La recherche parapsychologique existe maintenant depuis plus d’un siècle si l’on prend pour point de départ la fondation de la société pour la recherche psychique (SPR) en Angleterre en 1982.
Beaucoup de savants et d’écrivains de grande qualité y ont consacré une part importante de leur énergie, tels William James, William Crookes, Oliver Lodge, Charles Richet (Nobel de médecine), Lord Raleigh (Nobel de physique), Camille Flammarion, Bergson, et tant d’autres… Actuellement la situation est la même et de nombreux physiciens de haut niveau, dont plusieurs prix Nobel lui apportent leur soutien, alors que la science officielle continue à l’ignorer et à la priver de moyens.
Quel bilan peut-on faire de cette recherche ? Les résultats obtenus ont-ils été à la hauteur des espoirs qu’on y avait mis et des efforts déployés ? Un siècle c’est beaucoup et c’est peu. C’est beaucoup si l’on considère tout ce que la science a découvert pendant cette période. Mais c’est peu en comparaison de tout ce qui sera trouvé dans le futur et que nous ne pouvons même pas imaginer actuellement.
Très brièvement résumé, le bilan de la recherche parapsychologique nous est apparu être le suivant :
1. Un bilan expérimental faible :
On a beaucoup expérimenté. Mais on n’a pas pu élaborer de protocoles simples, basés sur l’idée de causalité scientifique, qui puissent être répétés à volonté par n’importe quelle équipe scientifique et prouver de manière indiscutable le fait parapsychologique.
Rappelons quelques évidences : La communauté scientifique fonctionne selon le principe épistémologique suivant : une seule expérience, faite par une seule équipe, dans un laboratoire, ne prouve rien. Pour qu’une expérience soit acceptée, il faut que plusieurs équipes retrouvent les mêmes résultats et à plusieurs reprises. C’est pour cette raison que les travaux de Rhine sont encore insuffisants pour faire accepter la télépathie à la communauté scientifique.
On reste incapable de produire à volonté un phénomène parapsychologique. On y arrive parfois, mais pas de façon régulière et prévisible. C’est cette irrégularité qui semble rendre impossible, en l’état actuel des choses l’abord de ces phénomènes par la pensée scientifique. Car les lois de la nature ne sont pas sensées être capricieuses (« la nature ne joue pas aux dés », disait Einstein). La physique des particules a pourtant atténué cet obstacle, puisqu’elle s’est elle-même trouvée confrontée à des lois capricieuses sous la forme de l’indéterminisme. Cette irrégularité ne devrait donc pas nous décourager d’élaborer des protocoles, puisque les physiciens y sont bien parvenus malgré l’indéterminisme. Nous en proposerons quelques uns à titre d’essai à la fin de cet article.
Nous disposons maintenant d’une très abondante documentation sur les cas de télépathie, clairvoyance, prémonition et psychocinèse spontanés. C’est l’acquis le plus positif de la recherche parapsychologique. Ces témoignages ont permis de remarquer que certains facteurs favorisaient la perception extrasensorielle (PES). Notamment :
- l’existence d’un lien affectif puissant entre l’agent et le percipient (mère/enfant, frères/sœurs, mari/femme, etc.) ;
- la fréquence des cas de PES spontanées (+/- 60%) où l’événement perçu concerne une mort ou un accident grave. De nombreux cas ont été rapportés pendant la guerre de 14 qui comme on sait a été particulièrement meurtrière (1).
- Certaines personnes présentent indiscutablement une
prédisposition pour
Les témoignages ne constituent pas par eux-mêmes une preuve scientifique, mais ils sont une base de réflexion. Rappelons qu’il est déjà arrivé dans l’histoire des sciences que le témoignage populaire ait eu raison contre l’opinion des meilleurs savants de l’époque. Au dix-huitième siècle de nombreux paysans, illettrés, racontaient avoir vu des pierres tomber du ciel, en feu, dans leurs champs. Ces témoignages étaient arrivés jusqu’aux portes de l’Académie des Sciences qui les avaient déclarés impossibles. Car selon les académiciens, une pierre ne pouvait tomber du ciel. Cela était contraire à la cosmologie de l’époque. Ce n’est qu’en 1803, après l’explosion d’un bolide qui répandit trois mille fragments pierreux au-dessus de la ville de l’Aigle dans l’Orne que les académiciens acceptèrent enfin l’existence des météorites.
