoire"). De plus, une signification
fluctue, même pour un seul individu , selon le moment et le
lieu.
Une grande difficulté de la définition du psi tient au
type d'observation : niveau, mode, angle, etc. (et ce même dans
un sens métaphysique) : ce qui est psi pour un observateur ne
l'est pas pour un autre. Exemples :
- Cas le plus simple : un tirage de loterie. Si je rêve que je
vais gagner avec tel numéro et que je gagne, ce
résultat sera considéré comme strictement
aléatoire, "normal" par un observateur neutre (si je ne lui ai
rien dit) ou par un sceptique (même si je l'ai prévenu
à l'avance). Par contre, une série de réussites
successives contraindra le sceptique à attribuer au
phénomène une signification, que cette coïncidence
soit interprétée comme PK (à tort) ou comme ESP
(à raison). La signification n'est liée qu'à la
probabilité de coïncidences entre deux séries.
Rappelons en effet qu'un événement physique anormal
n'est jamais psi en tant que tel : c'est la coïncidence
a-causale et significative entre cet événement et la
déclaration (le souhait) du sujet qui est psi. De même,
un rêve anormal (probable, répétitif) n'est
jamais psi en soi, il est seulement psycho-pathologique ; pour parler
scientifiquement de psi, il faut établir ou constater une
coïncidence a-causale significative entre ce rêve et un
fait extérieur. Enfin, la coïncidence peut très
bien avoir lieu entre deux faits "normaux" (prémonition
ci-dessus de la loterie, télépathie, clairvoyance)
;
- Niveaux différents : Une décision, finale, de l'Etat
est un déterminisme causal pour moi (par exemple
l'interdiction de fumer dans le métro) ; de même, dans
la mesure où je décide de mon destin, cela pèse
causalement, entropiquement, sur l'Etat. Entre partie et tout, le
temps - comme l'espace - s'inverse.
François Mitterrand, tenant d'une histoire
événementielle, demandait à l'historien Georges
Duby si les apparitions de Jeanne d'Arc étaient "vraies".
Celui-ci lui répondit que la question ne se posait par pour
l'historien : le fait est que tout le monde y a cru et que l'histoire
de France en a été changée ;
- Au même niveau, La croyance a priori est souvent
décisive, déterminante. Ainsi les soucoupistes croient
aux témoignages, même les plus farfelus ; alors que les
rationalistes ne croient en aucun. Idem pour les miracles. Noter que
le psi se produit même avec des charlatans, pourvu que le
client y croie : exemples de voyantes, de guérisseurs ou de
psychothérapeutes. Noter également la
circularité sociale de toute rumeur : peu importe que le
premier ovni signalé au public ait été
réel ou imaginaire, certaines personnes y ont suffisamment cru
pour en produire et/ou en percevoir objectivement (traces
photographiques ou autres). D'où un effet boule de neige, qui
finit à la longue par fondre au soleil de la raison mais qui
renaîtra ailleurs sous une autre forme.
De façon générale, le psi peut être vrai
(ou faux, càd inexistant) à deux niveaux successifs, ou
être vrai à un niveau et faux à l'autre. (Cf.
aussi chapitre 6 : ethnocentrisme.)
- Cas limites : s'observent dans des situations où est
ignoré l'aspect significatif de l'existence, càd son
aspect complémentariste. Ainsi la physique classique ignore le
rôle de l'observateur et les événements à
caractère intentionnel : ce qu'elle observe n'est jamais psi.
A l'inverse, le rêveur baigne dans un univers magique : tous
les événements, les personnages, le décor sont
psi.
L'introduction du finalisme dans la définition du psi ne tient
pas à un a priori métaphysique, mais à une
définition minimale. Un phénomène physique
improbable mais non intentionnel ne relève pas a priori de la
parapsy. L'intentionalité en jeu est une finalité
intrinsèque au sujet considéré, immanente et
subjective donc, et n'implique a priori aucune transcendance
métaphysique. En assimilant (avec raison) le psi à la
créativité, on peut effectivement parler de
transcendance, mais dans un sens purement moral : il s'agit de se
dépasser soi-même. La tâche du théoricien
sera ainsi d'expliquer en quoi cette finalité immanente est
capable de surdéterminer la causalité extérieure
(pourtant globalement dominante, càd transcendante).
Or non seulement l'histoire humaine individuelle va du probable
à l'improbable, du simple au complexe, mais aussi toutes les
histoires : sociale, biotique et cosmique. D'où une question
obligée pour le théoricien : tous les
phénomènes intrinsèquement improbables ne
seraient-ils pas psi ? Autrement dit, toute entité
matérielle ne serait-elle pas douée
d'intentionnalité ?
La parapsy se distingue catégoriquement de
l'ésotérisme en ce qu'elle affiche une vocation
exotérique, commune à toutes les sciences
institutionnelles occidentales, et ne se cantonne pas dans une
symbolique locale (comme on peut le voir dans le freudisme, avec sa
clef des songes et sa psychanalyse didactique, et dans les
occultismes de toutes sortes, fussent-ils "savants"). De tous temps,
des hommes impartiaux ont tenté de comprendre les
phénomènes réputés magiques ; d'où
les extraordinaires progrès des sciences "objectives", au
détriment bien sûr des études sur le sujet en
lui-même et de tous les processus finalistes évidents.
Une étude scientifique continue de ceux-ci (la première
parapsychologie) ne remonte qu'à la fin du XVIIIe
siècle. Elle a très vite éclatée en de
multiples branches ( hypnotisme expérimental ; psychologie
qualitative puis quantitative, confinée dans l'étude du
comportement ou de la raison ; psychologie clinique, confinée
dans celle du pathologique ; psychologie dynamique ; psychologie de
l'imaginaire ; psychologie animale, etc.) qui, chacune,
évincent tel ou tel aspect gênant de ces manifestations,
eu égard au paradigme dominant -physicaliste, càd
réaliste et objectiviste- de la science occidentale. Seule la
parapsychologie contemporaine n'a rien renié du psychisme et
tente toujours une approche globale de celui-ci.
La parapsy étudie les relations inhabituelles entre
réel et imaginaire, et entre sujet et objet. Nous verrons que
ces deux couples ne sont pas identiques mais complémentaires.
Cet aspect fondamental se manifeste dans les buts que se donne cette
discipline :
- Dans sa visée la plus générale, elle cherche
à nous éclairer sur la créativité, les
limites des sciences occidentales (càd les mythes sur lesquels
elles se fondent et qui nous surdéterminent), la notion de
sens, les différences entre loi (objective) et règle
(subjective), la nature de l'espace/temps ;
- Dans sa visée la plus intime, elle entend, par une
démarche à la fois physique et morale (qui
déborde très largement la psychologie et la philosophie
occidentales), modéliser de façon
complémentariste les relations entre conscience et
volonté, soi et autrui, l'individu et le groupe, le Moi avec
lui-même.
Son but ultime, métaphysique, serait de dégager les
principes complémentaires d'une destinée individuelle
(quel que soit le niveau considéré) construite. Au
niveau humain, le philosophe Jean Guitton a proposé une
nouvelle discipline en ce sens, qu'il appella "tychologie" (de tuch :
hasard).
Comment expliquer scientifiquement (rationnellement ou causalement)
des faits qui n'en relèvent pas a priori ? La réponse
est simple : la parapsy doit se plier à un déterminisme
logique, par définition orienté (il relie
prémisses et conséquences) et intemporel (en
théorie du moins, puisqu'en pratique tout raisonnement
opératoire demande du temps), mais qui ne relève pas du
tiers exclu : cette logique doit être complémentariste
(du tiers inclus).
La parapsy théorique se donne donc pour tâche
première de décrire, puis de formaliser le
déterminisme final propre à l'intention et, enfin, de
formaliser les interférences entre finalité et
causalité (la première surdéterminant localement
la seconde dans tout processus psi), interférences
complémentaristes puisque l'une se définit par rapport
à l'autre, quantitativement ou qualitativement. Mais pour
formaliser ces interférences, il faut évidemment que le
langage décrivant le déterminisme intentionnel soit
compatible avec celui du déterminisme scientifique habituel,
càd de préférence logique (mathématique)
plutôt que verbal (sciences molles), puisque le paradigme des
sciences dures est la physique. Le moteur comme le résultat de
ces interférences complémentaristes étant
essentiellement affectif, la tâche dernière de la
parapsy théorique ne peut être que d'ordre
"poïétique" , dont tous les arts sont l'expression.
