Il y a plus de trente ans que des chercheurs américains ont prouvé qu'un simple souhait peut influencer la chute de dés à jouer : faire sortir par exemple le 6, ou le 2, ou le 4, plus souvent qu'à leur tour, c'est-à-dire, plus souvent qu'une fois sur 6 en moyenne. On appelle psychocinèse cette catégorie particulière de phénomène psi, où l'esprit semble en quelque sorte commander à la matière.

On a refait depuis l'expérience avec bien d'autres dispositifs mobiles comportant, comme les dés en train de rouler, un élément d'incertitude ou de hasard : cubes ou billes dégringolant le long de plans inclinés inégaux, gouttes d'eau tombant sur des grilles métalliques, "pile ou face" électroniques commandés par une tension aléatoire ou par les tops de désintégration d'un corps radioactif, etc.

Toutes ces expériences sont bâties sur le même principe : il s'agit de modifier par la pensée le fonctionnement d'un dispositif gouverné par le hasard. Pour savoir si on y réussit on compare par la méthode statistique le résultat qu'on obtient à ce qu'il était ou ce qu'il devient en l'absence de souhait, quand la source de hasard fonctionne pour ainsi dire "librement".

Deux conclusions générales ressortent de ces travaux (américains pour la plupart)

- la psychocinèse ne paraît pas dépendre de l'appareillage : jusqu'ici, avec toutes les sources de hasard qu'on a imaginé de soumettre à l'expérience on a observé au moins une fois un biais important dans le sens du souhait de l'expérimentateur, trop important pour que le hasard d'une réussite (toujours possible au milieu de beaucoup d'échecs) suffise à l'expliquer.

- autant le dispositif matériel importe peu, autant le contexte psychologique paraît en revanche déterminant. On sait par exemple que l'attitude d'esprit de la personne ou de l'équipe qui expérimente, favorable ou hostile aux phénomènes psi en général, convaincue ou non d'en être elle-même capable, à l'aise ou non dans l'environnement expérimental, transparaissent souvent dans les résultats. Il est classique par exemple qu'une expérience faite avec indifférence ou scepticisme donne des résultats nuls - la source de hasard se conforme alors strictement à ce que prévoit la théorie des probabilités - ou qu'une attitude hostile donne des résultats excessivement négatifs ("psimissing" ou ratage systématique). En poussant l'analyse statistique on a également pu observer une influence de l'humeur du moment - sans que l'expérience en cours soit elle-même en cause - et certains travaux suggèrent même que les traits généraux du caractère : extraversion ou introversion, adaptation ou inadaptation, etc. apparaissent eux aussi dans les résultats.

En somme, la meilleure hypothèse de travail au stade actuel de la recherche est la suivante : toute source de hasard faisant l'objet d'une expérience tend à refléter dans son fonctionnement l'attitude mentale et psychologique de l'expérimentateur : pas seulement son souhait délibéré de la biaiser dans un certain sens, mais aussi toutes les composantes psychologiques sous-jacentes et même celles dont il n'a pas du tout conscience.

Ceci nous montre la voie à suivre pour aboutir à l'expérience raisonnablement fiable que cherche depuis si longtemps la parapsychologie expérimentale : en effet, on disposera d'une telle expérience quand on saura déchiffrer des "signatures" d'origine psychologique dans le fonctionnement d'une source de hasard.

Pour en arriver là il faut :

- utiliser une source de hasard dont le fonctionnement se prête aisément au travail de déchiffrage;

- favoriser au maximum l'apparition de "signatures" en stimulant l'intérêt personnel de l'expérimentateur puisque plus son attitude sera éloignée de la méfiance ou de l'indifférence, plus elle aura de chances de donner une "signature" claire. Il faut donc tourner le dos à l'ambiance impersonnelle, ou froide, voire soupçonneuse, dans laquelle trop d'essais ont été faits en parapsychologie.

- multiplier les expériences pour permettre le vaste travail comparatif qui s'impose dans ce domaine encore pratiquement vierge, et où les variables sont psychologiques et non pas numériques.

Le tychoscope est une source de mouvements ininterrompus au hasard. Véhicule électrique autonome pouvant rouler sur toute surface raisonnablement plane, il se déplace (pour les appareils actuellement construits) selon une ligne brisée dont tous les segments et tous les angles successifs sont déterminés, chacun à son tour, au hasard. Les circuits électroniques qui gouvernent cette marche au hasard sont commandés par ce qu'en termes techniques on appelle une "tension de bruit".

Sa trajectoire fait en somme penser à un mouvement brownien géant. Son grand intérêt du point de vue du travail de déchiffrage est qu'elle peut être enregistrée, et de deux façons différentes : sur papier grâce à une pointe traceuse attachée à l'appareil et qui dessine alors le tychogramme de l'expérience ; et sur bande magnétique, en reliant le tychoscope, par un fil souple suspendu, à n'importe quel magnétophone à cassettes du commerce : on permet alors à des signaux codés décrivant en permanence la marche du tychoscope de s'inscrire sur la cassette.

Le tychogramme se prête particulièrement bien à l'expression de "signatures" : un biais systématique dans le comportement de l'appareil donnera un tracé ayant une allure ou un "style" graphique particuliers, qu'il sera possible d'apprendre à reconnaître grâce à un examen attentif. A titre purement indicatif, on pourrait imaginer par exemple - mais dans la réalité les choses seront évidemment moins simples - que les tychogrammes obtenus par Monsieur X, qui est un homme sérieux et méticuleux, présenteraient en général une répartition très irrégulière, avec des zones de grande concentration et d'autres tout à fait blanches; tandis que ceux obtenus dans des conditions analogues par Madame Y, personne rieuse et plutôt désordonnée, seraient dans l'ensemble assez étalés et bien répartis. Naturellement, aux différences en fait plus complexes entre des signatures réelles devront correspondre des critères d'analyse moins simplistes que celui de l'homogénéité plus ou moins grande des tracés, critères qu'il reviendra à l'expérience dedégager progressivement.