Le parallélisme entre les météorites et les phénomènes parapsychologiques est d’autant plus intéressant qu’on ne peut, à volonté, faire tomber des météores sur terre. Ce phénomène est occasionnel, imprévisible, capricieux. Il est hors de question de le reproduire en laboratoire (en tout cas au 18ème siècle). Avec les phénomènes parapsychologiques on a bien l’impression de se retrouver dans la situation du paysan du 18ème siècle qui avait « vu quelque chose » et parfois retrouvé une pierre, mais que la communauté scientifique traitait d’affabulateur. L’équivalent de la pierre n’est-il pas l’éprouvette métallique tordue par J.-P. Girard dans le laboratoire du métallurgiste Charles Crussard ? Avec cette petite différence que le témoin n’était plus un paysan illettré mais un scientifique de premier plan qui s’était entouré de tous les appareils nécessaires pour éliminer la fraude. On ne saurait sous-estimer la qualité des témoignages sur les faits parapsychologiques car de plus en plus souvent ils émanent de personnes ayant une excellente formation scientifique.
Nous ne disposons actuellement d’aucune théorie qui permette de rendre compte des phénomènes parapsychologiques, selon une conception objective, et de prévoir, même dans une mesure très limitée, leur apparition.
Ceci est en relation directe avec l’échec expérimental. Si on avait pu faire des expériences qui marchent bien, on aurait probablement été capable de construire (ou proposer) une théorie. Et inversement si l’on avait pu élaborer une théorie qui « colle un peu » à la réalité des phénomènes observés on aurait été capables de faire des expériences à caractère scientifique (c’est-à-dire qui permettent de prévoir, au moins partiellement les résultats).
B) Le concept de non-séparabilité
C’est sur cet échec théorique que nous voudrions attirer votre attention et faire des propositions.
Nous lisions par hasard il y a quelques mois une citation de Balzac qui racontait comme une mère avait perçu à distance la mort accidentelle de son fils. Pour décrire la communication télépathique entre les deux il utilisait le terme de « sympathie » et ajoutait : « les phénomènes de sympathie restent mystérieux. Aucun homme de science ne s’est jusqu’à présent penché sur leur étude. Peut-être plus tard trouveront-ils leur homme de génie qui saura les rendre compréhensibles » (citation approximative).
C’est sur ce
terme de sympathie que nous nous sommes arrêtés. Nous l’avons tout de
suite rapproché de la non-séparabilité constatée en physique des particules sur
les paires de photons corrélés (sans pour autant vouloir suggérer que l’un
explique l’autre . « Sympathie » entre
deux particules qui ont la même origine, et dans l’autre cas, « sympathie »
entre une mère et son fils qui ont aussi
vécu en symbiose pendant le temps de la grossesse.
Nous nous sommes alors demandé : compte tenu de
l’échec théorique actuel de la parapsychologie, peut-on au moins espérer
trouver un dénominateur commun minimum à tous les phénomènes parapsychologiques ?
Il nous est apparu à l’évidence que ce dénominateur commun était justement la
non-séparabilité :
- non-séparabilité entre deux consciences :
télépathie
- non-séparabilité entre le présent et le futur :
prémonition
- non-séparabilité entre moi-ici et le monde :
clairvoyance
- non-séparabilité entre l’esprit et la matière :
psychokinèse
Précisons bien ce que nous entendons par phénomène de
non-séparabilité :
- Un événement qui survient dans un lieu A est
manifestement en relation avec un événement
survenu en un lieu B ( A et B peuvent être des
personnes, des animaux, des plantes, de la matière, ou les mêmes décalés dans
le temps).
- A et B sont séparés (dans l’espace ou dans le
temps)
- Aucune loi connue ne permet de comprendre comment l’information
a pu passer de A à B ou de B à A .
- La corrélation entre A et B se constate, voire se
mesure, mais ne s'explique pas. Le mécanisme de transmission entre les deux
échappe à tout formalisme mathématique. Nous sommes en présence d'une boîte
noire où on peut seulement observer ce qui rentre et ce qui sort.
Nous proposons d'appeler tous les phénomènes étudiés
par la parapsychologie, télépathie, prémonition, clairvoyance, psychokinèse :
phénomènes de non séparabilité et de les mettre sur le même plan que ceux
constatés avec l'expérience des photons corrélés en microphysique.
La physique des particules constate la
non-séparabilité et peut la reproduire à volonté (contrairement à la
parapsychologie). Mais elle ne peut l'expliquer. Devant ce fait les physiciens
ont adopté plusieurs positions. Certains invoquent l'insuffisance du formalisme
mathématique dont ils disposent, d'autres pensent qu'il peut exister des
variables cachées. Et quelques uns ont été jusqu'à proposer des idées aussi
apparemment scandaleuses que la non-séparabilité, comme l'inversion de la
flèche temporelle, l'influence de la conscience de l'observateur sur la chose
observée, etc.