Le terme "parapsychologie", d'usage initialement américain,
prévaut pour désigner cette discipline, car elle ne
s'est massivement implantée que dans les universités
américaines. Ce terme est inadéquat, car la discipline
englobe et déborde l'ensemble des diverses écoles de
psychologie, contredit les interprétations courantes des
théories physiques contemporaines, nécessite une
théorie sémantique générale
(réputée impossible), nie la validité
universelle de la théorie de l'information, conteste la
portée métaphysique de toutes les logiques non
complémentaristes, etc. Ce terme est également
désastreux, car de nombreux praticiens du psi (voyants ou
guérisseurs) ont repris le terme à leur compte sans
avoir la moindre compétence scientifique et sans
présenter de garanties déontologiques. D'où une
équivoque entretenue dans le grand public par ces praticiens
et relayés par les grands média (dont l'escroquerie est
la principale ligne de conduite) aussi bien que par les
détracteurs du psi (tous matérialistes ou
rationalistes), enchantés d'une telle aubaine.
CIRCUIT PSI : c'est l'aspect dynamique de la situation psi, telle qu'elle est formalisée par l'auteur dans son modèle théorique (du même nom). Terme forgé en 1976. Ce modèle spatio-temporel distingue deux couples de complémentaires : objet/sujet et réel/imaginaire. Le premier couple intéresse l'orientation du temps (causal/final) et le second, celle de l'espace (introjection/projection).
ESP - n.f. : abréviation américaine de "extra-sensory
perception". Terme générique proposé par Rhine
pour désigner toute forme de connaissance psi. Classiquement,
on oppose les ESP spatiales, télépathie (communion psi
entre deux personnes) et clairvoyance (représentation psi d'un
événement physique), aux ESP temporelles,
précognition ou prémonition (connaissance psi du futur)
et rétrocognition (connaissance psi du passé). En fait,
toutes les ESP ont les mêmes propriétés
psychologiques (d'où le terme général de GESP),
et les modes de connaissance psi ne sont certainement pas perceptifs.
C'est pourquoi l'on préférera le terme unique de
percipience, que l'auteur a proposé en 1971.
OVNI - n.m. : abréviation d' "objet volant non
identifié" (en anglais, UFO : "unidentified flying object").
Terme générique proposé par Ruppelt et
désignant des engins présumés extraterrestres,
communément dénommés "soucoupes volantes" depuis
1947. Comme toutes les apparitions, leur degré d'objectivation
(directement liée aux croyances des protagonistes) est
variable.
PARAPSYCHOLOGIE - n.f. : discipline étudiant les
événements psi. Terme proposé par Dessoir en
1889. Principaux synonymes (par ordre historique) : magnétisme
animal, somnambulisme ou hypnotisme expérimental, spiritisme
(en anglais : "spiritualism") expérimental, recherches
psychiques (en anglais, "psychic" désigne tout
phénomène paranormal), paraphysique,
métapsychique (pays latins), psychotronique, paranormologie,
psychophysique (mais le mot a d'autres sens), recherche psi.
L'appellation actuelle la meilleure, et la moins utilisée
(sauf au Québec), est en fait celle proposée par
L.Bélanger et G.Béney en 1978 : psilogie.
PK - n.m. ou n.f. : abréviation de psychocinèse (ou
"psychokinésie"). Du grec kinhsiV, mouvement. Terme
générique proposé par Rhine pour désigner
toute impulsion psi. Cette action peut intéresser le corps du
sujet (guérison inexplicable), celui d'autrui ou un
matériau quelconque (solide, liquide ou gazeux ; macro- ou
microscopique) ; d'où un effet PK ("animation" de la
matière). Synonyme d'agence. Le rétro-PK désigne
une action psi sur le passé ; et la
télékinésie, un déplacement apparemment
instantané d'objet à distance.
POLTERGEIST - n.m. : terme archaïque allemand ("esprit
frappeur") désignant en français des effets PK
variés, spontanés et répétitifs,
rapportés le plus souvent à un adolescent. Synonyme de
hantise de personne ou petite hantise (pour la distinguer des
apparitions répétitives en un même lieu). Le
terme allemand moderne est "spuk" ; le terme anglais est "RSPK"
(recurrent spontaneous PK). Les raps (en anglais : "petits coups secs
et durs") en constituent la forme la plus fréquente et la plus
simple.
PSI - n.m. ou adj. (première lettre grecque de yuch, le
souffle vital, l'âme) : désigne en pratique l'ensemble
des coïncidences significatives entre un événement
physiquement inexplicable et un désir plus ou moins conscient
de le produire. Proposé par Thouless en 1942. Au sens habituel
(restrictif), le terme désigne des événements
objectifs extraordinaires en relation supposée avec une
pensée. Synonyme de magique, paranormal et bio-information
(Russie). En général, il s'agit d'une coïncidence
significative "intrasubjective" (dont le type le plus parlant est la
télépathie), que le sujet soit un couple, un individu,
un complexe inconscient ou un groupe. La problématique psi ne
fait donc que renvoyer au fondement, qu'on peut qualifier d'affectif,
de la signification et de la communion. A ne pas confondre avec "psy"
(n.m. ou adj.), qui désigne en abrégé un
professionnel de la psychothérapie, ou ce qui y est
relatif.
PSI-MISSING - n.m. (anglais) : désigne dans
l'expérimentation statistique un résultat
significativement inférieur à l'attente statistique.
Terme proposé par Schmeidler en 1949. Attribué en
général à l'incrédulité du sujet
(consciente ou non) relative à la possibilité
d'occurrences paranormales. Synonyme de psi négatif.
SITUATION PSI : situation affective (à la fois état et
tendance) au cours de laquelle peut se produire un
événement psi. Terme proposé par l'auteur en
1972. Les chercheurs américains parlent d' "autres
états de conscience" ( et non altérés, selon une
traduction fautive). Il s'agit en fait le plus souvent d'une
situation très banale où le sujet est à la fois
branché sur le monde extérieur et son monde
intérieur, mais de façon paradoxale selon les
conceptions de la psychologie de la conscience
(hégémonique en Occident). C'est le cas, par exemple,
lors du réveil qui suit un rêve et, plus
généralement, lors de toute conduite automatisée
(qui génère ipso facto une "attention distraite").
Cette situation se retrouve dans un couple affectivement uni, dans la
communion de groupe, dans une foule et même dans une
société (idéologie, religion, mythes).
L'hypnose, la transe, le dédoublement de personnalité
en sont des formes plus rares et plus impressionnantes.
SUJET PSI : toute personne éprouvant et/ou produisant
fréquemment des événements psi. On distingue,
dans les cas de télépathie, un agent et un percipient.
Synonyme de médium, sensitif, paragnoste, etc.
Pour le grand public, le champ de la parapsychologie est flou et
comprend approximativement l'ensemble des faits que la science met au
rebut, faits invraisemblables ou impossibles. Comme nous l'avons dit
précédemment, les événements psi sont des
coïncidences significatives "provoquées" entre deux
faits, que ceux-ci soient chacun conformes ou non à une loi.
Une table qui lévite ne peut être
considéré comme un événement psi que si
un désir peut lui être associé ; sinon, il s'agit
vraisemblablement d'un tour de passe-passe ou d'un tremblement de
terre. Un rêve psi est le lien significatif qu'on repère
entre le récit d'un rêve et un événement
extérieur que le sujet ne peut présentement
connaître ou contrôler. Dans tous les cas cependant, la
transmission supposée n'est certainement pas liée
à une énergie physique, et les percipiences ne sont
certainement pas des "perceptions extrasensorielles" (détails
dans le chapitre 2). Mais le fondateur de la parapsychologie
statistique, l'américain Rhine, a imposé ce terme
calamiteux : il est resté en usage chez ses successeurs et est
pris au pied de la lettre par le grand public.