Mais pour des particularités peu marquées ou peu visibles et pour des conclusions formelles, l'analyse graphique ne suffira pas : il faudra la sanction du calcul. D'où l'utilité de l'enregistrement sur cassette. Une équipe d'ingénieurs a en effet mis au point, spécialement pour l'expérimentation avec le tychoscope, le dispositif technique qui permet le dépouillement des cassettes à l'ordinateur, et se prépare à traiter tous les enregistrements qu'enverront les utilisateurs. Le programme de dépouillement pourra évidemment lui aussi, comme l'analyse graphique, s'affiner au fur et à mesure des apports expérimentaux.

En somme le tychoscope propose donc au chercheur deux outils de travail complémentaires : l'un qualitatif, l'analyse des tychogrammes, et l'autre quantitatif, le dépouillement des enregistrements à l'ordinateur.

Petit animal imprévisible qui peut courir partout, dont les réglages permettent de choisir la vitesse, la longueur moyenne des trajets rectilignes, la durée des temps d'arrêt, qui fonctionne jusqu'à neuf heures d'affilée sur ses propres réserves, d'utilisation pratiquement gratuite puisque ses batteries sont faites pour être rechargées au moins 500 fois (sans même qu'on ait à les sortir de l'appareil), le tychoscope est encore bien plus qu'un bel instrument de précision. C'est un partenaire qui va, peut-être, obéir à tel de vos commandements, ou bien vous tiendra tête parce qu'il réagit à une motivation contraire que vous n'avez pas perçue, il dessine pour vous des figures où il vous suggère de vous déchiffrer; il veille toute la nuit si vous souhaitez une image de votre sommeil .... bref, autant le matériel ordinaire d'une expérience de psychocinèse - dés, billes, boîtes électroniques - reste impersonnel, autant le tychoscope invite à la familiarisation, à la connivence, propices - on le sait depuis longtemps en parapsychologie - aux phénomènes psi.

Le tychoscope peut être manipulé par n'importe qui. Pour obtenir un tychogramme, il ne faut qu'un papier et une pointe feutre qu'on trouve dans le commerce; pour un enregistrement qui sera analysé à l'ordinateur par une équipe technique spéciale, un simple branchement sur n'importe quel magnétophone à cassettes suffit. Quand les batteries sont vides, la borte d'alimentation qui accompagne le tychoscope les recharge en 7 à 8 heures. Dans ces conditions, chaque utilisateur de tychoscope peut contribuer à la recherche en parapsychologie; d'où des possibilités énormément accrues de travail comparatif.

On le voit, les possibilités du tychoscope sont grandes : il réunit tous les atouts nécessaires au travail d'exploration que suggère l'état actuel de la recherche; et de plus sa facilité d'emploi, son autonomie, son côté "petite bête" familière, le rendent propre à répandre, mieux que des dizaines de publications connues des seuls spécialistes, l'idée d'une corrélation possible entre notre esprit et la matière hors de nous : ce que les parapsychologues appellent la psychocinèse. Car là se trouve bien un des points faibles de la recherche en matière de phénomènes paranormaux : elle ne s'appuie que sur un consensus restreint, faute d'une familiarité suffisamment directe du public avec ces phénomènes. En popularisant le problème de la psychocinèse le tychoscope peut modifier cet état de choses dans un sens favorable au développement de la parapsychologie.

Imaginé et mis au point par un chercheur français, Pierre Janin, le tychoscope fait actuellement l'objet d'une construction industrielle, les premiers exemplaires de série devant être mis en vente à la mi-1979.

Chaque appareil est vendu accompagné d'une alimentation secteur et d'un ensemble fil souple et potence, en vue de l'alimentation extérieure ou de l'enregistrement sur cassette pendant la marche, et servant également à la recharge des batteries.

- marche en ligne brisée.

- trajets rectilignes :

• aléatoires, valeurs moyennes 1; 2,1 ; 4,2 ou 8,3 cm.
• tous égaux, valeurs 1,25 ; 2,5 ; 5 ou 10 cm.

- angles de pivotement (entre deux trajets rectilignes consécutifs) : 100 valeurs réparties au hasard sur 360

degrés. - Possibilité de marche sans pivotement, avec allées et venues aléatoires le long d'une ligne droite

unique.

- vitesse : 1, 2, 4 ou 8 cm/sec.

- temps d'arrêt entre pivotements et trajets rectilignes ou inversement : 0,4; 0,8 ; 1,6 ou 3,2 sec.

- alimentation par batteries rechargeables. Autonomie de 4 à 9 heures selon la vitesse choisie et la nature de

la surface de roulement. Pour conserver à l'appareil des caractéristiques constantes : disjonction automatique

lorsque les batteries sont déchargées.

- durée de recharge des batteries (tychoscope à l'arrêt) : au choix 7-8 heures ou 14-16 heures.

- moteurs de précision à asservissement numérique. Plus de 250 composants électroniques dont 16 circuits

intégrés.

- suspension anti-choc.

- poids : 400 g. environ.

à titre indicatif : (Le prix en 1979 était de 1680 F. T.T.C.)

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