Mais la vraie question que posent ces expériences
pourrait être la suivante : n'existe-t-il pas un niveau du réel où tout peut
être en relation avec tout ? Un domaine (champs ?) du Non-séparable qui se
manifesterait de la façon la plus visible aux deux extrêmes de l’univers : les
corpuscules microphyques et conscience ?
Ce domaine du non-séparable serait inaccessible au
formalisme mathématique (donc "surnaturel") pour des raisons que nous
proposerons plus loin. Présent au coeur du monde, il ne se manifesterait
qu'exceptionnellement car la loi du monde c’est la séparabilité. La régularité
des lois et la rigueur de l’outil mathématique sur lequel elles s'appuient,
sont justement là pour garantir que chaque chose reste à sa place dans l'ordre
du monde.
Ceci nous amène tout naturellement à une réflexion
sur la dialectique du séparable et du non-séparable.
C) Dialectique du séparable et du non-séparable.
Il est toujours intéressant de traiter les problèmes
« a contrario ». Imaginons ce qui se passerait si la non-séparabilité
était la règle dans notre monde. Si
chacun pouvait capter les pensées de son voisin, connaitre son avenir, produire
des « raps » à chaque fois qu'il était en colère, et assister de façon visionnaire à tous les événements éloignés qui
se déroulent sur la planète... Un tel sujet n’aurait pies aucune individualité
. Il ne saurait plus distinguer ses propres pensées de celles qui lui
viennent de l’extérieur . Ce serait un
véritable naufrage psychique.
Certains grands médiums se sont
d'ailleurs heurtés à ce problème : lorsqu’ils sont trop réceptifs à leur
environnement, ils éprouvent alors le besoin de s’isoler ou de sélectionner
leurs fréquentations. Le grand psychanalyste suisse Jung (2), qui avait des dons
médiumniques, a connu cette difficulté et devait en tenir compte pour ses
voyages, car il captait trop bien le passé des lieux qu’il visitait. Il disait
: « pour certains, passer devant une colonne romaine, cela ne leur fait
que peu d'impressions, mais pour moi, c’est un tel afflux ! » Nous
avons appris, par quelqu' un qui avait connu un de ses bons amis, que lors de
son voyage en Inde il n'avait pas voulu rencontrer le grand yogi Ramana
Maharshi parce qu'il avait eu peur... d'être avalé (psychiquement) par lui.
Ceci nous montre bien à quel point la séparabilité des psychismes est une
nécessité pour que chacun reste lui-même et garde la sensation d'exister en
propre. Ceci implique
Permettez-moi maintenant une petite
digression mais qui nous ramènera à notre point de départ.
Selon la théorie du BIG BANG, et ce
fut une grosse surprise, le cosmos aurait une origine et une histoire. A partir
d'une soupe primitive de quarks (et on pourrait s'interroger sur l'état de
séparabilité/ non-séparabilité de ce système), la matière se serait
progressivement organisée, structurée, pour donner naissance à des états de
plus en plus complexes. Le cosmos aurait traversé des crises, des points d'arrêts
(au niveau de l'atome de lithium notamment) mais grâce à la recondensation de
la matière et à l'énergie stellaire, on a vu apparaitre des atomes de plus en
plus lourds, des molécules, puis enfin la vie. La tendance actuelle n'est
d’ailleurs plus de considérer l'apparition de la vie comme un hasard incroyable
(opinion de Jacques Monod qui se trouve dans une filiation remontant à
Démocrite et passant par Diderot) mais plutôt comme une nécessité (cf. le livre
d'Antoine Danchin, « L'Oeuf et la poule » (3)) dès lors que certaines
conditions étaient réunies. Le cosmos paraît ainsi lancé dans une vaste
aventure qui lui fait générer des systèmes de plus en plus complexes,
individualisés, et plus étonnant encore, conscients d’eux-mêmes, de leur propre
existence et de leur origine. Comme le dit si bien Hubert Reeves (4) , à
travers l’homme le cosmos prend consience de lui-même. Tout se passe, même si
on ne peut l’affirmer, comme si le cosmos avait un projet. Et la science
actuelle n'est pas loin de considérer que l'apparition de la vie, donc de
l'homme, était déjà inéluctable quelques secondes après le Big Bang, les lois
de la matière étant déjà fixées. Ce projet du cosmos ("ce travail de
l'Etre" ?) n'est possible qu'au prix d'opérations de différenciation et de
séparabilité qui se manifestent à tous les niveaux : il faut que chaque atome,
chaque molécule, chaque système vivant garde sa spécificité en se protégeant
des incursions extérieures. Ceci se traduit par des liens énergétiques
privilégiés pour chaque structure stable. De même au niveau biologique, pour
qu’un être humain garde son intégrité corporelle, il faut que son système
cutané, cellulaire et immunitaire rejette tous les corps étrangers. Cela est
tout aussi vrai du psychisme. La personnnalité de l'homme se construit en
faisant alterner l'assimilation (l'identification, l'introjection) et le rejet
(dénégation, refoulement). C'est donc un travail de tri qui s'opère, entre des
affects et des valeurs que le sujet intégrera et d'autres qu'il rejettera.