En somme, la classification américaine se fait selon deux
critères :
- l'un, relatif à la nature supposée de la source : la
télépathie renvoie au psychisme de sources vivantes,
alors que la clairvoyance intéresse des sources purement
physiques ;
- l'autre, temporel, relatif au moment supposé de
l'émission : si celle-ci est approximativement
simultanée à la percipience, on parle de clairvoyance
ou de télépathie ; si elle est future, de
précognition ; et passée, de post- ou de
rétrocognition.
Il y aurait d'abord avantage à systématiser tout
à fait le vocabulaire en introduisant, entre
"rétrocognition" et "précognition", le moyen terme de
percognition, pour remplacer l'ensemble habituel
"clairvoyance-télépathie". Par ailleurs, on a parfois
subdivisé cette classification selon le nombre de sources (on
parle par exemple de poly-télépathie) et suivant que le
percipient est son propre agent ou non (auto- ou
hétéro-précognition, par exemple). Cette
multiplication de termes résulte de l'hypothèse
théorique rhinienne, très floue, selon laquelle ces
phénomènes, tous différents, relèveraient
d'organes sensoriels et moteurs inconnus, mais qu'on mettra tôt
ou tard en évidence. Outre le fait que la transmission psi
n'est certainement pas de nature objectivable, de nombreux cas
spontanés ou expérimentaux ne rentrent pas du tout dans
cette classification, soit qu'on y trouve associés
différents types, soit encore que des types différents
en rendent également compte, soit enfin qu'elle ne s'applique
à aucun d'entre eux.
Bien qu'elle soit très incomplète et en partie
erronée, voici une autre classification , proposée par
le GERP, groupe français interdisciplinaire de chercheurs
universitaires, et bien meilleure en tout cas que la classification
américaine :
1) PSI SIMPLE : AGENT A -PERCIPIENT B
L'individu A peut être le même que l'individu B ; A et B
peuvent représenter chacun un groupe d'individus.
a) Déterminisme psycho - psychique : la
télépathie au sens large
- A une télépathie "percognitive" (immédiate)
entre deux personnes correspond pour une seule personne une
intuition, une impulsion corporelle ou une représentation
imaginaire pure (sans aucun lien formel avec la réalité
objective passée, présente ou future),
considérées toutes trois comme "normales".
- Un souvenir ne s'oppose pas à une rétrocognition.
Toute représentation imaginaire est une synthèse de
souvenirs et de désirs. Quand on cherche seulement à se
souvenir, seul apparaît le souvenir en question. La
rétrocognition est une représentation imaginaire banale
à laquelle on associe après-coup un
événement inconnu. D'autre part, la mémoire
psychophysiologique n'a strictement rien à voir avec une
mémoire physique d'ordinateur : les souvenirs, de l'avis
unanime des psycho-physiologistes (même matérialistes),
ne sont pas des "engrammes" biochimiques, des configuration spatiales
mais des configurations temporelles contingentes, sujettes donc
à remaniement, effacement ou restauration ad integrum. Il est
probable donc qu'une remémoration de souvenirs personnels, une
représentation mythique ("archétypique" dans la
terminologie psychophysiologique de Jung) et une
rétrocognition (psi) ont des liens bien plus étroits
que ne le supposent habituellement les parapsychologues
expérimentalistes.
- Une création intellectuelle peut être assimilée
à une auto-télépathie précognitive.
b) Déterminisme psycho <->somatique
- Ces phénomènes sont réversibles ou non : cas,
par exemple, de maladies et de guérisons inexplicables. - On
peut classer les anomalies somatiques selon leur degré de
complexité :
. fonctionnelles (comme le contrôle néo-cortical des
organes internes et de leurs rythmes, le somnambulisme ou
l'écriture automatique),
. organiques (comme les stigmates dermiques ou viscéraux),
. structurales (comme les déformations du squelette ou les
dématérialisations corporelles partielles).
c) Déterminisme psycho <->physique
L'entité physique en jeu ici est considérée
implicitement comme une entité psychosomatique primitive ou
indifférenciée. Quant à l'entité
psychique, elle désigne le plus souvent un être humain,
qui peut être alors :
- soit agent : le PK peut produire un effet matériel dans le
présent, le passé ou le futur, càd une trace
(physique ou physiologique) enregistrable ;
- soit percipient : la clairvoyance au sens large peut être
également relative à un événément
purement matériel présent, passé ou futur.
2) PSI COMPLEXE : par exemple LES APPARITIONS
Il s'agit d'hallucinations (temporaires par définition) qui
peuvent être figuratives ou non (auras, fantômes, ovnis,
apparitions religieuses, etc.) et associées ou non à
une agence et/ou à une percipience. Elles peuvent être
:
- subjectives et individuelles (hallucinations "normales" ou
"paranormales"),
- subjectives et partiellement collectives (hallucinations de
groupe), dont le degré d'objectivité est souvent
paradoxal,
- subjectives et totalement collectives, càd objectives (on
les appelle "ectoplasmies" ; ce sont des rêves
photographiables).
Non seulement la transmission psi n'est pas liée au transfert
d'une énergie physique (ce sur quoi tous les parapsychologues
s'accordent), mais elle n'est pas due non plus à un transfert
d'informations (ce que tous les auteurs nient malgré le
paradoxe, sauf moi).Nous y reviendrons au chapitre 2. Par ailleurs,
le psi ne se cantonne pas aux humains, mais à toute
entité matérielle cohérente : c'est en tout cas
la thèse animiste que je défends (voir chap.6). De
plus, il n'y a pas discontinuité mais continuité entre
les phénomènes paranormaux et les normaux comme je le
développerai ultérieurement (j'y ai déjà
fait allusion en intro de I). Ensuite, un même
événement sera ou non considéré comme psi
selon le point de vue où l'on se place (cf. I.a) ; autrement
dit, une classification qui ne se situe qu'au niveau de l'individu
humain n'est certainement pas pertinente. Enfin, les paradoxes
temporels qu'impliquent la prémonition et le rétro-PK
macroscopiques, pourtant avérés, impliquent que c'est
notre conception du temps et du hasard qu'il faut remettre en
cause.
Dans mon modèle, toute percipience est due à une agence
(alors que dans le modèle américain, on ne peut
automatiquement lier ESP et PK). D'abord parce que tous les
événements psi propres à une entité
quelconque sont à son propre niveau "auto-" (et jamais
directement "hétéro-") : la clairvoyance et la
télépathie au sens "percognitif" de Rhine n'existent
donc plus, mais seulement l'auto-précognition et
l'auto-rétroagence. D'autre part, toute percipience se traduit
par un effet PK physiologique ; car il est bien évident que,
pour tout être vivant, un événement mental est
nécessairement associé à un
événement physiologique. Mon modèle implique
qu'il en va de même pour une entité matérielle
cohérente par elle-même (cas par exemple d'une
particule) : son activité mentale se traduira
nécessairement, au moins à notre échelle
expérimentale actuelle, par un effet PK physique.
1. Les significations inhabituelles
Etant donné qu'il n'y a aucune différence psychologique
entre les diverses ESP ou les diverses tentatives PK et qu'on postule
un déterminisme entre les deux, il faut trouver un
modèle psychophysique justifiant ces similitudes et
décrivant cette détermination.
Le psi est par définition paradoxal : une prémonition
peut être en effet niée en actes (moralement), tandis
que le rétroPK -qui relève du paradoxe logique de
l'ancêtre , cher à la SF- peut être nié en
pensée. Or il existe effectivement des cas bien
avérés de prémonitions d'accident assez
détaillées pour que le sujet les évite. De plus,
les effets PK d'apparence instantanée peuvent être
interprétés, au moment de l'agence, comme la trace
d'effets nouveaux passés, d'autant plus que certains effets PK
apparaissent expérimentalement avant la tentative PK du sujet
et qu'un effet PK supposé postérieur à l'agence
peut être en fait simplement dû à une agence
retardée (une agence n'est pas toujours volontaire) ou au
caractère lent de l'effet. Bien entendu, la
quasi-totalité des parapsychologues, par conformisme ou
incohérence théorique, ne veut pas mettre les paradoxes
temporels au coeur de la problématique de leur discipline.