C'est ce qui permettra à sa personnalité d'acquérir une certaine stabilité et
de le rendre reconnaisable pour autrui.
Tout ceci revient à faire une
apologie de la séparabilité, du cloisonnement, de l’ordre mathématique (celui
des lois), qui seuls rendent possible l’émergence du multiple au sein du
cosmos. C'est la séparabilité qui permet le passage de l’ETRE à l’EX-SISTENCE
(ex-sistence : qui se tient en dehors de, dont « l’être là » est tiré d'un « autre »).
Dans cette perspective nous
formulons l'hypothèse que les phénomènes de non-séparabilité (télépathie,
prémonition, clairvoyance, psychocinèse, phénomène des photons corrélés en
physique) sont un indice de la présence de l’ETRE au sein du monde manifesté
(celui de l'ex-sistence). Pour que des consciences individualisées se construisent
il était nécessaire que l’ETRE se retirât de sa création ("le silence de
Dieu" des théologiens juifs). Les phénomènes de non-séparabilité
montreraient que bien qu’éloigné (estompé) il n'en est pas complètement absent.
Le domaine du non-séparable ne serait sien d'autre qu'un attribut (une
propriété ?) de l'ETRE.
A ce stade nous devons déjà
souligner que le terme de création est insuffisant. Car si nous poussons notre
théorie sur la non-séparabilité jusqu'au bout il apparait très vite que le
cosmos est à la fois dans le temps et en dehors du temps. Il a une origine ,
mais il a toujours existé. Il évolue mais une ''partie'' de lui-même est parfaitement
stable. Cela signifie que la théorie du Big Bang ne peut être complètement exacte.
Et les dernières spéculations de l’astrophysique dans ce sens : il existe des
arguments en faveur
d'un cosmos qui se crée à chaque instant et n'aurait donc pas d'origine. Le
plus probable n'est-il pas que les deux théories soient justes et que l'on soit
obligé de les faire coexister au même titre qu'il a bien fallu accepter que la
lumière soit tantôt une onde et tantôt un corpuscule ?
On va bien entendu nous accuser de
dériver vers la métaphysique et
la mystique. Nous entendons montrer
que cette hypothèse est féconde et qu'elle ne nous fera nullement renoncer à
une démarche scientifique.
Lorsque les différentes traditions
religieuses ont discouru sur l'ETRE (qu'elles l'appellent Yahvé - Dieu le Père
- Allah - Brahma ou Nirvana) elles lui ont toujours donné comme attribut
principal de n'être limité ni par le temps ni par l'espace. L'ETRE est toujours
posé comme se situant en dehors de la contrainte spatio-temporelle. Si I'ETRE
se situe en dehors de ces deux contingences (le temps et l'espace) il n'est
alors accessible à aucun formalisme mathématique. Parce que si c'était le cas
cela reviendrait à lui mettre des limites ce qui serait contraire à sa nature.
Ainsi aucune loi accessible à l'entendement humain ne peut en rendre compte.
Raison pour laquelle son existence ne pourra jamais être prouvée mais seulement
spéculée ou espérée.
Si nous en restions là, il n'y
aurait plus rien à dire. Mais ce qui nous intéresse est ce qui se passe à
mi-chemin, ou à l'intersection entre I’ETRE (inconnaissable) et le monde
manifesté (parfaitement déterministe avec la macrophysique et ses lois
régulières, etc.).
Lorsqu'on avance dans la voie de la
destructuration de la matière (passage de la macro- à la micro-physique) et
qu'on se rapproche des conditions qui existaient au début de l'univers, que
voit-on apparaître : de l'indétermination, une causalité incertaine, des
paradoxes, etc. II nous semble qu'on se trouve là à un niveau du Réel où le
monde objectal est contaminé par la présence de l’ETRE. On ne peut plus
localiser parfaitement une particule, la flèche temporelle devient problématique,
qu'est-ce à dire sinon que nous retrouvons là des caractéristiques couramment
utilisées par les mystiques pour décrire les attributs de l’ETRE (ubiquité
d'une particule à mettre en parallèle avec l'omniprésence de Dieu par exemple).