Une critique qu'on peut faire de la classification américaine
est que le domaine de la parapsychologie est composé
d'événements (uniques) et non de
phénomènes (reproductibles). Or la catégorie
événementielle est particulièrement pertinente
en histoire et généralement dans toute
systématisation de l'imaginaire (par nature créatif).
Ce qui n'interdit donc pas au scientifique de concevoir des
théories de l'improbable (par exemple le lamarckisme en
biologie, le principe anthropique en cosmologie, l'individuation
jungienne en psychogenèse), théories où l'on
pourra retrouver des invariants nouménaux. Mais, en
général, les approches quantitatives de
l'évolution ne nous éclairent pas sur son
déterminisme, non par un vice intrinsèque à la
méthode mais par le conformisme de rigueur chez les chercheurs
(ce sont presque tous des fonctionnaires), dans leurs choix a priori
et leurs interprétations a posteriori.
Toutes les sciences circonscrivent un champ d'investigation dont le
centre est occupé par les phénomènes les plus
fréquents. Le champ de la parapsy devrait au contraire, bien
que ce ne soit pas l'usage, placer en son centre les
"phénomènes" psi les plus improbables, càd des
événements impossibles (qualitativement ou
qualitativement) d'un point de vue cognitif. Pour justifier une telle
démarche, on peut rappeler que, si on compare les sciences
an-historiques (celles du réel pur, de la nature
immédiate), la physique quanto-relativiste est la seule
à étudier en absolu (à l'échelle de
l'univers) des phénomènes fréquents. Plus la
science est spécialisée, plus son domaine est
improbable par rapport à la physique : biologie sociologie
psychologie. Dans les sciences de l'évolution, dites
historiques ou morales (où l'imaginaire surdétermine le
réel), c'est au contraire dans la psychogenèse humaine
où l'on trouve les événements les plus rares (le
génie par exemple, irréductible à toute
causalité). La psychologie génétique de Piaget,
structurale, a repéré des niveaux pertinents
d'évolution, au moins pour la pensée occidentale ; mais
elle ne dit strictement rien de sensé -comme le darwinisme-
sur les passages d'un niveau à l'autre, càd sur les
mutations . La parapsychologie ne s'intéresse au contraire
qu'à elles. C'est donc cette dernière discipline qu'on
peut considérer comme le paradigme des sciences historiques ;
et sans elle, jamais la physique cosmologique ne parviendra à
une théorie unitaire des forces recensées dans
l'univers, càd à expliquer l'histoire de celui-ci.
Autrement dit, ce qui est pertinent en histoire, ce sont les cas
spontanés rares, qui ne peuvent se présenter que sous
forme de récits (puisqu'un événement psi n'est
pas reproductible, la preuve ne peut être que testimoniale), un
récit étant l'équivalent subjectif et temporel,
le complémentaire symbolique d'un objet. Un tel point de vue,
radical, exclut l'essentiel de la parapsy expérimentale, qui
vise presque toujours -en vain- la reproductibilité, au lieu
de se préoccuper de théorie. (Et quand elle s'occupe de
théorie, ce n'est jamais sur l'ensemble des
phénomènes, mais seulement sur une partie d'entre eux
quand ce n'est pas sur un seul : ainsi de la clairvoyance
interprétée, en termes d'information, par une sorte de
radio mentale captant des signaux instantanés, ce qu'exclut la
physique actuelle). Qualitativement, l'aspect le plus visiblement
aberrant des événements psi est évidemment
l'inversion temporelle qui nie le principe sacro-saint de la
causalité physique (le plus grand mythe occidental). Il
s'agirait donc de placer au centre du champ parapsy tous les
phénomènes à franche inversion temporelle
(paradoxaux par nature pour ce paradigme scientifique ; surtout dans
leurs variantes actives, puisqu'elles entraînent une
modification du passé physique). Ces phénomènes
étant apparemment minoritaires dans la réalité
que nous observons, se pose la question quantitative suivante :
quelle est l'ampleur maximale de ces phénomènes ? Une
réponse permettrait de préciser les limites de ces
aberrations cognitives. (Voir chapitre 2.)
2. Les significations en général
Le complémentaire subjectif des événements
physiquement improbables (anormaux) est l'ensemble des
événements spirituellement prévisibles (anormaux
du point de vue spirituel strict). Ainsi une mémoire trop
envahissante peut limiter très gravement la
créativité naturelle de l'imaginaire ; le rationalisme
et toutes les maladies mentales à fonctionnement dominant
"causal" (névrose phobo-obsessionnelle, paranoïa, etc.)
la détériorent gravement.
La distinction entre significations normales et paranormales varie
selon les individus et chez un même individu. On doit de plus
tenir compte du niveau considéré. Par exemple, ce qu'on
appelle télépathie au niveau interindividuel est
l'équivalent normal d'une situation mentale du couple pris
comme entité de référence (intuition, souvenir,
projet, rêve banal, etc.).
Les classifications scientifiques passent généralement
par trois stades. Le premier est purement pragmatique : il s'agit de
recenser le plus commodément les phénomènes
observés à l'intérieur du domaine (on va par
exemple classer les minéraux selon des valeurs à la
fois symboliques et d'usage). Les synthèses
expérimentales (ou théories "causales" partielles)
permettent ensuite de faire des regroupements plus abstraits (ainsi
de la table de Mendéleïev). Une théorie
générale du domaine, le plus souvent causale, permet
enfin de tout classifier selon un ordre génétique,
"réductionniste" (ainsi, en physique quanto-relativiste, on
classera les entités matérielles selon leur niveau
d'élémentarité).
En morale comme en politique ou dans les religions, càd dans
une grande partie des sciences dites humaines (qui s'appelaient
d'ailleurs encore "morales" il n'y pas très longtemps), les
classifications sont en principe finales, càd ordonnées
selon un Bien absolu (avoué ou non) situé dans
l'avenir.
En Occident, les diverses histoires (cosmique, biotique, sociale ou
individuelle) sont fondées sur l'idée objectiviste de
progrès matériel ou économique, de
complexification progressive, qui néglige l'aspect consensuel,
démocratique de la pérennité d'une structure au
profit d'une élite éphémère. Les deux
classifications temporelles de base, causale et finale,
interfèrent donc ici : la chronologie (s.-e. passée)
est apparemment respectée, mais le chercheur
sélectionne en fait dans l'infinité des
événements révolus ceux qui lui conviennent
moralement. Ainsi l'histoire (la mémoire) est continuellement
reconstruite en fonction de l'idéologie régnante,
càd des fins qu'on se donne. Les événements
significatifs choisis sont souvent appelées "mutations" : ce
sont stricto sensu (bien que le mot ne soit pas utilisé) des
événements psi.
Les sciences dures font tout pour escamoter ces choix subjectifs :
c'est le hasard, déifié, qui explique cette
complexification progressive (ainsi du hasard essentiel en
cosmologie, en physique quantique ou dans le modèle darwinien)
et l'on s'en tient à une classification prétendument
objective puisque "causale". Si deux animaux vivant dans une niche
écologique similaire se ressemblent beaucoup mais n'ont pas du
tout le même patrimoine génétique (processus dit
de convergence), on les classe séparément (le hasard
étant mystérieusement devenu entre-temps un artefact)
alors qu'on pourrait concevoir une classification fondée
explicitement sur des convergences finales (le hasard étant
exclu), càd sur une chronologie future.
Par ces divers exemples, on peut comprendre comment devraient
être classés les divers événements psi.
Aucune classification ne peut se prétendre "causale"
puisqu'elle est surdéterminée par des fins (qu'elles
soient empiriques, rationnelles ou théoriques). Tout
classement interdit l'évacuation du hasard, tout classement
est déjà en soi un processus psi. Une bonne
classification des faits psi suppose donc une maîtrise
complète de la complémentarité , càd un
affichage non équivoque du ou des partis pris finalistes de
l'auteur. Je pense que, dès ce premier chapitre, les lecteurs
auront compris que son auteur est un irréductible anarchiste
et qu'il va devoir s'en justifier au nom même de la parapsy
qu'il prône.