On s'est maintenant habitué aux paradoxes de la microphysique. Mais rien ne
préparait les hommes de science à se trouver en présence de tels phénomènes.
Einstein lui-même n'arrivait pas à accepter l'indéterminisme. De récentes
expériences lui ont donné tort. Ils restent donc toujours aussi scandaleux et
ils nous interpellent.
Mais nous avons dit que le fait de
considérer le domaine du non-séparable comme une manifestation de l’ETRE ne
devait pas nous faire renoncer à une démarche scientifique (ou plutôt appliquer
les qualités qui ont assuré le succès de la pensée scientifique à un domaine
qui n'est déjà plus tout à fait le sien).
S'il existe un domaine du
non-séparable, où tout peut être en relation avec tout, et qui est la toile de
fond de l'univers, qu'est-ce qui fait qu'il entre en relation avec le monde
manifesté ? Peut-on avoir espoir de trouver quelques régularités dans les
phénomènes qui se produisent à l'intersection des deux ?
A cette question on serait tenté de
dire que la physique a déjà répondu. Ce qui a entraîné un bouleversement
complet de notre mode de pensée, au point que la microphysique est peut-être
devenue le lieu privilégié de la réflexion philosophique.
La physique des particules nous a
confronté à un monde qui n'est plus celui du déterminisme et de la causalité
simple, mais qui n'est pas non plus celui de l'indifférenciation. (II n'y
aurait plus alors aucun discours scientifique possible : c'est ce qui se passe
au niveau de l’ETRE.) Elle nous décrit un "entre deux'". Les
physiciens ont accepté qu'ils ne pourraient jamais "saisir"
parfaitement le réel particulaire, aussi ont-ils utilisés (B.d'Espagnat) la
belle expression de "Réel éloigné". Il s'agit d'un Réel qui se trouve
dèsobjectivé parce qu'il est partiellement envahi par l'indéterminisme et l'acausalité.
Nous pensons donc que la physique a déjà décrit ce plan d'intersection entre
l'ETRE et le monde manifesté, mais elle ne l'a fait que pour la matière. II
reste à voir ce qui se passe du côté de la conscience et ce pourrait justement
être la tâche de la parapsychologie : l'étude des phénomènes de conscience
qui échappent à la contrainte spatio-temporelle et qui nous obligeraient à
accepter l'existence d'un Réel psychique non local.
D) Applications expérimentales du
concept de non-séparabilité
1. Considérations préliminaires
Une
expérience parapsychologique idéale serait celle qui pourrait être reproduite
par n'importe quelle équipe scientifique dans le monde (et pas seulement par
des parapsychologues). Elle ne nécessiterait pas la présence d'un sujet doué de
facultés PSI. Il serait même préférable d'expérimenter sur des plantes ou des
animaux et d'automatiser les protocoles afin de réduire le plus possible
l'élément humain et de limiter "l'effet d'expérimentateur". Enfin
elle produirait des résultats partiellement prévisibles. Prévisibles dans le
cadre d'application de la loi des grands nombres.
En
microphysique la non-séparabilité se manifeste lorsque deux photons sont issus
d'une même particule. Ceci met en évidence l'intérêt du lien originaire pour
produire un phénomène de non-séparabilité. Le lien originaire réalise justement
un état de non-séparabilité initial. Une fois la séparation effectuée, les
particules A et B gardent la faculté de "s'informer" l'une ce qui
leur arrive, malgré l'obstacle spatio-temporel. Dire que d'un point de vue
quantique les demi particules forment un même système ne change rien à la
question. Elles agissent dans le monde macrophysique et à ce niveau-là elles
sont bel et bien séparées.
L'analogie
nous semble évidente : les cas de PES spontanés se produisent le plus souvent
entre des personnes qui ont eu de puissants liens. Il peut s'agir d'un lien
biologique doublé d'un lien affectif (mère/enfant, frère et soeur, jumeaux) ou du seul lien affectif (mari
et femme, couple d'amoureux, couple d'amis).
Le lien
biologique et le lien affectif seraient l'équivalent du lien originaire pour
les particules ;
Cette
hypothèse appelle une remarque importante : mettre sur le même plan le lien
originaire microphysique (deux particules issues d'une seule) et le lien
biologique ou affectif laisse supposer que dans le domaine du NON-
SEPARABLE,
il existe une certaine équivalence entre la matière (donc l'énergie), la vie, et la pensée. Ou en
d'autres termes qu'il faut postuler un même
lieu du Réel ou ces trois niveaux d'organisation du cosmos tissent des Iiens
privilégiés qui ne sont pas ceux du monde macrophysique. La psychokinèse nous a
déjà confrontés à l'interface psychisme-matière. La psychométrie étudie
l'interface matière-psychisme. La télépathie et la clairvoyance relèvent de
l'interface psychisme-psychisme. L'interface psychisme-matière vivante a été
peu étudié par la parapsychologie mais le corpus de témoignages est en faveur
de son existence. Nos protocoles vont se consacrer à l'étude de l'interface
matière vivante-matière vivante, ce qui jusque là n'a jamais été fait.
Nous en
concluons donc que pour produire un phénomène de Non-séparabilité il y a
intérêt à travailler avec des systèmes de couples qui comportent un lien
originaire les ayant unis fortement à un moment de leur existence, et de
préférence à l'origine de celle-ci.
Voici
quelques exemples de couples :
- dans le
monde physique .
2
particules issues d'une troisième
- dans le
monde végétal
2 plantes
dont l'une est issue de l'autre par bouture
2 plantes
dont l'une est issue d'une graine venant de l'autre
- dans le
monde animal
une mère et
son petit
des jumeaux
nouveaux
nés issus de la même portée
- dans le
monde humain
une mère et
son enfant
des jumeaux
deux
frères, deux soeurs, un frère et une soeur
un couple
d'amoureux
un couple
marié
deux amis.
Les
expériences de PES spontanées nous apprennent une deuxième chose : 60% des
communications extra-sensorielles concernent un message de mort ou d'accident
survenu à l'un des membres du couple. Ceci nous a conduit à formuler
l'hypothèse suivante :
Lorsque
l'un des membres du couple subit une agression qui met en jeu son existence,
l'autre, par voie de non-séparabilité en est "informé". Le lien
originaire (d'ordre physique, biologique ou affectif) ayant entraîné dans le
domaine du non-séparable la formation d'un lien qui persiste après la séparation
du couple. Ce qui pourrait s'énoncer en parodiant Hermes Trismégiste:
" Tout
ce qui a été uni en bas l'a également été en haut." Selon notre hypothèse,
chaque élément physique, biologique ou psychique de notre monde est en relation
avec l' ETRE et crée en son sein une matérialisation partielle de celui-ci.
"Lieu" de "l'entre deux" où l'ETRE devient partiellement
prisonnier du temps et de l'espace après avoir subi l'empreinte du monde. C'est
ce que que nous appelons "Domaine du non-séparable". Il acquiert sa
propre autonomie et peut agir sur le monde tout autant que le monde agit sur
lui. Bien entendu ce lien dans le domaine du non-séparable reste le plus
souvent inapparent ou impossible à détecter. Cependant quelques indices
permettraient de le mettre en évidence. Lorsque l'un des membres du couple
verrait un événement majeur lui arriver, susceptible de remettre en cause son
identité,sa structure, voire son existence, on courrait constater une
modification significative de certains paramètres du second. Le paramètre
modifié traduisant le passage d'une "information" par voies autres
que spatio-temporelles (le terme d'information est probablement très inexact,
peut-être vaudrait-il mieux parler de "résonnance" ou de
"participation"). Mais il y a tout lieu de penser que les paramètres
modifiés ne sont pas toujours les mêmes, ce qui complique le projet
expérimental. Si tel n'était pas le cas il y a longtemps qu'on aurait pu mettre
en évidence des effets de non-séparabilité dans le domaine macrophysique. Or jusqu'à
présent cela n'a pas encore été prouvé. Pour mieux situer le problème nous
allons prendre un exemple tiré d'un cas de PES survenu au sein de notre propre
famille :
Nous nous
trouvions avec mes parents, ma soeur et mon jeune frère Bernard dans une
station de sports d'hiver. Mon frère ainé, Pierre, devait nous rejoindre en
voiture. Sur le trajet il a eu un grave accident. Sa voiture a heurté de plein
fouet un taxi qui venait en sens inverse et après plusieurs tête-à-queue s'est
immobilisée une roue dans le vide au dessus du précipice (profond d'au moins
Nous
retrouvons ici les deux conditions que nous avions décrites comme favorables à
la survenue d'un phénomène de non-séparabilité :
-un couple
(2 frères) qui présentent un lien originaire (biologique et affectif)
- une
menace vitale qui porte sur l'un des deux.
Mais quels ont
été les paramètres de Bernard qui ont été modifiés à la suite de
l'accident
de Pierre ?
Très
probablement :
- le tonus
vasculaire périphérique
- la
résistivité électrique de la peau : à
cause de la pâleur
- l’état
psychique : nausées, malaise
Toutes ces
variables, mesurables, ont été significativement modifiées au moment de
l'accident.