Une manière proprement métaphysique de faire un seul
classement à partir des deux précédents consiste
à appréhender le domaine de façon holistique et
topologique : ainsi du "bootstrap topologique" pour la physique des
particules et du circuit psi (cf. ci-dessous) pour les significations
en général, dont la circularité implique une
philosophie écologiste (anti-hiérarchique,
anti-transcendantale, càd immanentiste).
Le schéma topologique du circuit psi se caractérise par
une complémentarité binaire de tous les concepts, y
compris du moi. Sans entrer ici dans les détails, ce
schéma implique, entre autres :
- une conception de chaque moi réel sous la forme spatiale
(durable) d'un schéma corporel et une représentation du
moi imaginaire correspondant sous celle, temporelle (variable), d'une
image de soi ;
- une circularité spatio-temporelle et une
non-prédictibilité objectiviste. Contrairement à
un opinion très répandue, une théorie
scientifique -même mathématisée- d'un certain
domaine de la réalité objective peut être
purement descriptive. René Thom, médaille Fields et
l'un des plus grands épistémologues contemporains, a
fortement insisté sur ce point ;
- une inversion temporelle dans le monde des intentions (celui de la
pensée, de la subjectivité) ;
- un écoulement obligé du temps dans le monde
réel (actuel) : du passé objectif, via maintenant
(posé comme repère fixe), vers le passé
subjectif. Et, inversement, un écoulement obligé de
l'espace dans le monde imaginaire (potentiel) : de l'ailleurs
subjectif, via ici (posé comme repère fixe), vers
l'ailleurs objectif ;
- une application possible de ce schéma à un "complexe
inconscient" (à un Moi secondaire, voire à Soi) aussi
bien qu'à la société (à Autrui), mais
généralement avec inversion temporelle (causal/final)
et spatiale (introjection/projection) par rapport au moi global
individuel.
SCHEMA DU CIRCUIT PSI reproduit dans le Forum interdisciplinaire
N°1, p.169
Le mythe occidental d'un temps objectif que nous parcourrions du
passé vers le futur correspond à une rupture de ce
circuit, motivée par la négation du Moi individuel en
tant que repère absolu. La plupart des modèles en
sciences humaines n'échappent pas à cette
linéarité : les déterminismes subjectif et
imaginaire sont réduits a priori à la causalité
ou à la raison.
Inutile de s'attarder sur le problème de la preuve : on ne
peut rationnellement prouver une signification particulière et
c'est votre droit de ne pas aimer Picasso. Par contre, nul ne peut se
dispenser de preuves testimoniales, même les psychotiques. Et,
chez tout être vivant, la croyance (qui est un pari actif sur
l'avenir) est également constitutive de la signification,
qu'elle soit active ou perceptive.
Outre le problème de la preuve, il y a celui des rapports
entre esprit et corps que nous n'aborderons pas ici : voir sur ce
thème la discussion épistémologique au chapitre
2 et la discussion philosophique au chapitre 6. Il est cependant
d'ores et déjà clair que si la parapsy utilise toutes
les méthodes scientifiques disponibles, sa méthode
spécifique consiste :
- à prouver que telle coïncidence, spontanée ou
produite expérimentalement, est bien psi. En laboratoire comme
sur le terrain (études par exemple de poltergeists), il va de
soi que l'équipe de chercheurs et le sujet psi doivent
créer entre eux des relations empathiques, symbiotiques, mais
aussi se mettre dans un état de "réceptivité
créatrice". Il n'y a pas et il n'y aura jamais de techniques
pour cela. (Sur la créativité, voir chapitre 4 et 5)
;
- à cartographier le domaine en l'explorant (nouveaux
événements, limites) ;
- à tester des modèles théoriques (puisqu'aucun
ne fait l'unanimité).
Toutes les sciences se donnent pour tâche de corréler
des données d'observation (supposées objectives) et des
théories (subjectives) : elles créent ainsi de nouveaux
champs de signification. Les données d'observation peuvent
être, en raison du niveau où l'on se situe,
considérées à bon droit comme strictement
objectives. Les "objets" qu'étudie la physique classique sont
manifestement dénués de toute intentionnalité.
Il en va de même pour les autres sciences dites "dures",
matérialistes dans leurs approches puisqu'elles
n'étudient que des relations causales. Il n'en va pas de
même pour les sciences molles et la parapsy, qui
étudient des relations de signification entre intention et
information, signifié et signifiant. Si certains
théoriciens de sciences humaines évacuent le sens en se
ralliant à une métaphysique purement
matérialiste, cette position est interdite en parapsychologie
puisqu'alors on sort immédiatement de son champ
(précédemment défini). Autrement dit, la
recherche parapsychologique implique une position métaphysique
(donc logique, physique, morale et esthétique) a priori
complémentariste, faute de quoi on parle ou on
expérimente dans le vide.
Toutes les métaphysiques partent de cette évidence
première que chacun de nous a un corps et est un être
pensant. Quid de cette chimère ? Cette problématique
sera développée dans les cours 2 et 6. Rappelons qu'on
peut classer les métaphysiques en trois catégories
:
- moniste : un principe fondamental. Par exemple, une substance
fondamentale (la matière) ou un processus fondamental
(l'esprit),
- dualiste : deux principes antagonistes. Généralement
les deux précédents : l'un spatial et objectif, l'autre
temporel et subjectif,
- complémentariste (X principes complémentaires).
La parapsy habituelle (non théorique) se donne pour objectif
d'observer, de recenser ou de produire des événements
psi, de les analyser et, éventuellement, de les reproduire.
Pour affirmer qu'un événement est psi, on compare deux
séries objectivement indépendantes : 1) les
déclarations d'intention du sujet (évidemment conformes
au protocole, en cas d'expérience) et 2) les données
relatives à la source (en cas de percipience) ou à la
cible (en cas d'agence) présumées.
1. qualitatives
En tant qu'événement, le psi ne peut relever que de la
preuve testimoniale et sa signification, que d'une
appréciation subjective. Néanmoins la preuve
testimoniale n'est pas une preuve "au rabais". C'est la seule dont on
dispose en histoire, càd à propos du vécu
d'autrui, ce qui couvre un domaine infiniment plus vaste que celui
des sciences dures an-historiques. Beaucoup de "réalistes"
-rationalistes et/ou matérialistes- la rejettent.
Sans même parler de métaphysique, on peut
considérer d'un point de vue psychiatrique qu'il s'agit
là de prépsychotiques. Car si ces gens allaient au fond
de leurs convictions, ils douteraient aussi de leur propre
mémoire. Mais ils répliquent, pour valider leur point
de vue, qu'eux seuls sont efficaces et donc à la pointe de la
civilisation. Foin du passé : la civilisation occidentale en
est effectivement arrivée à déterminer tout
l'avenir par le seul rendement économique. Ces
réalistes sont des gagneurs. Quand ils auront gagné,
tout le monde sera mort, eux et la Terre compris. Vivement que les
peuples les pendent !
On peut ainsi juger du degré de perversité
intellectuelle d'un Jean-Claude Pecker, physicien, professeur au
Collège de France et vieux croûton rationaliste, qui,
dans la même foulée médiatique, dénie les
phénomènes psi et s'insurge contre les
révisionnistes de l'holocauste ! Il est vrai cependant
qu'indépendamment des témoignages, le
déterminisme est le même dans les deux cas.
Parmi les méthodes qualitatives (applicables aussi bien aux
cas expérimentaux que spontanés), certaines sont
devenues anecdotiques (comme la transmission de dessins), car on a
déjà tout tiré de pareilles expériences.
Les plus riches d'enseignement relèvent de la psychanalyse et
de l'ethnologie.