Mais « l’information » aurait pu passer autrement comme dans de nombreux
cas de ce genre tirés de témoignages recueillis par les parapsychologues.
Bernard aurait pu avoir le pressentiment d'un événement grave, la
"vision" exacte de l'accident, sa "vision symbolique",
faire un lapsus qui concerne Pierre, entendre la voix de Pierre, revoir
brutalement un souvenir d'enfance qui les concerne tous deux, ressentir une
douleur au même endroit du corps que celui où Pierre a eu ses hématomes, tomber
en syncope, que sais-je encore.
Tout cela
pour dire qu'il existe urne certaine indétermination dans la façon dont se
manifeste "l'information" qui passe du sujet A au sujet B. Et il
n'est pas certain que si Bernard se retrouvait dans une situation similaire
(avoir un de ses proches menacé de mort) et qu'il présente à nouveau des
manifestations de PES, ce ne soit pas d'autres paramètres en lui ou autour de
lui qui soient modifiés (peut-être produirait-il par exemple une psychokinèse).
Il se peut
aussi qu'il ne se passe rien.
Nous
constatons donc qu'il y a "objectivation" de l'information mais d'une
expérience à l'autre, l'objet peut varier. Tantôt on observe une modification
physiologique (rythme cardiaque, respiratoire, pH de la peau, vasodilatation
cutanée, trouble fonctionnel) tantôt une modification psychique (vision exacte,
vision symbolique, son, odeur, douleur, etc.) et parfois une modification dans
la matière environnante (par exemple une montre ou une horloge qui s'arrête au
moment de la mort de quelqu'un).
Ainsi une
même cause (menace vitale concernant l'un des membres du couple) peut produire
des manifestations objectives différentes. Nous parlons ici d'objet au sens
large et y incluons les phénomènes subjectifs à condition qu'ils soient
mesurables. Un objet se définit par ses propriétés. Les propriétés en question
sont les paramètres dont on voit apparaître une modification significative. On
peut ainsi isoler l'objet "tonus vasculaire périphérique", l'objet
"image mentale" etc., tous abordables quantitativement. Cette indétermination
partielle entre la cause et le paramètre dont on observe la modification
s'ajoute à la difficulté expérimentale liée à la possibilité d'un effet nul.
Mais nous pensons qu'en travaillant sur les grands nombres et en considérant à
chaque fois un ensemble de paramètres susceptibles d'être modifiés on devrait
pouvoir mettre en évidence l’existence de phénomènes de non-séparabilité
statistiquement significatifs. Le nombre de paramètres à considérer n’a
probablement pas besoin d’être très important. Tout le corpus de témoignages
recueillis par les
parapsychologues nous montre que certains reviennent souvent. II y a donc des
voies d'expression préférentielles de la non-séparabilité. Il reste à connaître
lesquelles.
L'expérimentation
humaine est difficile. On ne voit pas comment reproduire en laboratoire la
situation vécue par Pierre et Bernard. Nous pensons que pour de multiples raisons
(et entre autres celle de la reproductibllité) il est préférable de travailler
soit sur des animaux sort sur des plantes. Nous allons donc proposer deux types
de protocole, un protocole animal et un protocole végétal
2 - Le protocole animal
Une rate et
ses petits gardent-ils des liens lorsqu'ils sont séparés ?
Si le
domaine du non séparable existe il y a tout lieu de penser que la mère ou
l'enfant sont informés de manière infraconsciente (voire consciente dans
certains cas) de tout événement grave pouvant survenir à l'autre, surtout s'ils
sont séparés depuis peu et que l'un des deux est sur le point de perdre la vie.
L'idée serait donc d'élever ensemble une rate et sa portée et de les séparer de
telle sorte qu'il n'y ait plus aucune communication sensorielle entre eux. Ils
doivent donc être hors de portée visuelle, auditive et olfactive. Puis on
retirerait la vie à la portée en utilisant un gaz asphyxiant afin de rendre le
protocole le moins cruel possible. Et l'on étudierait l'évolution au même
moment d'un certains nombres de paramètres chez la mère
-
électro-encéphalogramme quantitatif
- rythme cardiaque et respiratoire
- tension
artérielle
-
résistivité électrique de la peau
-
comportement alimentaire
- motricité
spontanée.
On
rechercherait l'apparition d'une modification significative, statistiquement,
de l'un ou de plusieurs de ces paramètres en comparant avec les mêmes
paramètres chez une rate ayant été séparée de sa portée, mais dont celle-ci est
restée vivante.
C’est cette
comparaison seule qui permet de rendre significatives les variations de
paramètres dans le premier cas et de s’assurer qu’il ne s’agit pas simplement
d’une variation aléatoire. Il faudrait alors admettre, si l’expérience est
probante, que la rate a été « informée » de la mort de sa portée par des voies
non sensorielles. En ajoutant cette réserve que l’information peut parfaitement
passer de façon infraconsciente et n'avoir que des traductions physiologiques
ou comportementales.
Compte tenu
de ce que nous avons dit sur l'indétermination partielle des phénomènes de
non-séparabilité il est peu probable que l'on trouve un paramètre spécifique
qui se verrait brutalement modifié à chaque fois que l'on retirerait la vie à
la portée. Si l'expérience devait être positive nous nous attendrions plutôt à
un résultat comme celui-ci :
Pouvoir
affirmer qu'à chaque fois qu'on réalise le protocole il existe 80% de chances
de voir apparaître une modification significative ( à p<0,01) d'un paramètre
pris au hasard sur une liste de 10 chez la mère lorsque la portée est
sacrifiée. Ce qui supposerait que dans 20% des cas on ne trouve rien, et que
dans les cas positifs, le paramètre modifié ne soit pas toujours le même.
Une
variante expérimentale possible serait de retirer la vie à la mère et de faire
l'étude sur la portée, ou encore d'étudier un couple séparé. Dans tous les cas
il faut comparer avec la même situation de séparation mais dans laquelle tous
les animaux restent vivants.
3 - Le protocole végétal
Celui-ci a
notre préférence car moins cruel que le protocole animal et plus facile à
réaliser.
Quoi de
mieux pour réaliser les conditions du lien originaire que d'utiliser deux
plantes dont l'une est issue de l'autre par bouture !
On réalise
donc une bouture, et on le fait pousser à côté de la plante mère, dans la même
terre. Dès que l'on constate qu'elle se développe, on la retire alors du pot et
on la brûle à distance dans un bac d'alcool. On étudie alors l'évolution d'un
certain nombre de paramètres sur la plante mère :
- pH de la
sève
- teneur en
eau de la tige
- vitesse
de cicatrisation de la portion de tige où a été prélevé la bouture
- vitesse de croissance de la plante
-
polygraphie électrique de toute la plante et de l'endroit où a été prélevé la
bouture.
Et on
compare avec un couple plante mère/bouture qui ont été séparés mais dont la
bouture a été laissée intacte
Une
variante expérimentale consiste à brûler la plante mère et à étudier
l’évolution des paramètres chez la bouture.
La liste de
paramètres à étudier n’est bien entendu pas limitative.
E) Conclusion
L'avantage de tels protocoles est
qu'ils ne nécessitent pas la présence de sujets "psi". S'ils donnent
des résultats positifs, ils doivent pouvoir être répétés par n'importe quelle
équipe scientifique car ils ne demandent que peu de moyens et de temps, ce qui
sortirait définitivement la parapsychologie de son ghetto actuel. Dans le cas
des plantes une partie des paramètres peut être enrégistrée de façon
automatisée, ce qui limite encore l'interventlon humaine. Ce sont là quelques
unes des raisons pour lesquelles, à notre avis, ces protocoles mériteraient
d'être testés.
Nous ne prétendons pas que
l'existence du lien originaire et d'une menace vitale soient des conditions
indispensables pour produire des phénomènes de non-séparabilité. Mais il s'agit
certainement de conditions qui favorisent leur apparition et nous proposons
donc d'en tenir compte dans l'élaboration des protocoles.
L'idée de la non-séparabilité n'a
rien d'original. Dans ses grandes lignes elle s'impose après la lecture des
témoignages recueillis par les parapsychologues. Elle est susceptible de
développements à l'infini et l'on peut construire toute une philosophie, une
ontologie et une métaphysique à partir de ce concept. De même il peut
constituer la base d'une théorie générale qui soit capable de rendre compte de
presque tous les phénomènes parapsychologiques. Mais n'est-il pas prématuré de
se lancer dans une telle aventure avant d'avoir obtenu les vérifications
expérimentales minimum ?
Nous remettons donc cela à plus tard
et dans l'immédiat souhaiterions rencontrer des personnes intéressées pour
expérimenter en équipe.
Bibliographie
1) Enquête d'Edmond Gurney sur les
hallucinations télépathiques portant sur 489 cas de perception télépathique.
399 des messages transmis correspondaient à la mort de l'agent. Extrait de
3) L'Oeuf et
4) Patience dans l'Azur. Hubert
Reeves. Seuil
L'auteur exprime ici sa
reconnaissance à Mr E Hemmerlin pour ses
corrections et suggestions