2. quantitatives
La preuve statistique a atteint un niveau obsessionnel tant chez les
expérimentateurs de l'école rhinienne que chez leurs
détracteurs. Il ne s'agit pas pour autant de rejeter en bloc
les statistiques. Il faut au contraire bien avoir en tête la
nature des probabilités, dites objectives quand tout le monde
détient a priori les mêmes connaissances, et subjectives
dans le cas contraire. (Un témoin à qui le juge
reprochait de dire du bien de l'accusé parce qu'il
était son ami, répondit : "Et pourquoi ne serait-il pas
mon ami parce qu'il y a du bien à en dire ?") Le tort majeur
des expérimentalistes est de n'avoir aucune réflexion
de fond sur la nature du hasard, dont ils n'abordent que le versant
cognitif. Et c'est pourquoi ils aspirent quasiment tous à la
reproductibilité, ce qui est auto-contradictoire selon la
définition que j'ai donné du psi au début, et
qui, de toute façon, est une conception moralement douteuse et
philosophiquement intenable (voir chap.6), même si elle
sous-tend explicitement la majorité des travaux
psychologiques. Moralement douteuse : si vous proposez des travaux
qui ont des chances d'applications techniques, vous avez à peu
près 99,99% plus de chances d'être agréé
que si vous proposez des travaux dont les applications seront
éthiques ou esthétiques (et sans rapport a priori avec
l'idéologie ambiante), le financement étant bien
sûr en proportion.
Les expérimentalistes prétendent obtenir une certaine
reproductibilité. Certes des méta-analyses sur des
types d'expérience ou des personnes permettent d'observer une
certaine continuité des résultats paranormaux. Mais
nous le savions déjà : à un moment
judicieusement choisi, il est évidemment probable qu'un grand
ballet ou un grand sportif reproduiront leurs performances. Mais il
ne s'agit pas là de reproductibilité automatique,
"technique" : seulement du maintien d'une certaine
créativité. Or, sans faire ici allusion aux mutations
historiques (toujours événementielles), nous verrons
dans les chapitres suivants qu'il existe une reproductibilité
automatique de phénomènes réputés normaux
-sortant donc du cadre rhinien-, qui s'avèrent pourtant
contredire le principe de causalité (expérience de
Libet, chapitre 2 ; naissances après les guerres, chapitre 3 ;
etc.).
Autrement dit, les méthodes les plus intéressantes ne
viennent plus du tout -si jamais ce fut le cas- de la parapsychologie
expérimentale (trop conformiste, par souci de
respectabilité scientifique ; fascinée par la
technologie ; enferrée dans ses contradictions), mais des
autres sciences.
3. associées
Une méthode quantitative qui n'est pas associée
à une méthode qualitative (ou vice versa) n'apporte
guère d'informations au chercheur. Un exemple parmi mille est
l'ensemble d'expériences rigoureusement menées par le
physicien Crussard qui fit tordre des barres de métal à
un sujet nommé J.P.Girard. Au microscope électronique,
les déformations impliquaient que tantôt la force venait
de l'extérieur tantôt de l'intérieur. Le minimum
eût été de demander au sujet s'il agençait
la barre de l'extérieur ou de l'intérieur. De telles
expériences ont un intérêt médiatique
évident ; parapsychologiquement parlant,
l'intérêt est nul puisque la réponse à la
question (non posée) était déjà connue
.
Certains chercheurs ont associé intelligemment les
méthodes qualitatives et quantitatives. Mais les uns (comme
Bender) n'ont fait aucun lien complémentariste entre les deux
; et les autres (comme Janin, avec son "tychoscope" ) l'ont fait,
mais leurs observations ont invalidé leurs hypothèses,
trop partielles ou partiales, de départ.
Une certaine tendance
actuelle des sciences veut qu'une théorie ne soit valide
qu'à un certain niveau. Mais, dans une perspective
complémentariste :
1) la même théorie doit pouvoir s'appliquer à des
niveaux différents de disciplines du même type. C'est le
cas de la physique quantique qui couvre tout le champ (du micro- au
macroscopique) de la matière qui nous environne, y compris ses
propriétés chimiques . Le fait par contre que chaque
science humaine contienne des modèles incompatibles entre eux
et souvent même antagonistes, ou qu'aucun modèle
psychologique, par exemple, ne soit homologue d'un modèle
sociologique ou historique, prouve bien que ces disciplines n'ont pas
trouvé de statut scientifique adéquat à leurs
ambitions.
2) Mathématiques mises à part (nous y reviendrons au
chapitre 2), la physique théorique moderne, paradigme des
sciences de la nature, tend à recouvrir -du fait du scientisme
ambiant- tout le champ des autres sciences. Sur le plan moral, les
physiciens ne font même plus semblant de se battre ; la
responsabilité des applications militaires ou
ultra-libérales des découvertes étant
laissées à la bienveillante appréciation des
gouvernements, tous maladivement obsédés par leur
extension économique qu'ils soient de droite ou de gauche. La
bataille s'est, sur le plan moral, déplacée en
biologie. Ne visant plus désormais qu'à
l'efficacité, celle-ci culpabilise à son tour et
instaure, comme les physiciens il y a 50 ans, des comités
d'éthique. Vaste foutaise, puisque c'est l'argent qui
décide et qu'il n'y a, revendiqué par ces "sages",
aucun lien de complémentarité (pas plus que jadis)
entre logique et morale. Ma conclusion est que la démarche
d'un parapsychologue doit être réductionniste et
complémentariste : mon unique hypothèse de l'inversion
temporelle réduit l'essentiel des phénomènes psi
à une simple relation de fin à moyens,
réintroduit de plein droit en sciences la finalité,
donc la morale, et permet d'interpréter de manière
"complète" (objective et subjective, réelle et
imaginaire) la physique quanto-relativiste.
3) L'approche complémentariste ne saurait se limiter à
la science. La morale et l'art relèvent majoritairement de la
finalité. Toute forme de créativité aussi.
D'où l'impératif de transdisciplinarité : quels
sont les liens entre science, art et morale ? Nous
développerons cet aspect au chapitre 8.
La méthode de l'auteur est toute entière fondée
sur l'idée de complémentarité. Cela signifie
qu'en pratique, on doit utiliser deux méthodes à la
fois, incompatibles en apparence (principalement causale/finale et
spatiale/temporelle). Plus concrètement :
- Aux méthodes cognitives (historiques, comme le freudisme),
il faut adjoindre les méthodes conatives (prospectives, comme
le jungisme ; morales ; heuristiques ; etc.). Autrement dit, le
chercheur doit être lui-même sujet psi, ce qui invalide
la démarche de la plupart des parapsychologues
expérimentalistes, qui ne cherchent de leur propre aveu
qu'à se persuader de l'existence "objective" du psi ou d'en
rechercher des applications automatisées ;
- Une théorisation de l'imagination et de ses manifestations
créatrices ne peut s'appuyer que sur une recherche empirique
de témoignages improbables. Il faut donc fouiner dans les
domaines les plus divers : non seulement les ouvrages plus ou moins
directement de parapsychologie (principalement des recueils de cas
spontanés), mais aussi les livres les plus divers
(littérature, sciences, biographies) et tous les arts. Le psi
ne se limitant pas à la production d'événements
psi "orthodoxes" (ceux répertoriés par l'école
rhinienne), il faut, complémentairement à l'acquisition
de connaissances dans une certaine discipline, exercer
créativement celle-ci. Autrement dit, n'importe quelle
discipline peut être l'occasion de faire de la parapsychologie.
Y compris, et surtout, celle s'obligeant à donner du sens
à son existence.
En bref : pour apprendre à nager, il faut d'abord nager.
1. GESP : Alors qu'elle était en première année
d'université, une femme, qui vit actuellement en
Géorgie (EU), fit un rêve si " réel " qu'elle ne
l'a jamais oublié. "Ce rêve, raconte-t-elle, se
déroulait autour d'une grande maison, très belle,
entourée d'une haute grille et proche du trottoir public. Une
garden-party s'y déroulait avec, d'un côté de la
pelouse, les adultes, et de l'autre la jeunesse. Parmi celle-ci, je
remarquai mon flirt attitré et, avec lui, un garçon aux
cheveux noirs, qui me tournait si bien le dos que je ne voyais pas
son visage. Cette fête me paraissait avoir lieu de nuit, mais
tout était illuminé a giorno. Pendant ce temps, un
homme en chapeau et costume noir allait et venait sur le trottoir,
regardant à travers la grille. Je me suis alors
réveillée subitement en me disant inexplicablement : "
Je sais que cette maison se trouve à W. (une ville voisine)
".
Le lendemain, je racontai l'histoire à mon flirt qui me parut
aussitôt très excité ; il me déclara que
cette fête avait effectivement eu lieu trois ans plus tôt
et qu'il l'avait presque oubliée. Il m'emmena voir la maison :
elle était exactement comme dans mon rêve. Il me
précisa aussi que l'ami qui l'accompagnait était John,
que nous connaissions tous deux, et que des projecteurs avaient
illuminé la pelouse pendant toute la durée de la
soirée. Mais il ne se rappelait pas avoir remarqué un
homme en noir qui allait et venait le long du trottoir. Un an plus
tard, je fis la connaissance de la jeune fille qui vivait dans cette
maison et qui me confirma ma vision. Et un an après,je
rencontrai l'homme mystérieux de mon rêve : à
l'époque de la fête et lorsque j'avais
rêvé, il vivait dans une autre ville ; mais quand nous
nous sommes rencontrés, il habitait la maison située de
l'autre côté de la rue, juste en face de celle du
rêve. Cet homme est devenu mon mari." (L.E.Rhine, Les Voies
secrètes de l'esprit, Fayard, 1970, p.48).
Commentaire : Remarquer les aspects complémentaires du
scénario.
2. Prémonition préventive réussie : Au
début du siècle, aux Etats-Unis, une jeune
institutrice, venait d'apprendre à conduire. Ses
collègues préparaient une excursion à un lac
distant d'environ 130 kilomètres. Plusieurs voitures devaient
y participer, et on demanda à la jeune fille d'emmener quatre
passagers. Bien qu'assez nerveuse à la pensée de la
responsabilité qu'elle allait assumer, elle accepta. On
convint qu'elle suivrait l'une de ses amies, Anne, qui connaissait la
route. La nuit qui précéda ce pique-nique, un
rêve atroce réveilla la jeune fille. Elle s'était
vue derrière la voiture d'Anne sur une route de campagne qui
devenait rapidement de plus en plus mauvaise. La route
s'enfonçait soudain dans un ravin , sa pente s'accentuait ;
et, au pied de la falaise, juste devant une muraille de rochers, il y
avait un virage à angle droit. Dans son rêve, elle avait
l'impression de sentir le brûlé : les freins ne
tiendraient pas ! Et elle s'était réveillée
très angoissée.
Aussi, le lendemain matin, avant de prendre le petit déjeuner,
elle raconta son rêve à ses collègues et,
malgré leurs moqueries, déclara qu'elle n'avalerait pas
une bouchée avant qu'on lui explique ce qu'elle devrait faire
dans une pareille circonstance. Elle alla finalement trouver un
voisin qui lui conseilla de passer alors en marche
arrière.
Elle partit, et tout alla bien pendant une heure. Elle suivait comme
prévu la voiture d'Anne. Puis cette dernière signala
l'approche d'une bifurcation. Aussitôt après, la route
devint mauvaise, et il ne fut bientôt plus possible de faire
demi-tour. Ils dévalèrent alors une pente raide, droit
sur une falaise avec, en bas, un virage à angle droit. D'un
seul coup, elle sentit une odeur de caoutchouc brûlé, et
ses freins lâchèrent. Après avoir
hésité une fraction de seconde, elle appuya sur la
pédale qui, dans ce modèle, commandait la marche
arrière, et prit le terrible virage sans accident. On
découvrit alors qu'Anne s'était trompée de route
et qu'ils s'étaient tous engagés sur un vieux chemin
abandonné. (Idem, p.230)
Commentaire : ce cas très révélateur a le seul
défaut de ne pas montrer l'accident pendant le rêve.
Peut-être parce que la jeune fille serait morte. Dans d'autres
cas préventifs relatifs à un tiers, nombreux,
l'accident est vu dans son entier au cours du rêve. Remarquer
que l'imagination fonctionne partout sur le mode conditionnel et que
le paradoxe n'existe que pour un modèle "réaliste" de
la mémoire. Il est pourtant bien évident que seul le
présent (à l'indicatif) est réel. Pour une
discussion détaillée de tels cas, lire F.Favre, "Le
Modèle de l'auto-prémonition", in Revue de
parapsychologie, 1982, 14.
3. Expérience de rétro-PK : Un générateur
de hasard produit une série aléatoire à to+1,
qui ne sera lue qu'à to+5 (par exemple quatre jours plus
tard). A to+4, un sujet psi tente de rétro-agencer le
générateur conformément à une
série de températures relevées dans la rubrique
météo d'un journal du jour et que le sujet n'est pas
censé avoir pu agencer (du fait d'un contre-PK collectif). A
to+5, la lecture comparée de la série du
générateur et de celle de la météo montre
une forte similitude qu'on interprète comme un effet
rétro-PK. (P.Janin, "Psychocinèse dans le passé
?", in Parapsychologie, 1976, 2)
Commentaire : On peut critiquer cette expérience en supposant,
par exemple, que le médium avait fait inconsciemment, en to ,
une clairvoyance prémonitoire de la rubrique
météo, puis un PK "causal" sur le
générateur ; la clairvoyance prémonitoire
néanmoins, démontrée sans conteste par d'autres
expériences, prouve à elle seule un effet
rétro-PK sur le corps du sujet psi. Pour une discussion
détaillée, voir F.Favre, "le modèle de
l'auto-prémonition", op.cit., et "Animisme et espace-temps",
in Forum transdisciplinaire N°1, 1995.
4. Poltergeist : Le cas suivant s'étendit sur deux ans,
mettant en cause un adolescent, fils adoptif d'une famille indienne
résidant à Poona. Mlle Kohn, professeur logeant dans la
famille avec sa soeur, en fut le rapporteur. Un certain jour, les
deux soeurs comptèrent des oeufs et les mirent dans un panier
qu'elles enfermèrent dans un placard. A peine
s'étaient-elles éloignées qu'un oeuf venant du
côté du placard vola à travers la pièce,
passant tout près des jeunes filles et alla s'écraser
sur le sol. Elles regardèrent dans le placard et
constatèrent qu'il manquait un oeuf. Le
phénomène se reproduisit cinq fois de suite. Puis le
panier, avec ses 42 oeufs, disparut du placard.
En d'autres occasions, les jeunes filles virent tomber des
pièces de monnaie : "Au début, nous ne voyions pas
toujours les pièces en l'air mais seulement au moment
où le son de leur contact avec le sol nous faisait
tressaillir. En tentant d'observer plus précocément le
phénomène, nous vîmes apparaître les
pièces de monnaie directement dans l'air." (Psychic Research,
mai 1930)
Commentaire : Si la plupart des parapsychologues interprètent
justement le poltergeist comme la solution à un conflit qu'un
adolescent ne peut exprimer somatiquement (par un acte symbolique),
l'école expérimentale ne fournit pas la moindre
explication des disparitions (et des translocations)
instantanées d'objets, dont elle parle d'ailleurs presque
toujours avec réticence. Selon mon modèle, quand un
objet disparaît spontanément d'une armoire
fermée, c'est qu'il n'a plus été mis dans
l'armoire.
5. Psi croisé avec apparition : "Il y a quelques temps, ma
femme rêva plusieurs fois d'une maison dont elle pouvait
décrire l'arrangement intérieur dans tous ses
détails, bien qu'elle n'eût aucune idée du lieu
où cette maison pouvait exister. Quelques années plus
tard, j'envisageai de louer pour l'automne une demeure de Lady B.,
située dans les montagnes d'Ecosse et que je savais
environnée de terrains de chasse et de lacs poissonneux. Mon
fils, qui était alors dans la région, s'occupa de la
location sans que ma femme et moi n'eussions jamais vu cette
demeure.
Quand, ultérieurement, j'y vins seul pour signer le contrat,
Lady B. y habitait encore. Elle me dit que si je n'y faisais pas
objection, elle me mettrait dans une chambre agréable
qu'elle-même avait occupée, mais qui était encore
hantée de temps à autre par une femme inconnue. Etant
tout à fait sceptique à ce sujet, je répondis
que je serais enchanté de faire la connaissance du
fantôme. Je dormis fort bien et n'y vis aucun spectre.
Ma femme arriva plus tard. Elle fut stupéfaite de
reconnaître la maison de ses rêves et la parcourut
presque en entier : tous les détails correspondaient. Mais
quand elle redescendit dans le salon, elle déclara :
"Pourtant, dans mes rêves, j'ai vu à tel endroit des
chambres qui ne semblent pas y être en réalité".
On lui répondit que ces chambres existaient bien, mais que
l'on ne pouvait y accéder que par le salon. On alla les voir,
et elle les reconnut parfaitement. Elle ajouta cependant que, dans
ses rêves, l'une des chambres, qu'elle désigna,
n'était pas à coucher. On lui expliqua que cette
chambre venait effectivement d'être transformée.
Deux ou trois jours plus tard, ma femme et moi rendîmes visite
à Lady B., qui poussa aussitôt un cri
d'étonnement : "Mais vous êtes la dame qui hantait ma
chambre à coucher !" (Revue des études psychiques,
1902).
Commentaire : On remarquera là encore la symétrie quasi
parfaite de ce cas. En particulier, Lady B. ne perçoit que le
fantôme de Mme H., et celle-ci n'imagine que la maison de Lady
B. Suivant mon modèle, il s'agit en fait de deux
auto-prémonitions complémentaires, celle de Lady B.
relative à sa première rencontre avec Mme H., et celle
de Mme H relative au récit qu'aurait pu lui faire Lady B. de
l'ancien état de la maison. La simultanéité,
comme le montrent beaucoup d'autres cas spontanés, n'est qu'un
élément du scénario ultérieur commun.
Pour plus de détails, consulter "Le Modèle de
l'autoprémonition", op. cit.
6. Clairvoyance percognitive expérimentale :
L'expérience quantitative princeps fut mise au point par Pratt
et Woodruff. Le protocole en est le suivant : cinq cartes-solution
(dites de Zener, d'usage courant à l'époque et
représentant chacune un symbole différent) sont
disposées devant le sujet psi, tandis qu'un paquet de cartes
(battu de façon aléatoire et retourné de telle
sorte que personne n'en pouvait avoir vu l'agencement) se trouve
devant l'expérimentateur. Le sujet, qui ne verra jamais le
paquet durant l'expérience, désigne alors la
carte-solution qui correspond selon lui à la première
carte-cible (toujours retournée) du paquet ; et ainsi de suite
jusqu'à épuisement du paquet. (Journal of
Parapsychology, 1939, 3).
Commentaire : Divers PK étaient possibles ; mais, en toute
hypothèse, ils auraient supposé, suivant Rhine, une
faculté associée de clairvoyance, la
télépathie percognitive étant exclue. La
précognition l'est également, toujours selon Rhine,
puisqu'en détruisant l'ordre initial du paquet, le sujet
s'interdit toute ESP précognitive ; autrement dit, le sujet
doit d'abord s'engager matériellement pour tenter ensuite une
précognition, qui ne serait alors qu'une conséquence de
son engagement et non sa cause.
Les voyances n'étant pas des perceptions et les
prémonitions préventives montrant qu'on peut effacer un
événement futur, le raisonnement de Rhine n'est pas
valable. L'interprétation la plus simple est alors une
auto-prémonition (toujours télépathique et
relative à un événement virtuel, par
définition). Pour plus de détails, consulter "Le
modèle de l'auto-prémonition", op.cit., p.21-24.
7. Télépathie percognitive expérimentale : La
première expérience quantitative rigoureuse a
été menée par Mac Mahan. Il fallait concevoir le
protocole de telle façon que l'agent ne fît jamais du
choix de son symbole aucun enregistrement matériel que la
clairvoyance, même précognitive, pût atteindre.
L'agent Mac Mahan choisit des cartes Zener selon un code
aléatoire (par exemple la première lettre de chaque
vers d'un poème) connu d'elle seule, mais tel qu'une autre
personne puisse le comprendre et contrôler
indépendamment l'expérience. Cette autre personne,
Schmeidler en l'occurrence, connaîtra le code au moyen
d'allusions et de sous-entendus concernant des faits connus seulement
de l'agent et du percipient. Schmeidler compare ensuite la liste
écrite des divinations du percipient avec sa propre liste
mentale (fournie par l'agent), en s'abstenant d'écrire quoi
que ce soit en regard de chacun des résultats de la
première liste : elle se contente d'écrire le nombre
global de coïncidences. (Journal of Parapsychology, 1946,
10).
Commentaire : L'expérience, réussie, n'autorisait pas
pour autant une interprétation univoque. L'agent pouvait en
effet avoir effectué une clairvoyance prémonitoire
(plus précisément, une auto-prémonition
télépathique, selon notre modèle) de la liste
écrite du percipient, et choisir ensuite un code
adéquat. Pour détails, consulter idem.
Un aspect intéressant de cette expérience est son
caractère conditionnel postérieur, incompatible avec le
modèle "latent" de l'école américaine et
explicite dans le nôtre (déterminisme final de principe
et affirmation que seul le présent est réel). Autrement
dit, bien qu'une ESP nécessite pour sa production
présente un déterminant ultérieur, ce
déterminant peut être entretemps empêché de
se produire, ce qui implique alors que cette ESP n'aura plus
existé.
Si vous voulez faire un quizz, cliquez ici.
Si vous voulez simplement survoler rapidement les questions, voir ci-dessous :
QUESTIONS : répondre par OUI ou par NON 1. Certains faits psi sont-ils
déjà reproduits automatiquement ? 2. Tous les faits psi seront-ils
un jour reproductibles ? 3. Le psi implique-t-il, au moins dans certains cas,
une transmission inhabituelle d'informations ? 4. Du point de vue de la parapsychologie,
peut-on distinguer entre création et psi ? 5. ...entre action morale
et psi ? 8. Le psi est-il toujours paradoxal ? 9. Les plantes produisent-elles
(par elles-mêmes) du psi ? 10. La matière dite inanimée
produit-elle (par elle-même) du psi ? 11. Les praticiens du psi -voyants,
guérisseurs, mages, etc.- font-ils de la parapsychologie ? 12. Le psi
est-il toujours, objectivement, improbable a priori ? 13. Des phénomènes
peuvent-ils être à la fois réels et imaginaires, objectifs
et subjectifs ? 14. Pour le parapsychologue, un miracle peut-il être à
la fois vrai et faux ? 17. Le psi contredit-il toujours la causalité
? 22. Les ovnis constituent-ils un phénomène psi ? 23. Peut-on
modifier le passé physique ? 28. La psychophysiologie est-elle une branche
de la parapsychologie ? 29. Le psi est-il toujours la matérialisation
d'une croyance ou d'un désir ? 30. La parapsychologie peut-elle en pratique
distinguer entre rêves normal et paranormal ? 31. ...entre souvenir et
prémonition ? 32. Le rêve est-il toujours prémonitoire ?
34. La parapsychologie peut-elle être considérée comme une
branche de la physique ? 35. La parapsychologie est-elle une science parmi d'autres
? 40. Existe-t-il des différences, justifiées théoriquement,
entre télépathie, clairvoyance et prémonition ? 42. Existe-t-il
une théorie globale du psi qui soit reconnue par la majorité des
parapsychologues ? 43. Une théorie globale du psi peut-elle se passer
de finalisme extrinsèque ? 44. Le psi prouve-t-il autre chose que lui-même
?
Voici les réponses justes :
1 : N 2 : N 3 : N 4 : N 5 : N 8 : O 9 : O 10 : O
11 : N 12 : O 13 : O 14 : O 17 : O 22 : O 23 : O 28 : O
29 : O 30 : N 31 : N 32 : O 34 : N 35 : N 40 : N 42 : N
43 : O 44 : N
On trouvera en outre une discussion critique de ce test en annexe.